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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Chanson transportèrent leur écu improvisé en haut des marches. Corbett les suivit. Ils poussèrent le plateau sur le sol. Il lui manquait quelques pouces de chaque côté, mais il offrait une bonne protection. L’arc vibra et les flèches se fichèrent dans leur bouclier de fortune. Ils atteignirent l’embrasure d’une porte et Corbett soupira de soulagement quand ils parvinrent à y faire glisser le plateau. Deux autres traits s’y enfoncèrent avec une telle force que Ranulf et Chanson durent s’arc-bouter. Puis vint un bruit de pas. Ils entendirent claquer une porte. Ranulf et Chanson posèrent leur bouclier de côté et Corbett s’élança, à demi baissé, épée tirée, mais le couloir était vide. Dans un coin se trouvaient un grand arc et un carquois à moitié plein. Il monta l’escalier en courant et surgit près du réfectoire. Il n’y avait rien à voir, hormis la couche de neige fraîche sur le mélange bourbeux. Le magistrat comprit que sa poursuite était vaine. Il attendit que ses deux compagnons le rejoignent.
    — Nous ne ferons plus jamais ça, dit-il, à bout de souffle.
    — C’est autant ma faute que la vôtre, remarqua Ranulf en rengainant son arme. Qui est donc cet assassin, Messire ?
    — C’était un jeu d’enfant, observa le clerc. Il s’est contenté d’observer et d’attendre. Nous sommes descendus dans la cave et il nous a suivis. Il n’y a qu’une issue et, si Chanson n’avait pas eu l’ouïe aussi fine, il aurait pu faire leur affaire à deux d’entre nous au moins, les blesser gravement ou les abattre.
    Corbett s’assit sur un rebord de pierre. Il entendit des voix et vit une file de moines se dirigeant vers l’entrée du réfectoire. Maintenant que le danger était passé, il cédait à la peur. La sueur qui baignait son corps était gelée. Chanson tremblait et claquait des dents. Ranulf, blanc de rage, se rongeait les lèvres et tapotait avec nervosité le pommeau de son poignard.
    — Pourquoi ? bégaya le palefrenier. Nous ne sommes point membres du concilium.
    — Non, gronda Ranulf, mais nous sommes les clercs du roi. Il est évident que si Sir Hugh avait été tué ou blessé, St Martin-des-Marais serait tombé en disgrâce. Le souverain, sa cour et son conseil auraient retiré leur faveur au monastère.
    — Bon, murmura Corbett, cette attaque a ouvert une fenêtre dans l’âme noire de celui qui voulait nous assassiner. J’ai découvert sa motivation : la destruction par goût de la destruction. Personne n’est à l’abri. Venez, les pressa-t-il, je suis gelé ! Allons souper.
    Ils rejoignirent les moines qui leur jetèrent des regards noirs de sous leur capuche. Le réfectoire était une pièce tout en longueur avec de larges poutres très haut au-dessus de leurs têtes. On y avait accroché des bannières représentant les cinq plaies du Christ, la croix et une Vierge à l’Enfant. Comme dans moult autres réfectoires, par hygiène, il n’y avait pas de jonchée. Les lambris cirés rutilaient et des draperies blanches comme neige recouvraient les tables sur tréteaux alignées de chaque côté. Au milieu de la salle un feu de bois ronflait dans une grande cheminée. Le long des murs et dans les coins, on avait disposé des braseros saupoudrés d’herbes aromatiques. Perditus, sur le seuil, les salua et se précipita.
    — Où étiez-vous, Sir Hugh ? Je suis allé vous chercher à l’hôtellerie. Messire le prieur aimerait vous recevoir à la haute table.
    Le frère lai scruta le magistrat avec curiosité.
    — Tout va bien, Sir Hugh ?
    Corbett lui fit signe d’avancer.
    — Oui, oui.
    Mal à l’aise, ils traversèrent la pièce. Le prieur et les membres du chapitre leur firent bon accueil et Cuthbert fit asseoir Corbett à sa droite. Le clerc lança un bref coup d’oeil autour de lui. Frère Dunstan semblait avoir peur. Frère Richard, l’aumônier, leur adressa un sourire de bienvenue plutôt chaleureux. Aelfric, lui, les traits tirés, avait l’air d’un prophète des temps anciens et ne cessait de se frotter les mains. Corbett examina la salle. Ce n’était plus un lieu d’harmonie, de prières, d’adoration et de travail. La peur y était palpable. Les moines ne quittaient pas l’estrade des yeux et lançaient des regards furieux à ces envoyés royaux qui avaient tant perturbé leur abbaye. Les grommellements se firent si forts que le prieur, s’emparant d’une clochette, l’agita avec vigueur pour obtenir le

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