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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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t’inquiète pas, Chanson, Ranulf n’y touchera point.
    Le palefrenier partit en toute hâte vers les cuisines en quête de Perditus. Corbett reprit son repas, ne prêtant qu’une oreille distraite aux protestations du prieur Cuthbert. Au bout de quelques instants, Perditus revint en courant.
    — Messire le prieur, vous devriez venir !
    — Que se passe-t-il ? s’enquit Corbett en regardant le frère lai.
    — Il y a de la lumière dans la bibliothèque, mais les portes et les fenêtres sont closes. Frère Francis ne répond pas.
    — Oh, doux Jésus ! chuchota Cuthbert.
    Il jeta sa serviette.
    — Francis ne laisserait jamais des chandelles allumées dans la bibliothèque.
    Le souper se termina dans la confusion. Corbett suivit Chanson et Perditus. Ranulf s’empressa de leur emboîter le pas. Ils parvinrent devant l’huis de la bibliothèque. Ranulf leur demanda de s’écarter et frappa à l’aide du pommeau de son épée. Frère Richard, qui avait jeté un coup d’oeil par une fenêtre, arriva, le visage blême.
    — Je n’en suis pas certain, car le verre est assez épais, mais il me semble que frère Francis gît sur le sol. J’ai aperçu une jambe et un pied chaussé d’une sandale sous la table.
    Le magistrat ordonna à Perditus de trouver une grosse bûche.
    — Non, prenez ce banc ! intervint le prieur en en désignant un sous le porche.
    Le chêne de la porte était épais et solide. Corbett demanda que l’on cogne à l’opposé de la serrure afin de faire céder les gonds de cuir. L’huis s’ouvrit enfin avec fracas et ils entrèrent en trébuchant. Le magistrat ordonna à ses compagnons de rester en arrière. La pièce était riche et splendide, une véritable salle d’étude. Mais elle était à présent en grand désordre. Frère Francis était étendu dans une large mare de son propre sang, un peu tourné sur le flanc, une longue flèche fichée profondément dans la poitrine. Corbett tâta son cou ; il n’y avait plus de pouls et la peau était moite et froide.
    — Ne bougez pas ! cria-t-il.
    Il s’approcha de la table, prit les morceaux de parchemin et lut le nom de l’abbé Stephen ainsi que la phrase « à la romaine » sur l’un d’eux. Il examina les deux ouvrages qui se trouvaient là, des petits volumes minces. Il les referma et s’empressa de les glisser sous son justaucorps.
    — Vous pouvez avancer maintenant.
    Les moines entourèrent le corps de frère Francis avec des exclamations de douleur qui firent écho au sourd gémissement de désespoir du prieur Cuthbert. Frère Dunstan, le cellérier, fut le premier à recouvrer ses esprits. Il envoya Perditus quérir les saintes huiles et administra sans tarder le sacrement d’extrême-onction en chuchotant les mots consacrés à l’oreille du trépassé. D’autres membres de la communauté surgirent, mais Cuthbert ne les laissa pas entrer.
    — Emportez le cadavre au dépositoire ! ordonna le magistrat. Frère Aelfric, cette fois postez un garde à la porte. On verra si le tueur va tenter de revendiquer cette dépouille.
    — Comment cela s’est-il passé ? demanda Ranulf. Sir Hugh, j’ai vérifié l’huis. Il était fermé et verrouillé et toutes les fenêtres étaient closes.
    Corbett jeta un coup d’oeil vers l’endroit où on avait trouvé le corps. Il fit un tour d’inspection, mais son écuyer avait raison : les fenêtres étaient bien fermées et le volet extérieur de la plus proche meurtrière le paraissait aussi.
    — Excusez-moi, Messire le prieur.
    Il fit signe à ses serviteurs de le suivre dehors. Il découvrit le volet qui recouvrait la meurtrière : il était fixé solidement contre le mur. Chanson retourna chercher une lanterne. Son maître inspecta le volet avec soin. Il défit les attaches, ce qui le fit grincer. Des cris s’élevèrent de la bibliothèque.
    — Je comprends à présent ce qui est arrivé, déclara Ranulf en jetant un coup d’oeil à travers l’ouverture. L’archiviste travaillait. Le tueur l’a distrait en faisant du bruit au volet. Frère Francis est venu voir ce qui se passait. Il était en pleine lumière et faisait donc une bonne cible, même pour un archer novice. Le trait est parti. Frère Francis s’est effondré. On a rattaché le volet et le meurtrier s’est lancé à notre poursuite dans les caves.
    — Mais frère Francis savait bien qu’il ne devait pas rester seul, non ?
    — Oui, Chanson, il le savait : c’est bien ce qui

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