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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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gants pour geler orteils et doigts.
    — Nous n’allons pas tarder à nous réchauffer, commenta Corbett. Et je pense qu’il ne neigera pas.
    — La terre sera dure, constata le prieur en s’approchant.
    — Oui, mais seulement la couche supérieure, expliqua le magistrat. Je suis fils de fermier aussi puis-je prédire que l’hiver n’est pas encore bien installé. Grâce à Dieu, nous ne sommes pas en février ni en mars. Bon, au travail.
    Il alla chercher une pelle dans une brouette. S’aidant de l’outil, il monta au sommet du tertre funéraire et invita les autres à s’approcher. Il se sentait un peu ridicule avec le vent qui lui ébouriffait les cheveux et gonflait sa chape. Le sol était glissant et il pria en silence pour ne pas déraper. Il embrassa la prairie du regard et la vue le surprit à un tel point qu’il dut s’appuyer sur la pelle.
    — Je n’y avais pas pensé, murmura-t-il. Oh, Corbett, tu es parfois un beau sot !
    — Qu’y a-t-il, Messire ?
    Ranulf leva les yeux avec inquiétude, agrippant sa houe comme si c’était un javelot. Corbett l’ignora. Plantant sa pelle dans la terre il pivota avec lenteur pour être sûr de ne pas perdre l’équilibre. Le haut du tumulus était plat et mesurait à peu près trois pieds de large. Il continua à tourner pendant que son écuyer, jurant à voix basse, usait de sa houe pour escalader le tertre et le rejoindre.
    — Oh, quel imbécile ! chuchota le magistrat. Pourquoi n’ai-je pas pensé à... ?
    — De quoi s’agit-il, Sir Hugh ? Avez-vous perdu l’esprit ?
    — Non, je viens tout juste de le retrouver ! Ranulf, regarde ce champ. Que te rappelle-t-il ?
    Le clerc de la Cire verte se retourna avec tant de promptitude qu’il faillit glisser. Corbett le rattrapa. Au pied du tumulus, le prieur et les moines manifestaient leur inquiétude. Corbett n’en tint pas compte.
    — Réfléchis, Ranulf. Ce pré est presque circulaire, avec le tumulus au centre. Regarde les sillons qui en partent. On ne peut les distinguer que de cette hauteur.
    — La roue ! s’exclama Ranulf. La roue de l’abbé Stephen ! La mosaïque et les dessins qu’il traçait ! Le tertre représente le moyeu. Ces sillons – sans doute des sentes pour s’y rendre – les rayons, et le bord de la prairie est la jante.
    — Voilà, acquiesça Corbett à voix basse. Et nous allons à présent découvrir pourquoi c’est si important.
    — Sir Hugh, cria Cuthbert, nous finirons gelés sur place !
    Corbett, saisissant le manche de sa pelle, les regarda.
    — Au travail ! ordonna-t-il. Enlevez la terre superficielle et commencez à creuser : sur le côté plutôt qu’en haut.
    — Mais ça va s’effondrer ! objecta une voix.
    — Non, allez-y, persista le magistrat. Je cherche quelque chose. Ce ne doit pas être caché très profond.
    Les moines se mirent au travail. Le prieur et les membres du chapitre se tenaient à l’écart, emmitouflés dans leurs chapes. Frère Dunstan demanda un brasero portable, des craches de vin chaud et épicé et des gobelets d’étain. Les paysans, jurant et maugréant, commencèrent à bêcher et à enlever avec soin la couche d’herbe gelée. Ils travaillaient avec ardeur, s’interrompant de temps à autre pour se réchauffer les mains au-dessus du brasero ou ramasser des poignées de neige pour se rafraîchir les doigts quand ils prenaient des coupes de vin chaud. Corbett et Ranulf choisirent un coin et se mirent aussi à l’ouvrage pendant que Chanson, lui, passait le plus clair de son temps à se réchauffer les doigts.
    — Ce n’est point là besogne de clercs royaux, grommela Ranulf.
    — Ça me rappelle ma jeunesse, répondit le magistrat avec un grand sourire. Et, au moins, ça nous occupe.
    Il devait y avoir environ une heure qu’ils travaillaient et Corbett et Ranulf se trouvaient au bout de la prairie près du portail au cernel, quand on donna l’alarme. Tout le monde se précipita. Quelques paysans, appuyés à présent sur leurs pioches et leurs houes, regardaient dans le trou qu’ils avaient creusé. Ranulf s’empara d’une houe et, introduisant le manche dans l’excavation, le poussa doucement.
    — Ce n’est pas de la boue, déclara un homme.
    Il extirpa un morceau d’étoffe désagrégée de la terre et le tendit au magistrat.
    Ce dernier le frotta avec soin entre ses doigts.
    — Je ne peux dire de quel tissu il s’agit, mais, bien qu’il soit souillé de fange, il était sans

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