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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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dernier en étudiant le cachet.
    — Qu’a-t-il de si intéressant ?
    Corbett le lui rendit :
    — Comme tu l’as observé, pourquoi un truand porterait-il ce genre de chose ? On ne l’a enlevé ni d’une missive ni d’une charte. Il est intact. On l’a fabriqué tout exprès et remis à quelqu’un en guise de signe. As-tu une idée là-dessus ?
    Ranulf décrivit en quelques mots Blanche, la fille de l’aubergiste, avec ses bagues, son collier et son bracelet coûteux. Corbett l’écouta avec attention, assis, ne prêtant qu’à moitié l’oreille à la cloche qui sonnait vêpres.
    — As-tu jamais lu l’office de la messe, Ranulf ? Le verset au sujet de Satan semblable à un lion furieux, qui rôde, cherchant qui dévorer ? Notre assassin est pareil. Il observe les faiblesses et les manques des autres. J’ai bien l’impression que frère Dunstan pourrait être la prochaine victime.
    — Pourquoi ?
    — Parce qu’il est immoral, déclara Corbett. Va le quérir, Chanson. Dis-lui de venir seul. Je veux lui parler.
    — Pensez-vous vraiment qu’il pourrait être la prochaine victime ? s’enquit Ranulf en entendant le palefrenier dévaler l’escalier à grand bruit.
    — Ranulf, je crois que le tueur a l’intention d’occire tous les membres du chapitre. J’ignore pourquoi, mais je soupçonne que l’une des racines des troubles actuels est cette maudite hôtellerie et Bloody Meadow : les moines ont bien caché leurs sentiments, pourtant, me semble-t-il, le prieur Cuthbert et les autres ont défendu leur cause avec autant d’ardeur qu’un homme de loi devant le Banc du roi.
    — Vous avez dit l’une des racines ?
    Corbett se leva et s’étira.
    — Ah, je commence à avoir faim !
    Il se tapota l’estomac.
    — Pas seulement de nourriture, mais aussi de vérité. Il y a une autre racine, plus profonde. Je ne sais pas encore laquelle. L’abbé Stephen est peut-être la clé.
    Chanson revint, suivi par un frère Dunstan à la mine lugubre.
    — Fermez la porte, ordonna Corbett.
    Il montra un tabouret.
    — Prenez place.
    — Pourquoi voulez-vous m’interroger ?
    Les mains du moine tremblaient tant qu’il dut les cacher dans ses manches.
    Corbett prit aussi un siège et s’installa en face de lui.
    — Vous le savez fort bien. Quand je vous ai rencontré à Falcon Brook, mon frère, vous ressembliez à un homme méditant sur ses péchés. Quelle en était la cause ? La culpabilité ? Le remords ?
    — Nous sommes tous pécheurs, avança Dunstan en essayant de se ressaisir.
    — C’est vrai, mais certains plus secrètement que d’autres. Je ne veux point vous torturer, mon frère, aussi en viendrai-je au but sans détour. Vous êtes cellérier de cette grande abbaye. Vous et vos frères envoyez des charrettes aux marchés pour acheter des provisions et vendre vos produits. Vous circulez un peu partout. Combien de fois avez-vous été assaillis par des hors-la-loi ?
    — Ces hommes ne s’en prendraient jamais à notre sainte mère l’Église !
    Le prêtre s’empourpra en entendant Ranulf s’esclaffer.
    — C’est un mensonge, répondit Corbett. Ils se moquent de l’Église comme d’une guigne. Vous faites ce que moult abbayes, monastères et seigneurs même font : vous les rencontrez, eux ou leurs chefs, et vous leur fournissez argent et provende. En échange ils vous garantissent que vous pourrez vaquer sans crainte à vos affaires et ils s’assurent que quiconque rôde dans les bois leur obéira. C’est un arrangement commode. Les fripons ne veulent point s’en prendre à un abbé puissant qui pourrait demander au shérif local de les pourchasser. Qui plus est, certains, mais pas tous, sont superstitieux. Ils répugnent à être excommuniés, maudits et exilés du Paradis par la cloche, le livre et la chandelle. Bien entendu, ni vous ni votre abbé ne voulez avoir de désagréments. Vous êtes cellérier, et quand ces hommes viennent se ravitailler en denrées et boissons, vous les payez et les deux parties sont satisfaites. La loi n’apprécie peut-être pas, mais, là encore, sur un sentier forestier désert elle a du mal à protéger un malheureux moine qui fait une commission pour son père abbé. Ai-je raison ?
    — C’est une pratique courante, rétorqua frère Dunstan. Tout le monde y a recours.
    — Bien sûr, tant que les larrons ne devenaient ni gênants ni trop gourmands et respectaient leur parole, l’abbé Stephen regardait

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