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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qu’alors je l’avais renvoyé en l’injuriant. Je lui ai rappelé l’argent que je lui avais donné. « Quel argent ? » m’a-t-il demandé. J’ai menacé de le démasquer.
    — Ce que vous ne pouviez faire, bien entendu, intervint le magistrat. Cela revenait à vous trahir et à démontrer que vous ne valiez pas mieux que lui, que vous n’étiez qu’un menteur et un dupeur. De quoi Taverner vous a-t-il encore menacé ? D’aller tout avouer au père abbé ?
    Wallasby but à grand bruit.
    — Cela fait, les rôles auraient complètement changé, reprit Corbett. L’abbé Stephen pouvait affirmer qu’il avait éventé votre tromperie et votre comédie et obtenu des aveux complets de Taverner. Notre charlatan a dû être aux anges. Vous étiez à sa botte. Vous n’aviez pas le choix et deviez accepter. Étiez-vous en colère ?
    Le magistrat se rapprocha et se planta nez à nez devant l’archidiacre.
    — L’étiez-vous assez pour commettre un crime ?
    Wallasby recula et but avidement.
    — Vous ne devriez point dire ça.
    — Pourquoi pas ? Vous n’aimiez pas l’abbé Stephen et il est mort. Vous étiez sans doute fou de rage contre Taverner, et il est mort.
    — Et Hamo, le sous-prieur ?
    — Tiens, voilà une coïncidence, admit Corbett. Vous vous trouviez aux cuisines le matin où on a disposé le pain et la bière sur un plateau. Dois-je fouiller vos affaires, Messire l’archidiacre ? Y trouverai-je des poudres et des philtres ?
    — Fouillez où vous voulez ! gronda le prêtre. Vous n’avez pas le droit de formuler ces accusations !
    — Je ne peux dire comment vous avez pénétré chez le père abbé, reprit Corbett en allant s’asseoir au bord du lit. Mais vous êtes fort, Messire. Portez-vous un arc ?
    — Bien sûr, comme mon escorte.
    — Pouvez-vous me l’apporter ?
    Wallasby, les lèvres tremblantes, reposa son gobelet sur la table.
    — Inutile, n’est-ce pas ? insista le magistrat. Je parierais que la flèche qui a occis le pauvre Taverner provenait de votre carquois et que vous le savez bien !

 
    Chapitre 7
    Ita vitast hominum quasi quom ludas tesseris .
    La vie humaine est un jeu de dés.
    Térence
    La Lanterne dans les bois était une vaste taverne sise à l’écart du chemin boueux, sous une voûte d’arbres. Ses colombages noirs, son plâtre blanc éblouissant, son toit de tuiles rouges et son enseigne voyante suspendue au-dessus de la porte d’entrée attiraient l’oeil du voyageur comme un signal de bienvenue. La grand-salle était large et bien éclairée. Tonneaux de bière et barriques de vin s’empilaient à droite de la haute cheminée. A gauche un étroit couloir conduisait aux cuisines. Chanson glissa les rênes dans les mains d’un valet d’écurie et rejoignit Ranulf qui, du seuil, examinait la pièce.
    — Que devons-nous faire ?
    Ranulf jeta sa chape par-dessus son épaule et saisit le pommeau de son épée.
    — C’est le puits de la paroisse, Chanson.
    Ce dernier lui lança un regard d’incompréhension.
    — C’est là que tout le monde se retrouve, expliqua Ranulf. Paysans, chaudronniers, vendeurs, colporteurs, marchands : tous viennent écouter les commérages, échanger des nouvelles, faire des affaires en topant dans leurs mains et en crachant.
    Ranulf regarda dans la salle.
    — Et aussi boire et manger à s’en faire éclater la panse. Bon, Chanson, regarde-moi.
    — Vous gaussez-vous de mon oeil ?
    — Non, pas du tout. Que t’ai-je appris sur l’art de pénétrer dans une auberge ?
    Le palefrenier ferma les yeux.
    — Il faut toujours rejeter sa chape sur l’épaule.
    Il s’empressa de s’exécuter.
    — Tenir la garde de son épée. Entrer à grands pas. S’arrêter et, quand le propriétaire accourt, faire mine de ne point le voir et aboyer ses ordres.
    — Très bien ! sourit Ranulf. Et pourquoi donc ?
    — Parce qu’on est un inconnu et que les clients, à l’intérieur, doivent vous jauger.
    — Parfait ! Quoi d’autre encore ?
    — Toujours s’asseoir le dos au mur. Repérer les portes et les fenêtres par lesquelles on peut fuir si on doit quitter les lieux sans demander son reste.
    — Excellent ! commenta Ranulf avec un grand sourire. C’est bien, mon gaillard ! Tu vas devenir un véritable clerc des écuries !
    — Et les principes de Sir Hugh ? s’enquit Chanson non sans espièglerie.
    — Ah oui, soupira Ranulf, ironique et désabusé. Ne pas engager de partie de

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