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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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frères lais.
    — Emportez la dépouille !
    L’ermite était sur le point de s’éclipser. Le clerc leva la main.
    — Non, Messire, restez là. Et je ne veux point ouïr de protestations.
    Le Gardien se rengorgea.
    — J’obéirai à l’envoyé du roi, déclara-t-il avec grandiloquence. Et je lui rendrai grâce pour le gobelet de vin et la viande, juteuse et encore chaude de la broche, qu’il m’offrira.
    Corbett le fixa.
    — Vous n’en aurez que lorsque j’aurai appris pourquoi vous vous trouviez là. Vous n’aviez pas vu le corps. Alors comment avez-vous su qu’il portait la marque de Mandeville ?
    L’homme perdit toute assurance et aurait reculé si Ranulf ne lui avait coupé le passage.
    — D’abord les questions, ensuite la nourriture, annonça Corbett. Messire le prieur, frère Hamo, rentrons !
    Le magistrat suivit les frères lais qui, empruntant le portail au cernel, traversèrent le domaine abbatial pour se rendre à l’infirmerie chaulée. Tout au fond, une pièce servait de dépositoire. Au milieu il y avait une grande table de bois, semblable à celle d’un étal de boucher. D’autres tables sur tréteaux, sur les côtés, supportaient bols, pots et jarres d’onguents. Une seule chandelle brillait. On obéit aux instructions d’Aelfric et on s’empressa d’allumer des lumignons qui rendirent la salle caverneuse et voûtée plus macabre et plus morbide encore. Le corps de Gildas fut déposé sur la table où Corbett l’examina en détail. Il ignora le rictus d’horreur figé sur le visage du défunt et estima que la flétrissure était environ longue d’un pouce.
    — On l’a marqué avec un fer rouge, déclara-t-il, sans doute après l’avoir tué.
    Il fit pivoter la tête et regarda la masse sanglante de ce qui avait été la tempe du moine et n’était plus qu’un amas d’os, de cervelle et de sang coagulé. Il l’observa avec attention, et, de la pointe de son poignard, en ôta quelques petits éclats de pierre. Puis, avec l’aide d’Aelfric, il retourna la dépouille sur le ventre. Il découvrit, en tâtant, la trace d’un coup violent, d’une large contusion, sur la nuque. Bien que les mains fussent sales, le clerc remarqua de petites égratignures rouges à chaque poignet. Le prieur Cuthbert, Hamo, Aelfric, Ranulf et Chanson encadrant le Gardien se pressèrent autour de lui.
    — On l’a tué avec une pierre qu’on a projetée avec force sur le côté de la tête, déclara Corbett.
    Cuthbert, la main sur la bouche, hoquetant devant l’affreuse blessure, observa :
    — Mais, Sir Hugh, Gildas était un soldat : il aurait sans nul doute résisté !
    — Non, je pense qu’on l’a d’abord frappé sur la nuque, peut-être avec une massue. Il s’est effondré, assommé. L’agresseur lui a ensuite lié les mains dans le dos et a lâché une lourde pierre qui lui a écrasé le crâne. Il a aussi pris un fer rouge pour le marquer au front. Mais pourquoi ? Quand a-t-on aperçu Gildas pour la dernière fois ?
    Le prieur se tourna pour glisser quelques mots à l’oreille de Hamo qui sortit en hâte. Il revint quelques instants plus tard en compagnie de Perditus. Les moines eurent une brève conversation. Perditus, en voyant la tête de Gildas, eut un haut-le-coeur et, mains sur les lèvres, dut se retirer un moment. À son retour, il s’essuyait la bouche.
    — J’ai vu frère Gildas ce matin quand je lui ai transmis le message de Messire le prieur à propos de la réunion du conseil dans les appartements de l’abbé, dit-il.
    — Quelqu’un d’autre l’a-t-il rencontré ?
    — Moi, peu après, déclara Hamo. Je suis allé le consulter au sujet de travaux dans l’une de nos granges.
    — À quel endroit cela s’est-il passé ? s’enquit le clerc.
    — À l’autre bout de l’abbaye. C’est là qu’il avait son atelier. C’est un coin plutôt isolé.
    — Avait-il des pierres là-bas ?
    — Oh, oui ! Prêtes et taillées.
    — Et un brasero ?
    — En effet.
    Cuthbert s’interrompit et se mit à se balancer sur la pointe des pieds.
    — Qu’y a-t-il ? l’interrogea le magistrat.
    — Sir Hugh, je viens de me rendre compte qu’avec votre réunion de ce matin, la messe de requiem et l’enterrement de l’abbé Stephen, personne n’a aperçu frère Gildas le reste de la journée.
    — Je pense...
    Corbett s’arrêta pour tâter les mains, les épaules, les jambes et les chevilles du cadavre qui commençait à se

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