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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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réunion du concilium, il se demanda ce qui avait pu lui arriver. Les vêpres touchaient à leur fin. Le prieur Cuthbert s’apprêtait à donner la bénédiction finale quand un bruit de pas précipités interrompit la cérémonie. Un frère lai ruisselant de sueur fit irruption à la porte du jubé et s’arrêta, appuyé d’une main sur le bois ciré pour reprendre haleine.
    — Père prieur, haleta-t-il, venez vite !
    — Les vêpres ne sont pas achevées, répondit ce dernier en se penchant hors de sa stalle. Vous connaissez la règle, frère Norbert : l’office divin ne doit jamais être interrompu !
    — C’est Gildas ! haleta le frère lai. Sur le tertre, à Bloody Meadow !
    Cuthbert regarda Corbett qui saisit le bras de l’arrivant et l’entraîna. L’homme tremblait.
    — Il est mort ! suffoqua-t-il. Oh, Messire, il est mort ! Et d’horrible manière !
    — Montrez-moi le chemin.
    Corbett, conscient que la congrégation le suivait, fit presque descendre la nef de force à frère Norbert. Ils franchirent l’entrée principale. Le souffle glacé de l’air nocturne fit tressaillir le magistrat. Il leva les yeux ; le ciel ne s’était pas dégagé et il faisait nuit noire. Il dut s’en remettre au frère lai pour parcourir à grands pas les cloîtres, les jardins, les allées gravillonnées et passer par ce que Norbert appelait le portail au cernel. Le clerc attendit jusqu’à ce que les autres – le prieur Cuthbert et les membres de la communauté munis de torches de poix embrasées – les aient rattrapés.
    — Le sol est ferme, prévint Cuthbert.
    Il conduisit le magistrat à travers la prairie. Corbett s’accoutumait à l’obscurité. Il aperçut, à gauche, une longue rangée d’arbres. Il entendit un cri d’oiseau et vit le haut tumulus se dessiner devant lui. Le frère lai tendit le doigt. Corbett s’empara d’une torche et, glissant et jurant, monta au sommet de l’éminence. Le corps de Gildas y gisait. Le clerc, en apercevant les épouvantables blessures qu’il avait sur la tempe, porta la main à sa bouche. À la lueur dansante du flambeau, il distingua une bouillie noire. Il remarqua aussi les yeux fixes et la marque hideuse en forme de V qu’on avait tracée au fer rouge sur le front du mort.

 
    Chapitre 3
    Nec mihi vera loqui pudor est .
    Ne craignez jamais de dire la vérité.
    Anonyme
    Aidé par les frères lais, Corbett parvint à descendre la dépouille en la faisant glisser sur l’herbe gelée. À la lumière de la torche, le visage de Gildas, avec son horrible flétrissure et la large entaille sur le côté, provoqua horreur, saisissement et prières à voix basse. Ranulf et Chanson, avertis par l’agitation, se joignirent à eux. Le désordre régna jusqu’à ce que le prieur Cuthbert, sur les instances de Corbett, ordonne que le cadavre soit emporté au dépositoire et confié aux soins de frère Aelfric. Sans tenir compte des protestations, une sombre silhouette encapuchonnée se fraya un passage dans le groupe. En arrivant devant le défunt, l’homme repoussa sa capuche, révélant une tignasse grise, des yeux perçants et brillants et une figure à demi cachée par une barbe et une moustache bien fournies. Petit et râblé, il empestait le fumier.
    — Vous n’avez pas le droit d’être ici ! s’indigna frère Hamo.
    Corbett comprit qu’il s’agissait du Gardien des portes.
    — Peu me chaut ce que vous pensez, grinça ce dernier. Je vous ai déjà prévenu et je vous préviendrai derechef. Mandeville, le démon, est lâché et la mort chevauche dans sa suite !
    Le magistrat eut un petit sourire en reconnaissant la citation inexacte de l’Apocalypse.
    — Quant à vous, déclara le Gardien en se retournant et en désignant Corbett, je vous ai vu arriver. Vous êtes l’émissaire du roi ? Venu faire triompher la justice ?
    Il embrassa le groupe du regard.
    — Eh bien, votre abbé est mort.
    — D’après l’odeur que vous dégagez, on pourrait croire que vous l’êtes aussi !
    Ranulf attrapa l’homme par l’épaule, mais l’ermite se dégagea.
    — Tiens ! s’exclama-t-il en scrutant l’écuyer. Voilà un beau gaillard, un combattant des rues, si j’en ai jamais vu un ! Pas comme votre maître, hein ? Quant à mon odeur, c’est parce que je suis mûr.
    Et, baissant la voix, il ajouta avec emphase :
    — Comme les corps de ces moines le sont pour la mort !
    — Assez ! intervint Corbett.
    Il fit un signe aux

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