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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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silence. Il leva la main.
    — Benedicite Domine...
    On récita la prière. Tous s’assirent. Frère Richard se dirigea vers le lutrin et, ouvrant le livre, se mit à lire le sermon de saint Augustin sur la Résurrection. Quand il en eut terminé, le prieur agita derechef la clochette et se leva.
    — Puisque nous avons des hôtes si distingués parmi nous, déclara-t-il d’une voix teintée de sarcasme, la règle du silence sera suspendue. Vous pouvez parler.
    Le repas commença. Frère Perditus apporta à la haute table de la soupe de poisson, du délicieux porc rôti avec de la moutarde et du poivre, des petites miches de pain blanc et des légumes. On offrit au magistrat un choix de vin. Ranulf et Chanson mangeaient comme des ogres et acquiesçaient d’un signe de tête aux questions de frère Richard. Cuthbert attendit que les plats eussent été servis puis se tourna vers Corbett.
    — J’ai ouï dire qu’aujourd’hui vos serviteurs avaient été attaqués par des hors-la-loi dans la forêt. S’est-il produit autre chose durant votre enquête ?
    Le clerc lança un prompt clin d’oeil à frère Dunstan.
    — Non, père prieur, si ce n’est un mystère après l’autre.
    — Comme ?
    Corbett lampa une gorgée de vin.
    — Pas maintenant. Mais êtes-vous satisfait que les malandrins soient morts ?
    — Quatre de moins à nourrir, commenta le prieur à voix basse. Même quand on est moine, Sir Hugh, il arrive parfois que l’on doive s’attabler avec le diable. Votre écuyer, Ranulf-atte-Newgate...
    Il le désigna d’un signe de tête.
    — ... est un véritable combattant.
    — Il aurait fait un bon hospitalier ou un bon templier, c’est vrai. Ces coquins étaient stupides : moi, je ne défierais point un homme comme Ranulf-atte-Newgate.
    Il jeta un regard en coin et sourit.
    — Parfois il me fait peur, même à moi.
    — Et avez-vous peur à présent ? s’enquit Dunstan de sa place, à gauche du magistrat.
    — J’éprouve toujours de la crainte, mon frère.
    Il s’interrompit.
    — Votre père abbé craignait-il les démons ? . Qu’est-ce qui l’a poussé à devenir exorciste et à tant s’intéresser à la démonologie ? Après tout, il était un membre de cette communauté et il a vieilli au milieu de vous.
    — Stephen ne cessait d’étudier, répondit frère Dunstan. Il approfondissait la philosophie et la théologie.
    Il agita sa cuillère.
    — Vous savez comment ça se passe, n’est-ce pas ? Quelques-uns se passionnent pour le culte de la Vierge ou les points les plus subtils de la philosophie. Stephen, lui, avait choisi de se spécialiser en démonologie, la puissance des ténèbres.
    — Et dans tout ce qui était romain, non ? ajouta Corbett.
    Dunstan prit une bouchée de pain et se mit à mâcher avec lenteur.
    — Ah ! c’est à cause de notre bibliothèque. Elle contient maints manuscrits précieux. L’abbé Stephen avait l’habitude de s’y installer et de nous régaler d’histoires sur les Anciens et les faits et gestes des empereurs fous. Il rêvait de se rendre dans les Marches écossaises pour examiner le grand mur construit par les Romains. Il parlait des classiques et de l’ancien Empire romain à qui voulait l’entendre. Je me souviens qu’au début de l’été lui et son serviteur, Perditus, étaient plongés à corps perdu dans un débat sur un manuscrit traitant de l’armée romaine. Qui en était l’auteur déjà ? Veg... ?
    — Végèce, précisa Corbett. Il a rédigé un célèbre Traité de l’art militaire {10} . Notre roi l’estime fort. Oh, au fait, où est frère Francis, l’archiviste ? demanda le clerc en le cherchant des yeux.
    — Il a demandé à être dispensé, expliqua le prieur. Il est au scriptorium , fort intéressé par quelque écrit.
    Corbett reposa sa cuillère de corne.
    — Quelque chose ne va pas, Sir Hugh ?
    — Est-il seul ?
    — Bien sûr.
    — Il ne devrait pas.
    Le magistrat se remémora la sombre silhouette dans le couloir et les flèches porteuses de mort sifflant dans les ténèbres.
    — Il ne risque rien, déclara Dunstan.
    Corbett se leva à demi.
    — Chanson ! Trouve Perditus et allez à la bibliothèque !
    — C’est inutile, bafouilla frère Dunstan.
    Corbett se rassit. Les conversations à la haute table s’éteignirent.
    — Il ne devrait pas rester seul, insista le clerc.
    Il claqua des doigts à l’adresse de Chanson qui lorgnait sa soupe avec convoitise.
    — Ne

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