Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
regarder où il mettait les pieds. Il s’arrêta devant l’importante plaque d’herbe et de ronces roussies par le feu. Il s’accroupit et la sonda du bout de son poignard. Constituée de flocons de cendre noire, elle avait environ six pouces de large et au moins six pieds de long. Des braconniers ? Perplexe, il se releva et reprit sa route. Quittant les chênes, il se dirigea vers la rive de Falcon Brook. Ce n’était vraiment qu’un ru, large d’environ trois pieds. Sur l’autre berge croissait une ligne irrégulière de buissons et d’ajoncs. Le ruisselet était paresseux et contre chaque talus un épais dépôt vert s’était formé. Corbett descendit avec précaution et en mesura la profondeur de sa botte : un pied, pas davantage. Falcon Brook avait sans doute été aménagé par les hommes et l’eau captée dans le marais ou les fens. Les Harcourt pas plus que l’abbaye n’en usaient comme d’une source d’eau douce ou pour alimenter les cuisines en poissons. Le magistrat remonta et se figea. Plus loin sur la rive, sur un monticule herbeux sous un saule, un moine était assis, capuchon remonté, tête baissée, mains dans les manches de sa bure. Il était si perdu dans ses pensées qu’il n’avait pas entendu le clerc s’approcher. Il semblait pétrifié. Corbett tira sa dague, s’approcha sans bruit et toussa. La silhouette ne broncha pas. Un frisson de peur parcourut l’échiné du magistrat.
    — Pax vobiscum, mon frère ! cria-t-il.
    Il poussa un soupir de soulagement quand l’homme sursauta et se retourna, une main levée pour repousser son capuce. Corbett reconnut Dunstan, le cellérier. Ce dernier sauta sur ses pieds en agitant les mains. Le clerc s’aperçut qu’il avait pleuré.
    — Frère Dunstan, voilà un endroit bien froid et bien isolé pour méditer et prier !
    Le moine, glissant sur l’herbe humide, s’avança.
    — Je vous croyais à la réunion du chapitre ! Qu’y a-t-il, mon frère ?
    Les larmes avaient gonflé les yeux du cellérier. En s’essuyant les joues d’un revers de main, il laissa voir ses ongles rongés jusqu’au sang.
    — Nous allons mourir, n’est-ce pas, Messire ?
    Corbett regarda autour du moine et remarqua la petite gourde de vin posée sur l’herbe.
    — Frère Dunstan, nous mourrons tous un jour, ce qui ne signifie pas que nous devons nous installer dans le cimetière et attendre que ça se produise.
    — Je ne suis pas allé au conseil, dit le cellérier d’une voix pâteuse. À quoi bon, Sir Hugh ? J’ai apporté du vin ici et j’ai décidé de réfléchir.
    — En reste-t-il un peu ?
    Le moine grimaça un sourire et recula. Il prit la gourde et la lança au magistrat. Ce dernier la leva, but et la lui rendit.
    — Souvenez-vous des Évangiles : un peu de vin réjouit le coeur, mais trop assombrit l’âme. Vous étiez assis céans, frère Dunstan, comme un homme oublié du monde.
    — Je suis soucieux, vraiment soucieux, expliqua le moine en s’emparant de la gourde comme s’il s’agissait d’une précieuse relique. Ces morts seront bientôt de notoriété publique. Les pèlerins ne viendront plus. Les marchands hésiteront à séjourner. Qui plus est, quand le roi apprendra...
    — Tout ça passera, le rassura Corbett. Vous craignez pour les revenus de l’abbaye ?
    Le cellérier acquiesça promptement.
    « Vous mentez, pensa le clerc. Cette abbaye est assez riche et puissante pour soutenir un an de siège. »
    — Qu’est-ce qui vous inquiète vraiment, mon frère ?
    Celui-ci détourna les yeux.
    — Le péché !
    — Plaît-il ?
    — Le péché, répéta frère Dunstan. Le proverbe qui prétend qu’on est rattrapé par ses fautes dit vrai, n’est-ce pas, Messire ?
    — Quels péchés ?
    — L’abbé Stephen était un bon père. Il était strict, cependant affable et bienveillant.
    Frère Dunstan jeta un coup d’oeil vers la masse des bâtiments de St Martin.
    — Il n’ignorait point nos fautes, mais il était compatissant.
    — Vous confessiez-vous à lui ? demanda Corbett.
    Frère Dunstan acquiesça.
    — Il m’absolvait et me donnait de bons conseils.
    Il leva ses yeux larmoyants.
    — C’était un bon prêtre, Messire. Jamais je n’ai rencontré son pareil. Et à présent nous serons punis pour avoir péché.
    — Tout d’abord, que voulez-vous signifier par « son pareil » ? s’enquit le magistrat en se rapprochant.
    Celait presque...
    Dunstan se mordit les

Weitere Kostenlose Bücher