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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ils sortirent dans l’enclos. L’épaisse brume se dissipait et un faible soleil brillait. Un vent pénétrant s’était levé et faisait tourbillonner les feuilles. Corbett savoura le silence. Il entrapercevait les bâtiments gris de l’abbaye. De temps en temps une silhouette flottait dans la brume. Il entendit le lointain hennissement d’un cheval et, porté par le vent, le chant mélodieux qui venait de l’église. Il saisit les mots : « Le Seigneur me sauvera des rets des chasseurs. » Corbett lâcha le bras de Ranulf. « Qui est le chasseur ici ? » pensa-t-il. Comment trouverait-il son chemin parmi les profonds et dangereux mystères qui enveloppaient ces meurtres odieux ? Un bruit résonna derrière lui. Taverner sortit en agrafant sa chape.
    — Accompagnez-moi ! Accompagnez-moi !
    Ils longèrent l’infirmerie et faillirent heurter Chanson qui, aidé de Perditus, transportait des livres.
    — Frère Francis vous envoie ceci, haleta le palefrenier.
    — Nous n’en avons point besoin maintenant, déclara Corbett. Maître Taverner veut nous montrer autre chose. Chanson, frère Perditus, je vous saurais gré de les porter dans ma chambre à l’hôtellerie.
    Il alla jusqu’à eux. Taverner, en tête, leur fit signe de le suivre comme s’ils se livraient à un jeu d’enfant. Ils traversèrent les cloîtres déserts, passèrent devant le portail principal de l’église abbatiale et se dirigèrent vers le réfectoire, bâtiment oblong de pierre grise au toit de tuiles rouges. Taverner leur fit descendre l’escalier extérieur et ouvrit la porte. Ils pénétrèrent dans une pièce voûtée et caverneuse. Taverner alluma un lumignon avec de l’amadou. Corbett comprit qu’ils se trouvaient dans les caves de l’abbaye. Sur le côté d’un long couloir sombre s’ouvraient des resserres emplies de tonneaux de vin, de sacs de grains, de cageots de fruits et de légumes, dont quelques-uns se flétrissaient à l’approche de l’hiver. Des odeurs et des parfums divers chargeaient l’air. Taverner se hâtait, mais s’arrêtait de temps à autre pour embraser un lumignon. Le magistrat avait l’impression d’être en Enfer avec ce couloir qui se déroulait devant lui, le sol pavé de pierres dures et les celliers béants sur sa gauche. Ils finirent par arriver au bout de la galerie et descendirent quelques marches. Taverner poussa une porte et ils entrèrent dans une salle. Corbett aperçut des barriques, des plateaux de bois et des pots sur des étagères. Un coin était complètement vide. Il y avait néanmoins une toile étendue sur le sol. Taverner alluma un lumignon supplémentaire et ôta l’étoffe. D’abord, Corbett ne comprit pas de quoi il s’agissait jusqu’à ce qu’il ait saisi une torche et se soit agenouillé.
    Il s’exclama, émerveillé par les rouges, verts, ors et bleus aux riches nuances. Il observa avec une grande attention.
    — L’abbé Stephen disait que c’était fort ancien, expliqua Taverner.
    Corbett caressa la surface lisse et brillante.
    — C’est une mosaïque, déclara-t-il. J’en ai vu de semblables, en Angleterre et à l’étranger. C’est splendide, n’est-ce pas, Ranulf ?
    — Est-ce l’oeuvre des moines ? s’enquit ce dernier.
    — Non, non, c’est romain.
    Le magistrat leva les yeux vers le plafond.
    — Bien sûr, c’est logique. Cette terre a sans doute été défrichée depuis très longtemps. Je pense que l’abbaye a été fondée sur une ancienne colonie romaine, peut-être une villa, un temple, ou les deux.
    — Comment l’abbé Stephen l’a-t-il découverte ?
    — Il y a des années, alors qu’il était sous-prieur, répondit Taverner, on a entrepris des travaux dans les fondations. Les dalles de cette salle ont été déposées, et lorsque l’abbé a découvert ceci, il l’a fait dégager. Il aimait beaucoup venir ici. Il s’agenouillait devant elle comme si c’était une relique.
    Corbett, s’étant accoutumé aux ténèbres et à la lueur dansante des torches, put admirer à son aise la beauté de la mosaïque. C’était un carré, sans doute un morceau du sol, dont seule cette partie avait été préservée. Une énorme roue au moyeu doré, aux rayons rouges et à la jante bleue, y était représentée. Entre les rayons, il y avait différentes couleurs et, à chaque angle, de petits personnages vêtus de tuniques qui portaient des raisins et ce qui paraissait être des pichets de vin.
    — Pourquoi

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