Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
des regards aux hommes qui l’observaient.
    — C’est bon, murmura Chanson entre deux bouchées. Chaud et épicé.
    Le tavernier attendit qu’ils aient terminé et reprit son siège.
    — Et que savez-vous de Lady Margaret ? s’enquit l’écuyer. Après la disparition de son époux ?
    — Elle était éperdue, d’après les on-dit. Il fut bientôt notoire qu’elle voulait suivre les traces de son mari. Sir Stephen Daubigny accepta de l’aider. Ils se sont arrêtés céans alors qu’ils étaient en chemin vers la côte. Quelques mois plus tard, Sir Stephen est revenu, épuisé par le voyage, les traits hagards. Quant à Lady Margaret, précisa-t-il en baissant les yeux, à son retour, après une année d’absence, elle n’était plus, efflanquée et blême, que l’ombre d’elle-même. Elle est passée devant la taverne avec une escorte, vêtue de noir des pieds à la tête, telle la Mort. Depuis ce jour, elle vit comme une recluse. Je vais au château pour lui apporter des provisions et en acheter. Ainsi que je vous l’ai dit, elle vient très peu souvent. Nos conversations, au fil des années, ne suffiraient pas à remplir une demi-page de psautier.
    — Et Sir Stephen ?
    Talbot haussa les épaules.
    — Il est allé tout droit à St Martin, a posé ses armes et a prononcé ses voeux de moine. Vous savez le reste et, avant que vous me le demandiez, je dois vous dire que c’était un bon père abbé. Honnête et juste en affaires. Blanche et moi étions toujours les bienvenus à l’abbaye.
    — Et les autres frères ?
    — Oh, ce sont des moines, des prêtres, un peu cérémonieux ! Nous traitons avec deux d’entre eux : Cuthbert le prieur, un homme fort ambitieux, et Dunstan, le cellérier. Parfois nous y allons, parfois c’est eux qui viennent. Il nous arrive d’avoir un vin qui leur plairait ou...
    Il eut un sourire en coin.
    — ... de la viande toute fraîche de la forêt.
    Il vida sa chope et repoussa son tabouret.
    — Voilà, Messires, je ne peux rien ajouter.
    Ranulf lui fit signe de s’approcher.
    — Maître Talbot, je vais m’en aller à présent.
    Il était sûr que l’aubergiste était sur le point de l’en remercier, mais ce dernier ne pipa mot.
    — Et quand nous le ferons, prévint Ranulf, je ne veux point que ces nouveaux venus nous suivent.
    Talbot se pencha en avant.
    — Je ne peux que vous avertir et vous donner un conseil, dit-il.
    — À quel endroit nous attendront-ils ? s’enquit Ranulf.
    — Sur le grand chemin, répondit le tavernier. Vous êtes bien montés. Ils essaieront de vous désarçonner. Savez-vous ce qui se passera alors ?
    Ranulf acquiesça.
    — Ne pouvez-vous les empêcher de partir ?
    Talbot eut un signe de dénégation.
    — Ce sont les hommes de Scaribrick. Si je m’en mêle, d’ici demain matin il ne restera que les murs de cette maison.
    — Combien sont-ils ? murmura Ranulf.
    — Cinq, chuchota Talbot en serrant sa chope vide. Grâce à Dieu il fait froid et ils ignoraient que vous viendriez, sinon il y en aurait une bonne vingtaine.
    Il s’empressa de les laisser. Ranulf se leva et boucla son ceinturon. Ils sortirent par la porte de derrière et, contournant le bâtiment, se rendirent aux écuries. Chanson vérifia l’état de leurs montures, les sangles et les selles. Rien n’avait été touché. Ils sautèrent en selle.
    — Reste près de moi ! cria Ranulf. N’oublie pas, Chanson, que tu es doué pour deux choses : les chevaux et les couteaux !
    — Mais nous partons les premiers. Ils ne nous rattraperont pas.
    — Je parie qu’ils sont déjà en route, déclara Ranulf. Te souviens-tu des tours et des détours de ce chemin ? Ils nous attendront là-bas.
    Ils quittèrent la taverne. Chanson lança un regard de nostalgie à sa chaleur et à sa lumière. Le soir tombait. Des volutes de brume montaient des arbres. La route s’étendait devant eux comme une voie hantée.
    — Ne pourrions-nous galoper ? suggéra Chanson.
    — Et risquer un accident ? N’as-tu jamais ouï parler des traquenards, une corde tendue en travers du sentier, par exemple ? Récite tes oraisons, Chanson.
    Ranulf fit jouer son épée dans son fourreau et, pour la première fois de la journée, pria avec ferveur.
    — Ô Seigneur, veille sur Ranulf-atte-Newgate comme Ranulf-atte-Newgate veillerait sur Toi s’il était Dieu et si Tu étais Ranulf-atte-Newgate.
    Il poussa son cheval un peu devant celui de Chanson. Ce dernier, à

Weitere Kostenlose Bücher