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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ténèbres, j’ai crié vers Toi, ô Seigneur !
Seigneur, entends ma voix !
    Il aimait ce chant qui, sans nul doute, avait dû être écrit par un soldat. Ne faisait-il pas référence aux veilleurs, à Dieu le rédempteur ? Frère Gildas s’installa à son pupitre et frappa avec légèreté un petit air sur sa dure surface cirée, tout en étudiant, une fois encore, ses plans pour la nouvelle hôtellerie. L’abbé Stephen étant mort, le prieur Cuthbert serait certainement élu abbé. On détruirait le tertre funéraire de Bloody Meadow. L’idée de construire de nouveaux bâtiments le remplissait d’impatience. Peut-être devrait-il choisir le granit gris du sud du Yorkshire ? Ou sélectionner quelque chose de nouveau, comme cette belle pierre couleur de miel, qui provenait de l’Oxfordshire et dont on se servait maintenant pour édifier les collèges et les résidences de l’université ? Il eut un serrement de coeur. Il ferma les yeux et chuchota une prière. Il ne devrait pas se laisser aller à ce genre d’idées ! L’abbé Stephen n’était même pas encore enterré. Il prit la plume et l’appointa. Comment leur père abbé avait-il pu être assassiné dans des circonstances si inquiétantes ? Gildas ne croyait pas qu’un hors-la-loi était entré par effraction, et pourtant il était là quand on avait forcé l’huis. Il n’y avait pas d’autres entrées, pas de passages. Les fenêtres étaient closes et, en tant que maçon, Gildas savait que même le tueur le plus agile ne pouvait escalader ces murs. Abrupts et lisses, ils n’offraient ni crevasse ni fente pour placer les orteils ou les mains. Il se demanda si l’assassin avait un rapport avec cette mystérieuse silhouette parfumée qu’il avait rencontrée lors de ses déambulations nocturnes d’insomniaque. Ayant le sommeil léger, il allait souvent se promener la nuit et, à deux reprises, avait croisé cette forme énigmatique. Il avait cru rêver, et, pour s’épargner gêne et ridicule, n’en avait parlé qu’à frère Hamo. Le sous-prieur avait admis qu’une femme, déguisée en moine, ne pouvait errer dans l’abbaye la nuit. Peut-être Gildas s’était-il trompé. Ou il rêvait ? Enfin bon !
    Frère Gildas embrassa son atelier du regard. Il devrait bientôt en sortir. Cuthbert avait organisé une réunion du chapitre. Gildas avait aperçu le clerc à la haute stature à son arrivée, avec sa lourde cape militaire dont le capuchon rendait le visage sombre encore plus mystérieux. Le roi étant intéressé, il était certain que Corbett hanterait cette abbaye jusqu’à ce que la vérité soit découverte. Le tailleur de pierre descendit de son tabouret et se dirigea vers un banc. Pour une étrange raison, il posa les yeux sur un tableau suspendu au mur du fond. Cadeau d’un marchand local, cette peinture sur bois représentait la Mort frappant à l’huis d’une maison. Habillée en chevalier, une main sur son épée, elle tambourinait de l’autre avec colère comme si elle était bien décidée à s’emparer de l’âme de l’habitant. Frère Gildas l’ignorait, mais elle était tout près, en quête de sa propre âme.
    Il s’apprêtait à regagner son pupitre quand il entendit du bruit dans la resserre tout près de la porte latérale.
    — Qui est là ? cria-t-il.
    C’était peut-être un rat ou, ce qui n’était pas rare, un renard, voire l’un des chats sauvages qui erraient dans les bosquets marécageux et cherchaient à entrer pour se réchauffer. Gildas s’avança vers la porte entrebâillée et l’ouvrit en grand.
    — Qui est là ? répéta-t-il.
    Il pénétra dans la pièce et l’obscurité lui fit plisser les yeux.
    — Qui est là ?
    La réponse vint dans un sifflement.
    — Gildas ! Gildas ! Gildas le coupable !
    Le tailleur de pierre décida de fuir. Mais, au moment même où il s’apprêtait à détaler, il comprit son erreur : un soldat ne devrait pas tourner le dos à l’ennemi. Dérapant, il pivota. Une silhouette sombre se précipita vers lui. Il reçut un coup de massue sur le crâne. Il s’effondra sur le sol, à demi évanoui, la douleur lui martelant la tête.
    — De grâce ! murmura-t-il. Ne...
    Il eut conscience qu’on lui liait les mains dans le dos. Le sang qui ruisselait de sa blessure l’aveuglait presque. Il avait la bouche complètement sèche. Il essaya de lever les yeux sur son agresseur, mais ne put distinguer que de souples bottes de cavalier. Les

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