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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’interrompit Ranulf. Bien des pères abbés vous auraient montré la porte.
    — Le père Stephen m’a dit que si mon repentir était sincère, je devrais me comporter convenablement. Il ne voulait point me disgracier.
    Dunstan soutint le regard de Corbett.
    — Sa compassion m’a surpris. Il s’est contenté de me fixer, les yeux pleins de larmes.
    — A-t-il justifié un tel comportement ?
    — Il a dit que nous étions tous pécheurs et que, s’il y avait un Dieu, Il s’appelait compassion.
    — S’il y avait un Dieu ? s’étonna Corbett.
    — C’est ce qu’il a dit. Je ne crois pas qu’il déniait son existence, mais il soutenait simplement que la compassion divine était capitale.
    Le cellérier prit une profonde inspiration.
    — Et vous, Sir Hugh, en parlerez-vous au prieur Cuthbert ?
    — En aucun cas.
    Corbett lui tapa sur l’épaule et se leva.
    — Je ne suis pas votre père confesseur, pas plus que je ne suis céans pour juger de la moralité des moines. Je suis ici pour capturer un assassin. Frère Dunstan, je voudrais vous poser une question, exposée en plusieurs. Donnez-moi donc votre parole : le conseil voulait-il bâtir une nouvelle hôtellerie ?
    — Il y tenait fort.
    — Pourquoi ?
    — Pour attirer les pèlerins et augmenter les revenus.
    — Et quelles autres raisons ?
    — Pour mettre une relique à l’abri et accroître notre renommée.
    — Les membres du chapitre auraient-ils été prêts à tuer pour ça ?
    Frère Dunstan ne le nia pas, mais répondit au magistrat par un regard vide.

 
    Chapitre 8
    Qui cupiet metuet quoque .
    Avec le désir vient la peur.
    Horace
    Frère Francis, l’archiviste, était heureux d’avoir l’entière disposition de la bibliothèque. Le petit scriptorium, au bout, était lui aussi désert. Les autres moines assistaient à l’office divin avant le souper. Frère Francis était si agité, et son estomac si tourneboulé, qu’il n’avait pas le temps de se restaurer. Il n’avait donné d’explication à personne, mais avait demandé au prieur Cuthbert l’autorisation de s’absenter. Assis à une table à présent, il contemplait son domaine. C’était son royaume avec des lanternes et des chandelles équipées de capuchons afin de limiter les risques d’incendie. Il regarda avec amour les rayonnages contenant les archives de l’abbaye et les manuscrits rassemblés au fil des ans : Les Confessions et La Cité de Dieu de saint Augustin, De la consolation de la philosophie de Boèce, les sermons de saint Ambroise, les écrits de saint Jérôme et des autres Pères de l’Église, les traités théologiques de saint Bernard, saint Thomas d’Aquin et saint Anselme. Frère Francis se leva et longea les étagères. Il y avait là les joyaux de sa collection : les oeuvres d’Aristote et de Platon, les discours de Cicéron, les histoires de Tacite et les pensées du philosophe Sénèque. Ces ouvrages avaient été les préférés de l’abbé Stephen, qui s’intéressait tant à la culture romaine. Frère Francis s’arrêta, ferma les yeux et huma l’air. Comme un jardinier se délecterait du parfum des fleurs, il aimait l’odeur de la bibliothèque : la senteur du parchemin, du cuir, de l’encre, de la cire d’abeille et du produit odorant dont ses assistants usaient sur les rayons, les tables et le plancher. Rien ne lui plaisait davantage que de vérifier que tout était bien à sa place. Certains livres étaient si rares et si précieux qu’on les gardait sous clé dans de solides coffres. Il effleura le trousseau pendu à sa ceinture et se souvint pourquoi il était là. Il s’empourpra. Il avait longuement et sérieusement réfléchi sur ces morts, ces horribles meurtres, qui n’avaient pas commencé seulement à cause d’une hôtellerie ou parce que le prieur Cuthbert voulait acquérir une relique précieuse.
    De tous les membres du chapitre, frère Francis était le plus ancien à St Martin. Il était entré à l’abbaye comme simple jouvenceau. Le précédent abbé avait été si impressionné par sa soif d’apprendre qu’il l’avait envoyé à l’école des cathédrales d’Ely et de Norwich, ainsi que chez les bénédictins à Oxford. Francis s’arrêta et se mordilla les lèvres. Il devait mettre de l’ordre dans ses pensées, comme le ferait un vrai érudit. Avant toute chose, il devait s’assurer qu’il était bien seul. Il se dirigea vers l’une des fenêtres à treillis et jeta un

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