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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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or réservés aux messes des morts. Le cercueil de l’abbé, en grand apparat, drapé d’un tissu écarlate brodé d’or, reposait sur des tréteaux devant le maître-autel.
    Corbett se laissa bercer par les modulations du plain-chant et les paroles solennelles d’invocation pendant que les encensoirs se balançaient et envoyaient des volutes d’encens parfumé. De grands cierges pourpres illuminaient le choeur. Le magistrat avait l’impression d’être dans un autre monde. Il avait conscience des statues, des têtes des gargouilles qui l’épiaient, tout là-haut, du père prieur et de ses acolytes qui se déplaçaient autour de l’autel, présentant le calice et l’hostie, intercédant auprès de Dieu pour l’âme de leur frère trépassé. La majestueuse adjuration finale aux archanges du ciel pour qu’ils s’avancent à la rencontre de l’âme du défunt et ne la laisse pas « tomber dans les mains de l’ennemi » le glaça. Il fut pleinement pénétré de l’idée de sa propre mortalité et se remémora les conseils de Maeve quant aux tâches de ce genre, aux enquêtes sur de mystérieuses morts soudaines, aux poursuites des fils de Caïn aux mains rouges de sang. Au sein de tant de paix, il lui était difficile de croire que des membres de cette communauté, participant à cette splendide cérémonie sacrée, aient pu organiser, ourdir et perpétrer cet épouvantable meurtre. C’était pourtant la conclusion à laquelle il avait abouti et il devrait rester jusqu’à ce que l’affaire soit résolue.
    Corbett leva la tête vers les vitraux colorés des fenêtres du choeur. Le soir tombait. Il lança un coup d’oeil par-dessus son épaule à travers le jubé. Dans la nef les ombres s’allongeaient, semblables à des doigts noirs tendus vers lui. Les avertissements de Maeve s’appliquaient-ils à cet endroit consacré ? Lui et ses deux compagnons en sortiraient-ils indemnes ? Il se retourna et regarda le prieur Cuthbert encenser majestueusement le cercueil. Le magistrat avait pourchassé maints assassins et, même s’il admettait que St Martin-des-Marais était toute sérénité et harmonie, il avait le pressentiment que le meurtre de l’abbé était le fruit d’une plante répugnante aux racines profondes et enchevêtrées.
    Corbett n’avait pas partagé ses macabres pensées avec ses compagnons, mais cette abbaye avec ses corridors et ses galeries pleines d’ombre, ses prairies et ses jardins isolés, lui paraissait tout aussi dangereuse qu’un champ de bataille ou les ruelles de Whitefriars ou de Southwark. De fait, la mort avait déjà frappé et serait tout aussi imprévue et soudaine lors d’un nouvel assaut. Le magistrat posa la main sur le pommeau de sa dague. Il examina les moines dans leurs stalles et les trois célébrants, Cuthbert, Hamo et Aelfric. On affectait d’ignorer sa présence, mais, de temps à autre, une tête encapuchonnée se tournait et il saisissait un coup d’oeil furtif ou un regard acéré.
    Quand la messe fut achevée, Corbett regagna la nef. Il s’adossa à un pilier pendant que les frères descendaient la bière dans une fosse creusée devant la chapelle de Notre-Dame. Il récita ses propres prières, se signa, sortit, et se rendit à l’hôtellerie où il trouva Ranulf et Chanson profondément endormis. Il repartit alors dans sa chambre. Il s’étendit un moment sur son lit pour réfléchir à ce qu’il avait entendu et vu, mais rien n’avait de sens. Il sombra dans le sommeil et fut réveillé par la cloche de l’abbaye qui sonnait les vêpres des morts. Il se joignit derechef aux moines dans le choeur et s’assit sur un tabouret à l’entrée du jubé. Cette fois, il participa aux chants. Il aimait les mélodieux déchants du plain-chant et bon nombre de psaumes des vêpres étaient parmi ses préférés. Le magistrat était un chanteur à la voix forte et pleine et sa participation fit naître sourires et regards approbateurs. Le choeur était plus austère que plus tôt dans l’après-midi. Un seul cierge brillait sur l’autel. Le prieur Cuthbert avait pris place dans la chaire de l’abbé. Corbett profita de l’occasion pour observer les autres frères. La plupart étaient des hommes dans la force de l’âge au milieu desquels se trouvaient quelques novices et moines récemment ordonnés. Il remarqua que certaines stalles étaient vides. Se souvenant que Gildas, l’architecte tailleur de pierre, n’avait pas assisté à la

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