Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
dés ou de jeu de hasard. Ne pas lutiner les jouvencelles et faire attention à ce qu’on boit.
    Il s’écarta tandis qu’un colporteur, son plateau autour du cou, se précipitait vers l’accueillante grand-salle.
    — C’est bien ce que dirait « Maître Longue Figure », n’est-ce pas ?
    — Pourquoi sommes-nous ici ? interrogea Chanson.
    — Oh, pour écouter bavardages et ragots ! Allez, viens, j’ai l’estomac dans les talons.
    Ranulf fit une entrée remarquée. Il se carra, jambes écartées, et jeta un regard autour de lui. Les conversations moururent. Un vendeur de reliques s’essuya le nez d’un revers de manche et, l’air interrogateur, brailla :
    — Qui êtes-vous ?
    Quelqu’un l’attrapa par l’épaule et s’empressa de lui chuchoter quelques mots à l’oreille. L’homme disparut dans l’ombre.
    — Vous venez de l’abbaye.
    Talbot, l’aubergiste, chauve comme un oeuf, les yeux presque cachés par des rouleaux de graisse, la bedaine protubérante sous un tablier taché de sang, surgit, tout affairé, de derrière son comptoir.
    — Comment le savez-vous ? s’étonna Ranulf.
    L’homme tapota son nez charnu.
    — Oh, voyons, Messires !
    Il les précéda comme s’ils étaient des princes et, d’un geste, signifia à un groupe de fermiers attablés près de la fenêtre de libérer la place. Ils obtempérèrent sans barguigner en emportant leurs plats. Un chiffon mouillé apparut dans les mains de Talbot qui en frotta la table graisseuse.
    — Goûterez-vous la bière, Messires ? Elle est brassée maison. Et un plat d’anguilles salées et grillées ? Avec une bonne sauce aux herbes et à la crème parsemée de persil ?
    — Ce sera parfait, répondit Ranulf en prenant ses aises. Et apportez donc une chope pour vous.
    Le sourire s’effaça sur le visage huileux du propriétaire.
    — Mais, Messire, je dirige une taverne. Je...
    — Certes, Messire, admit Ranulf, vous dirigez une taverne et c’est bien pour ça que je désire vous parler.
    Il éleva un peu la voix.
    — Vous ne voyez point d’inconvénient à vous entretenir avec un homme appartenant au roi, n’est-ce pas ?
    — Je vais appeler Blanche, maugréa Talbot.
    Il finit d’essuyer la table et s’éloigna en hâte. Ranulf desserra son ceinturon qu’il posa à grand bruit sur la table. Les autres chalands jugèrent qu’il valait mieux détourner le regard. Un jeune homme à la figure boutonneuse prit sa belette apprivoisée et la serra dans son giron, le dos tourné comme s’il redoutait que l’envoyé du roi ne vienne l’arrêter.
    — Ça vous plaît, hein ? grommela Chanson. Vous aimez le pouvoir ?
    — Non, répondit Ranulf en embrassant la salle du regard. Si nous nous faisons des ennemis céans, Chanson, je crois qu’il faudra passer par cette fenêtre, courir aux écuries et filer.
    — Pensez-vous que ça va mal tourner ?
    — Quand nous sommes entrés, expliqua Ranulf en désignant du pouce la porte du fond, un petit homme à face de rat et aux cheveux gras s’est éclipsé par là comme un connil dans un terrier. Soit il a eu peur, soit il est allé prévenir quelqu’un. Bon, nous verrons bien.
    Il observa le ciel par la fenêtre à meneaux.
    — Je ne suis point un campagnard, Chanson. Donne-moi, n’importe quand, une taverne londonienne et une rue puante de Southwark et je suis à mon affaire. Mais, même moi, je sais qu’il va neiger : les nuages sont bas et gris.
    Chanson, se remémorant leur glacial trajet sur ces chemins déserts, frissonna.
    — Mais nous retournerons à l’abbaye avant la nuit, n’est-ce pas ?
    — Nous y retournerons quand nous en aurons terminé, corrigea Ranulf. Ah, qui est-ce ?
    Une jouvencelle arrivait en trottinant. Elle avait des cheveux roux et bouclés sous un bonnet blanc, des yeux légèrement bridés, des pommettes hautes et le visage un peu empourpré. Ranulf admira ses lèvres bien dessinées et la robe verte, un peu trop ajustée, qui soulignait sa gorge généreuse et ses hanches larges. Il baissa les yeux sur les petites bottines à boucle qui dépassaient de sous ses jupons à volants. Elle adressa un grand sourire à Ranulf et s’immobilisa, lui permettant ainsi de la voir de pied en cap. En posant les chopes avec lenteur, elle effleura la main de Ranulf et lui fourra quasiment ses seins sous le nez.
    — Vous êtes donc des émissaires royaux, sourit-elle, avec de belles bottes de cuir et de larges

Weitere Kostenlose Bücher