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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fromage.
    Les cuisines envoyaient toujours de quoi se restaurer quand le chapitre se réunissait.
    — Nous avons besoin de nous reposer et de réfléchir.
    Le prieur essaya de se remémorer ce que faisait l’abbé Stephen quand des désaccords éclataient dans la salle. Ils devaient parler d’une seule voix, una voce. Frère Dunstan, le cellérier, qui n’avait pas pipé mot de toute la réunion, ne fut que trop heureux de repousser sa chaire pour servir à ses frères des gobelets de bière. Le plat de pain et de fromage circula à la ronde. Le prieur le refusa d’un signe de tête. « Je suis dans un labyrinthe », pensa-t-il. Cuthbert, cadet d’un châtelain, avait été élevé dans le Kent. Un jour d’été, son père l’avait conduit chez un ami, un riche marchand qui avait fait planter un labyrinthe dans son vaste jardin. Cuthbert s’y était perdu, piégé par les rangées de troènes qui allaient s’étrécissant. Même quand il était soldat, il n’avait jamais éprouvé une telle terreur. Il avait à présent l’impression d’être retourné dans ce dédale, mais, cette fois, il n’y avait personne pour l’en sortir. Il ferma les yeux et remercia Dieu en silence : les conversations privées qu’il avait eues avec l’abbé Stephen s’étaient déroulées sans témoin. Les menaces et les avertissements implicites de Cuthbert n’étaient tombés dans aucune oreille indiscrète. Le prieur reconnut qu’il avait péché et fit voeu de demander l’absolution lors de son prochain voyage à Norwich. Il avait mis sa faute de côté, l’avait enterrée bien au fond de son esprit. Mais un point le préoccupait fort : l’abbé Stephen s’était-il confié à quelqu’un ? Il avait un confesseur quelque part dans l’abbaye. Mais qui ? L’un des moines âgés, qui avait la vue trop basse pour travailler à la bibliothèque ? Trop faibles pour se livrer à quelque tâche que ce soit dans le monastère, ils passaient ce qui leur restait de vie dans de petites cellules privées, à prier et à dormir. Parfois ils rejoignaient les autres à l’église pour assister aux offices ou prenaient leur repas au réfectoire. Cuthbert s’était souvent demandé si l’un d’entre eux – Luke, Simon ou Ignatius – avait été le confesseur de l’abbé. Mais, si tel avait été le cas, ils ne pouvaient parler. Ce genre de confidences tombait sous le sceau de la confession.
    Le prieur prit son gobelet et avala une gorgée. Vraiment, il ne devrait pas boire, son estomac était déjà retourné. Il jeta un coup d’oeil autour de la table. Aelfric était plongé dans une grande conversation avec le bibliothécaire. L’aumônier et le sous-prieur échangeaient des confidences. Dunstan, cependant, était simplement assis et contemplait la pièce. Cuthbert l’étudia du coin de l’oeil. C’était un homme étrange avec ses petits yeux et son crâne qui se dégarnissait. Réservé et plutôt sournois. Il semblait soucieux à présent.
    — Tout va bien, frère Dunstan ?
    Le cellérier eut un sourire contraint.
    — Je suis inquiet : les troubles que nous connaissons ne vont-ils pas affecter les revenus de l’abbaye ? Si le bruit s’en répand, les paysans peuvent se montrer réticents à labourer nos champs et les marchands à acheter nos produits.
    — Absurde ! Ces histoires se régleront ! se gaussa le prieur.
    — Je ne crois pas, murmura Dunstan en jetant un regard craintif à son interlocuteur. J’ai l’impression que nous sommes dans la Vallée de la Mort et que nos péchés nous écrasent.
    — Quels péchés ?
    Dunstan hocha la tête et contempla sa chope.
    — Je me sens mal, chuchota-t-il en claquant sa coupe sur la table. J’ai besoin d’air frais.
    Il sortit de la salle. Le prieur finit sa bière et battit doucement des mains.
    — Mes frères, annonça-t-il, il est temps de revenir à nos affaires. Je dois d’abord conseiller aux membres de la communauté de se méfier des étrangers et, peut-être, de ne pas se promener seuls.
    — Cela va être difficile, fit Aelfric d’un ton moqueur. Nous sommes nombreux à dormir dans des cellules individuelles. De plus, les victimes étaient toutes des membres de ce chapitre.
    — Pas Taverner, rétorqua Cuthbert.
    Il s’interrompit quand l’huis s’ouvrit et que le cellérier les rejoignit.
    — La paix doit...
    Cuthbert se tut : Hamo, le sous-prieur, avait repoussé sa chaire et se tenait le ventre. Son large visage

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