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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Cuthbert était secrètement soulagé : Taverner, le protégé de l’abbé Stephen, était mort. Cet homme avait été une gêne et aurait causé des difficultés. Qu’auraient-ils pu faire de lui ?
    — Père prieur, interrogea Aelfric d’une voix douce, que nous conseillez-vous ? Quel est votre avis ?
    Cuthbert lui jeta un regard malveillant.
    — Peut-être devrions-nous être plus honnêtes, déclara Aelfric en retroussant ses manches.
    — Honnêtes ? Qu’entendez-vous par là ?
    — Au sujet de la mort de l’abbé Stephen ! Personne ici n’ignore quels sont vos projets pour Bloody Meadow.
    Le prieur le menaça du doigt.
    — Et vous en étiez partie prenante !
    — Insinuez-vous que la mort de l’abbé Stephen a été provoquée par l’un d’entre nous ? interrogea frère Richard. Il se peut que nous soyons des hommes de Dieu, mais nous ne pouvons passer à travers les portes fermées ou les murs !
    — J’ai examiné l’huis, rétorqua Aelfric. Les gonds avaient peut-être été desserrés.
    Ses joues cireuses rougirent quand les autres moines pouffèrent de rire.
    — Et pourquoi Gildas est-il mort ? cria presque l’infirmier.
    — Frère Aelfric, dites ce que vous avez sur le coeur ! s’exclama Cuthbert.
    — Gildas était votre confident, Messire le prieur ! Les doigts lui démangeaient d’édifier cette hôtellerie. Il vivait, rêvait et se nourrissait de ce qu’il appelait sa vision. Et vous le souteniez. Que de fois céans nous vous avons vu harceler le père abbé !
    Cuthbert tenta de maîtriser son courroux. Il constatait qu’Aelfric perdait son sang-froid et se réjouissait de l’absence de Corbett.
    — Je ne le harcelais point.
    — Il y a l’autre question !
    Le coeur du prieur battit plus fort. Aelfric se pencha par-dessus la table.
    — Quelle autre question, mon frère ?
    — Vous le savez fort bien ! Nous le savons tous : le codicille de Sir Eustace.
    Cuthbert se sentit la bouche sèche. Aelfric, à présent, le désignait en agitant un doigt maigre. Le prieur eut envie de s’avancer, de l’attraper et de le casser net.
    — Nous sommes tous au courant du codicille de Sir Eustace, admit-il. Nous étions tous d’accord pour le cacher à l’abbé Stephen, même si, bien entendu, nous aurions fini par lui en parler.
    — Vous savez que je l’ai découvert dans un recueil de chartes en haut de la bibliothèque, intervint frère Francis, l’archiviste.
    — Nous n’en avons pas vérifié la validité, déclara le prieur Cuthbert. Mais nous admettons tous que l’abbaye a été fondée par Sir Eustace Harcourt. Si le document trouvé par frère Francis est authentique, alors nous possédons non seulement Falcon Brook, mais aussi les prairies de l’autre côté qui font, pour le moment, partie du domaine de Lady Margaret. Pourtant la charte est ancienne ; elle n’a pas de sceau et ne peut donc être légalisée.
    — Peut-être y a-t-il une copie à Westminster ?
    — Pourquoi ne l’avez-vous pas montrée à l’abbé Stephen ? s’enquit Aelfric.
    — Parce que nous en avons tous décidé ainsi. Bien entendu, ajouta Cuthbert d’un ton uni, je ne peux parler qu’en mon nom.
    D’un regard, il chercha l’appui de Hamo et de Dunstan, le cellérier, mais ils gardèrent le silence.
    — Je veux dire, continua-t-il, qu’il se peut que l’un d’entre nous l’ait dit à l’abbé Stephen, non ?
    — Avez-vous abordé cette question avec Lady Margaret Harcourt ? rétorqua Aelfric.
    Cuthbert, mal à l’aise, s’agita sur sa chaire.
    Hamo, assis à sa gauche, se pencha, les mains jointes comme pour prier.
    — Oui, n’est-ce pas ?
    — Je ne lui ai rien dit. J’ai seulement suggéré que si nous bâtissions l’hôtellerie, elle pourrait se rendre gracieusement à notre requête, ou qu’il y avait un autre moyen.
    — Vraiment ! siffla Hamo. L’inimitié de Lady Margaret envers l’abbé Stephen était notoire. Pourrait-elle être derrière ces meurtres ? La mention d’un codicille secret pourrait-elle l’avoir poussée au meurtre ?
    — Oh, ne soyez pas ridicule ! coupa le prieur. Les femmes ne sont pas autorisées dans cette abbaye !
    — Père prieur, je connais la règle de saint Benoît aussi bien que vous. Le fait que les femmes n’ont pas le droit de pénétrer dans l’abbaye ne signifie pas qu’elles n’y sont pas les bienvenues.
    Le prieur le regarda, stupéfait. Le silence s’était abattu sur la

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