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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et chambre chauffée. Il n’avait pas de souci à se faire. Il pouvait demeurer ici deux ou trois ans à panser ses blessures et repartir quand il voudrait.
    — Et Mandeville ? interrogea Corbett.
    — Si je me souviens bien, répondit son écuyer, notre compagnon est né dans l’Essex. Il savait tout sur les légendes. Bien entendu, à son retour, il lui a fallu se rafraîchir la mémoire. St Martin-des-Marais possède des chroniques et des recueils. Il s’est sans doute porté volontaire pour aider frère Francis et en apprendre un peu plus sur l’exorcisme et la magie noire, sans mentionner son démon de saint patron, Geoffrey Mandeville. Taverner est assez instruit : il sait lire, écrire et, je pense, pratique moult langues.
    Corbett se leva. Il s’approcha de Taverner et le domina de toute sa taille.
    — Regardez-moi, ordonna-t-il. Je suis l’envoyé du roi.
    L’homme leva la tête, les yeux pleins de larmes. Il joignit les mains comme s’il voulait prier.
    — Pitié, Monseigneur, gémit-il. J’avais froid et j’étais seul.
    — Encore sa comédie ! dit Ranulf en riant.
    Le magistrat baissa les yeux sur le bonhomme.
    — Matthew Taverner, John Carrefour, Geoffrey Mandeville, qui que vous soyez, vous êtes un filou, un fieffé coquin. Vous estimez sans doute qu’être démasqué n’est qu’un simple aléa de votre métier.
    Corbett réprima un sourire.
    — Vous avez justifié le vieil adage : « À larron, larron et demi. » Ranulf-atte-Newgate a raison, n’est-ce pas ? Ne mentez pas !
    Corbett posa les doigts sur les lèvres de Taverner.
    — Si vous mentez, je vous traînerai dehors et vous pendrai !
    — Vous n’avez pas le droit, pleurnicha Taverner. Je n’ai rien fait de mal !
    — Vous êtes un voleur, un fraudeur. Mais bon, Messire Taverner, personne ne veut vous pendre. Je ne vous demanderai même pas de quitter l’abbaye. Le meurtre de l’abbé Stephen m’intéresse bien plus.
    Le vieux truand soupira et baissa les yeux. Il adressa un sourire matois à Ranulf.
    — Je me souviens de vous maintenant. Que Dieu la bénisse, Ranulf, mais votre mère me plaisait fort. Elle est morte de maladie, hein ? Je n’oublierai jamais ses splendides et épais cheveux roux qui lui descendaient à la taille, ses robes ajustées, sa façon de bouger.
    Il leva la main. Ranulf resta impassible.
    — Je ne veux point vous offenser. De bien des façons, elle était plus courtoise que n’importe quelle dame de la cour.
    Le visage de Ranulf s’éclaira.
    — Elle vous aimait tant ! continua Taverner. Elle disait que vous étiez son orgueil et sa joie.
    — Assez ! coupa Ranulf avec un geste tranchant de la main.
    Corbett s’aperçut que son écuyer était au bord des larmes.
    — Elle vous aimait tant, répéta Taverner, provocant. Et je vous avais complètement oublié jusqu’à maintenant. Quand je lui rendais visite, vous étiez toujours assis dans un coin, l’oeil aux aguets : vous me faisiez penser à un chaton. Et regardez-vous, à présent. Un soldat, un clerc ! Dieu soit béni ! Les caprices de la roue de la fortune sont grande merveille ! Vous portez le mandat du roi, hein ? Pas comme moi, pauvre misérable.
    Il pinça les lèvres.
    — Que Dieu me pardonne, Sir Hugh, mais j’ai essayé toutes les duperies que je connaissais. Je ne veux point vous tromper. Un des grands miracles de ma vie, c’est que j’aie échappé à la pendaison. Un jour, une vieille sorcière m’a dit que jamais je ne monterais à l’échelle, ni ne sentirais le noeud coulant autour de mon cou, mais que pourtant je mourrais de malemort. Tout est devenu cendre dans ma bouche. Toutes mes entreprises, tous mes projets ont échoué. J’ai dû fuir à l’étranger. J’ai même quelque temps parcouru les États allemands. Puis je suis revenu et ai débarqué à Hunstanton, transi, misérable et malade. J’ai voyagé dans le pays et j’ai compris qu’il fallait que cela cesse. J’en avais assez de la vie que je menais. Je voulais un lit confortable, un repas chaud, un refuge contre la loi, les shérifs, les baillis et les huissiers. Je me suis rendu à Ely pour mendier devant la cathédrale et c’est là que j’ai ouï parler de l’abbé Stephen et de St Martin-des-Marais. J’ai joué les fous, les visionnaires, la pauvre âme possédée par un démon nommé Mandeville, et je suis venu céans.
    — L’abbé Stephen vous a-t-il accordé sa confiance ?
    — Croyez-en

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