Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
Ranulf, Sir Hugh. En mon temps, j’étais le meilleur. On m’a pris pour un évêque et même, une fois, pour un juge royal !
    Corbett cacha son sourire.
    — Je me sentais coupable, mais que pouvais-je faire d’autre ? L’abbé Stephen était affable et bienveillant. Je le surprenais parfois à me scruter avec attention. On devinait son sourire au fond de ses yeux. Je me suis même demandé si nous n’étions pas complices : il avait tellement envie de démontrer qu’un être humain pouvait être possédé !
    Il fit un large geste.
    — Il m’a donné refuge, habits chauds et bonne chère. Il a dit que je pourrais rester ici si je voulais, quand tout serait fini. Au bout de quelque temps, je me suis rendu compte à quel point il était déterminé à prouver sa théorie. Il était si généreux ! J’ai fait tout ce que je pouvais pour lui.
    — Et la nuit où il a été occis ?
    — Je n’y suis pour rien, rétorqua Taverner. J’étais ici, tapi comme un oiseau dans son nid et je dormais comme un loir. Pourquoi aurais-je voulu la mort de l’abbé, du prieur ou d’un autre ? Ils m’ont laissé tranquille jusqu’à maintenant, mais Cuthbert est un homme dur. Il pourrait m’ordonner de partir. Je vous serais reconnaissant, Messire, de faire quelque chose pour moi.
    — Ils trouveront fort étrange, l’interrompit Ranulf, que Geoffrey Mandeville n’apparaisse plus.
    Taverner sourit de ses lèvres gercées.
    — J’y ai réfléchi. J’ai commencé à me demander si je ne devrais pas aller prier sur la tombe de l’abbé, jouer une des meilleures comédies de ma vie.
    Corbett se mit à rire.
    — Oh, je vois ! La guérison miraculeuse ?
    — Et pourquoi pas ? Ensuite j’irais voir l’archidiacre Adrian. Peut-être pourrait-il m’aider ?
    — Avez-vous une idée de la raison pour laquelle l’abbé a été assassiné ?
    — Non, Sir Hugh. Cette abbaye est un lieu où l’on craint Dieu.
    Corbett se remémora les mots pleins de haine qu’on lui avait glissés la veille. Taverner était un homme intelligent, qui avait toujours vécu d’expédients. Il s’était sans nul doute aperçu que quelque chose n’allait pas.
    — En êtes-vous certain ? questionna-t-il. Point d’amères rivalités, de querelles sanglantes ?
    — Pas que je sache. L’abbé Stephen marchait à pas feutrés, parlait doucement, mais portait un solide gourdin. Il était bon, mais ferme, très ferme. Dans ces murs, sa parole avait force de loi.
    — Et ses relations avec le concilium ? Quand vous avez feint d’être Mandeville, vous avez affirmé que les mains des membres du chapitre étaient souillées du sang de l’abbé.
    — Je faisais semblant.
    — Vraiment ? insista le magistrat. Ou estimez-vous que les dissensions au sujet de Bloody Meadow ont pu dégénérer en quelque chose de pire ?
    Taverner fit une grimace.
    — D’après ce que j’ai compris, ils le redoutaient et le respectaient.
    — Sauf au sujet de Bloody Meadow ?
    — L’abbé y a fait allusion. Un jour, je lui ai demandé pourquoi il ne se rendait pas à leur demande. « C’est un endroit sacré, m’a-t-il répondu. Il contient le tombeau d’un martyr royal qu’on doit laisser reposer en paix. »
    — Y avait-il autre chose ? s’enquit le clerc.
    — L’abbé semblait apprécier Perditus, le frère lai. Je les ai souvent vus plongés dans de longues conversations.
    — À quel sujet ?
    — Oh, l’abbé était un homme occupé ! Je pense qu’il lui était facile de parler avec Perditus. Rien d’étonnant à ce que les autres moines l’aient surnommé « l’ombre de l’abbé ».
    — Pourrait-il avoir tué son maître ?
    — Non.
    — Pourquoi en êtes-vous aussi sûr ?
    — Parce que le matin où l’on a découvert le corps de l’abbé, je me suis rendu là-bas très tôt, avant l’aube, comme je le faisais souvent. L’abbé aimait discuter avec moi. J’ai attendu devant la chambre de Perditus. Il s’est levé et m’a laissé entrer.
    Taverner se tapota le nez.
    — Je connais les hommes, Messire le clerc, et j’en jurerais : Perditus adorait son abbé et, quand je l’ai rencontré ce matin-là, il n’était ni bouleversé ni inquiet. Bien entendu, tout a basculé quand il n’a pas pu réveiller l’abbé Stephen.
    — Notre frère lai s’est-il alors affolé ?
    — Pas au début. L’abbé travaillait souvent tard. Parfois il manquait la messe, qu’il lisait alors dans ses

Weitere Kostenlose Bücher