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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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célébrité et c’est pour cela que vous avez ourdi ce stratagème.
    — De quoi parlez-vous ?
    — De Messire Taverner, ou Carrefour, quel que soit son nom, dont le corps est étendu tout raide au dépositoire. Savez-vous qu’il a été marqué au fer rouge ?
    L’archidiacre déglutit avec peine et lança un coup d’oeil vers la porte comme s’il regrettait d’être venu.
    — Si vous ne m’aviez pas rendu visite, Messire Wallasby, je vous aurais envoyé quérir. Réfléchissons. Vous êtes opposé à la philosophie chère à l’abbé Stephen. Vous êtes un pragmatique, un homme de loi. Vous ne croyez ni aux elfes, ni aux gobelins, ni aux lutins des bois, et niez que les forces démoniaques puissent s’emparer d’un homme. Vous avez ouvert un débat public avec l’abbé. Mais il s’est révélé un adversaire plein de ressource qui apportait des preuves non négligeables pour justifier ses actes. Messire l’archidiacre, vous avez fait allusion à votre tribunal, à Londres. Dans votre rôle déjugé de l’Église vous avez sans doute rencontré ce charlatan de Carrefour que nous connaissons sous le nom de Taverner.
    Corbett s’interrompit.
    — Vous le connaissiez, n’est-ce pas ? Je ne veux point vous demander de prêter serment, Messire Wallasby. Pourtant je suis certain que si je vérifiais les rapports de votre cour, je trouverais des références à Taverner, ce dupeur patenté, qui était un hôte régulier de votre tribunal.
    La nervosité de Wallasby était à présent visible.
    — Un peu de vin ? proposa le magistrat. Du pain et du fromage ? Non ? Bon, en fouillant dans les biens de Taverner je suis tombé sur un petit recueil, un journal qu’il tenait. Qui plus est, j’ai aussi découvert une licence l’autorisant à mendier et une permission de circuler au-delà des mers. Ces deux documents émanaient de votre cour. Les licences avaient été émises au début de l’automne, la veille de la Saint-Matthieu apôtre. Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois que vous avez donné à Maître Taverner de l’argent et ces certificats. Il a embarqué sur un bateau qui, de la Tamise, transportait des marchandises vers la côte est. Il a payé son passage, a débarqué et gagné St Martin-des-Marais. C’était un vrai maître ès déguisements, un fourbe intrigant. On lui avait remis d’autres lettres et il a adorné son histoire en prétendant que des prêtres, à Londres, l’avaient vu. L’abbé Stephen a cru que c’était un appelant désespéré de bona fide qui cherchait aide et réconfort spirituels. Taverner s’est montré à la hauteur de sa tâche et a convaincu l’abbé qu’il était possédé. Ce dernier a donc mordu à l’hameçon. Peut-être eut-il des doutes, au début ; ils se sont pourtant peu à peu dissipés, aussi vous a-t-il écrit, à vous et à vos amis dominicains de Londres.
    Le clerc s’arrêta, alla remplir un demi-gobelet de vin et sirota le clairet rouge sang. Il claqua des lèvres.
    — Êtes-vous sûr, Messire l’archidiacre, de n’en point vouloir ? Préférez-vous que je vous en réchauffe un bol ?
    Wallasby lui répondit par un regard vide.
    Corbett se rassit.
    — Je me suis demandé pourquoi un clerc aussi occupé que vous était venu en hâte dans le nord à la requête de l’abbé Stephen. Cela ne pouvait-il attendre ? Après tout, vous avez fort à faire. Quoi qu’il en soit, vous êtes arrivé céans et avez déclaré être impressionné par la comédie de Taverner. C’est alors que la pantomime que vous aviez organisée a été bouleversée par le meurtre.
    Le prêtre se frotta la joue comme s’il avait mal.
    — Je... je... bafouilla-t-il.
    — Ne mentez pas, de grâce, le pressa Corbett. Messire l’archidiacre, vous n’auriez jamais dû vous fier à un homme comme Taverner ! Il était censé se débarrasser de ces documents, n’est-ce pas ? Mais un coquin dans son genre ne détruit jamais rien : ça peut toujours servir, qui sait ?
    — C’est vrai, soupira Wallasby. Sir Hugh...
    Il s’interrompit.
    — ... je crois que l’Église n’avait pas besoin d’un homme comme l’abbé Stephen. Je suis partisan de l’orthodoxie : je crois à Satan et au feu de l’Enfer. Cependant le monde change. De nouvelles connaissances, de nouvelles sciences nous viennent du Levant. Nous ne pensons plus que chaque catastrophe est l’oeuvre de Satan, que la contagion, les pestes, ou même les meurtres et les vols, sont

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