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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ceinturons ?
    Elle leva un sourcil mutin.
    — Nous ne voyons pas souvent des gens de votre sorte dans les parages.
    — Quel genre de chalands avez-vous ? s’enquit l’écuyer.
    Mains sur les hanches, elle haussa les épaules. Ranulf remarqua la superbe croix d’or pendant à une chaîne d’argent à son cou, les belles bagues qu’elle portait à chaque doigt et le bracelet filigrané d’argent qui ceignait son poignet gauche.
    — Vous êtes Blanche, la fille de Talbot, n’est-ce pas ?
    La jouvencelle se rembrunit.
    — Comment le savez-vous ?
    — Oh, d’après votre comportement ! Un valet allait apporter les gobelets, mais vous les lui avez enlevés.
    — Eh bien, Messire, roucoula Blanche, vous êtes plus intelligent que moi.
    Et, tournant les talons, elle s’enfuit.
    — Vous plaisez toujours aux jouvencelles, Ranulf.
    — Comme elles me plaisent, Chanson, commenta Ranulf en se penchant par-dessus la table pour donner une petite taloche du bout de ses gants au palefrenier. Tu es un garçon de belle apparence. Si tu te coupais les cheveux et te lavais plus souvent, tu leur plairais aussi.
    Le palefrenier rougit et plongea son visage dans sa chope pour dissimuler son embarras.
    — Vous marierez-vous un jour, Maître Ranulf ?
    — Il vaut mieux se marier que brûler, a dit Saint Paul. Je me pose parfois la question. Crois-tu, Chanson...
    Ranulf sirota une autre gorgée.
    — ... que je devrais entrer dans l’Église, devenir prêtre ?
    Son interlocuteur leva sa chope pour se cacher derrière elle. L’écuyer abordait souvent cette question et c’étaient les seules occasions où Chanson avait envie de lui éclater de rire au nez. Pourtant Ranulf ne trouvait pas cela drôle. Il resta impassible.
    — Mais vous aimez les dames, Maître Ranulf.
    — C’est le cas de moult prêtres.
    — Avez-vous déjà été épris ?
    — Tu connais la réponse, répondit l’écuyer, levant son gobelet dans un geste de dérision.
    L’aubergiste revint, attrapa un tabouret et s’assit entre eux.
    — En quoi puis-je vous être utile, Messires ?
    — Vous nous avez promis des anguilles...
    — Elles arrivent.
    — Quel âge avez-vous, Maître Talbot ?
    — Si je compte bien, j’aurai cinquante-six printemps la veille de la décollation de Jean le Baptiste.
    — Avez-vous toujours vécu ici ?
    — Pour sûr, et mon père avant moi.
    — Le nom de Harcourt vous est donc connu ?
    — Ah, voilà qui est un mystère.
    Le tavernier reposa sa chope sur la table.
    — Lady Margaret vient céans une ou deux fois par an. Elle se montre toujours bienveillante et gracieuse, tout à fait comme une femme de haut lignage.
    — Et son époux ?
    — C’est étrange. Leur mariage était convenu, et le service eut lieu à la porte de l’église abbatiale. J’étais jeune alors et j’y ai assisté. C’était vraiment splendide, avec bannières et pennons, seigneurs et dames vêtus de velours et de soie. Lady Margaret montait un palefroi blanc comme neige, Sir Reginald un grand destrier. Sir Stephen Daubigny, qui plus tard est devenu abbé, avait tout à fait l’air d’un guerrier avec son surcot aux armes royales. Il y eut banquets et festivités. Daubigny et Harcourt...
    Talbot leva la main et joignit le majeur et l’index.
    — Ils étaient frères jurés, bons compagnons, en temps de paix comme en temps de guerre.
    — Lady Margaret avait-elle de la sympathie pour le futur abbé ?
    — Je ne sais. Je me souviens de l’avoir observée, à la fois ce jour-là et par la suite. Un jour, ils sont venus tous les trois pour festoyer.
    L’aubergiste désigna le seuil.
    — C’était une belle journée d’été. Sir Reginald est entré, un bras passé sous celui de sa femme et l’autre sous celui de Sir Stephen. Il y avait d’autres invités. J’ai installé une table à part et leur ai servi les meilleurs plats : de la venaison rôtie...
    — Oui, oui, bien sûr, coupa Ranulf. Mais qu’en était-il des rapports de Lady Margaret et Sir Stephen ?
    — Ils ne semblaient pas s’apprécier. Sir Reginald a placé les hôtes. Sir Stephen était censé s’asseoir à gauche de Lady Margaret, mais elle n’a point voulu. Je me rappelle que Daubigny s’est contenté de hausser les épaules et d’aller s’installer près de son ami. Pendant le repas, Daubigny et Lady Margaret ne se sont quasiment pas regardés et n’ont pas échangé un mot.
    — Puis Sir Reginald a

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