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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tremblements : c’était un présage de mort.
    — Il est temps de partir, dit-il.
    Ils remontèrent à cheval, laissant derrière eux leur sanglante besogne. L’assaut avait épuisé Ranulf. Il n’éprouvait nul scrupule envers les hommes qu’il avait abattus. Ils l’auraient tué tout aussi vite et sans remords, comme on mouche une chandelle. De plus, ce genre de forbans n’assassinait pas dans les règles de l’art : ils torturaient bien souvent leurs victimes. Il resserra sa chape autour de lui quand il se mit à neiger et médita sur ce qu’il avait vu à La Lanterne dans les bois  : Blanche, la fille de Talbot, avec sa croix d’or pendue à une chaîne d’argent, son bracelet qui paraissait coûteux, ses bagues. Qui, dans la contrée, pouvait offrir de si onéreux bijoux ? Il était indéniable que Blanche sentait bon. Ranulf se souvint de l’histoire de la femme parfumée, portant la robe et le capuchon d’un moine, qu’on avait aperçue dans l’enceinte de l’abbaye la nuit.
    — Viens, Chanson !
    Il éperonna sa monture et la lança au galop. Chanson n’était que trop heureux de le suivre. La nuit était tombée et la neige commençait déjà à tout recouvrir.
    — Je me demande si ça va durer toute la soirée ! cria le palefrenier.
    — Je me demande ce qu’est en train de faire Maître Longue Figure, rétorqua Ranulf.
    Enfin l’abbaye – sombre masse d’édifices et torches aux lueurs dansantes encadrant l’entrée – fut en vue. Une lanterne brillait à la fenêtre de la petite chambre en haut de la loge du portier. Ranulf ralentit l’allure. Une porte s’ouvrit dans la poterne et un frère se précipita en brandissant un lumignon.
    — Qui va là ? appela-t-il.
    — Ranulf-atte-Newgate et Chanson.
    — Bon ! Bon !
    Le moine disparut. On enleva la barre et la porte s’ouvrit. Ranulf allait enfoncer ses éperons quand la première flèche enflammée jaillit des ténèbres, en laissant derrière elle une traînée de vive lumière, et tomba dans l’enceinte de l’abbaye.
    Corbett, assis sur un tabouret, se réchauffait les mains au-dessus d’un brasero. L’archidiacre Adrian l’avait quitté sans cérémonie. Le magistrat lui avait derechef ordonné de ne pas quitter l’abbaye jusqu’à ce que son enquête soit achevée. Entendant crier dans la cour, il s’empressa d’enfiler bottes et chape et se précipita en bas au moment où une seconde flèche embrasée se fichait dans les pavés, pour s’éteindre dans la neige à demi fondue.
    — Que se passe-t-il ? demanda-t-il à un frère lai qui arrivait en trombe au coin d’un bâtiment.
    — Oh, Dieu merci, Sir Hugh !
    Il scruta les ténèbres :
    — C’est bien vous ?
    — Attaque-t-on l’abbaye ? interrogea Corbett.
    — Nous ne savons pas.
    Le clerc leva les yeux vers le ciel. Deux autres flèches ardentes volaient en formant un arc de feu.
    — Dites au prieur Cuthbert de ne pas s’affoler, déclara-t-il. Elles ne sont pas très dangereuses. Avant de toucher le sol, elles sont consumées.
    Il regarda une autre vingtaine de traits traverser la nuit. Le mystérieux archer devait être sous les murs et se déplacer à toute vitesse pour donner l’impression qu’ils étaient plusieurs. Le frère lai détala. Corbett ne pouvait pas faire grand-chose et, à présent, il gelait à pierre fendre, aussi regagna-t-il l’hôtellerie. À peine était-il dans sa chambre qu’il ouït des voix en bas. Ranulf et Chanson entrèrent à grand bruit, éperons cliquetant.
    — Il fait froid, geignit l’écuyer. Je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’après l’agression.
    Les deux hommes arrachèrent leurs gantelets et tendirent les mains vers le brasero.
    — Ne les réchauffez pas trop, les avertit leur maître. Sinon vous aurez des engelures. De quelle attaque s’agit-il ?
    Corbett remplit des gobelets de vin. Tout en buvant, Ranulf lui narra en quelques mots ce qui était arrivé à La Lanterne dans les bois.
    — Tu as bien fait, commenta le magistrat. Ces coquins méritaient de mourir. Montre-moi le sceau !
    L’écuyer le lui tendit. Corbett l’examina avec soin à la lumière d’une chandelle.
    — Et ici, que s’est-il passé, Messire ?
    Corbett lui fit part de ce qu’il avait vu et de ses rencontres avec frère Dunstan et l’archidiacre. Ranulf siffla entre ses dents.
    — Il y a loin des apparences à la réalité, n’est-ce pas, Messire ?
    — En effet, répondit ce

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