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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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la voix et les examina de plus près.
    — Qu’est-ce, Messire ?
    — Dans ma jeunesse j’avais coutume D’étreindre et embrasser ma mie. Maintenant que je vis reclus,
    Las ! je sens que mon coeur se brise. Ah, c’est vous qui me restaurez, Seigneur, et non point les baisers.
    — Qui en est l’auteur ? s’enquit Ranulf.
    — L’abbé Stephen, quand il était jeune moine.
    — Il vous est donc si aisé de reconnaître son style ? Corbett sourit, retourna le volume et tapota le bas de la page. Ranulf observa le dessin.
    — C’est la roue ! s’exclama-t-il. Regardez, le moyeu, les rayons et la jante ! Elle ressemble à la mosaïque de la cave. Pourquoi l’abbé aurait-il écrit ça ?
    — C’était un moine assoiffé d’amour, Ranulf. Comme frère Dunstan l’est à présent. L’abbé Stephen, dans son jeune temps, ne valait pas mieux. Je me demande...
    Il soupesa le livre.
    — Désirez-vous manger quelque chose ? intervint Chanson.
    — Bien sûr qu’il a faim ! rétorqua l’écuyer. Chanson mit une tranche de porc sur un tranchoir {11} , rompit du pain et servit le repas. Corbett le tint en équilibre dans son giron.
    — Avant que je quitte le roi, commença-t-il, et il s’interrompit comme s’il pensait à autre chose... ah oui, Sa Grâce m’a informé qu’il existait maintes théories pour expliquer pourquoi Stephen Daubigny était entré dans les ordres. L’une des plus répandues veut qu’il soit tombé amoureux d’une jeune femme qui est devenue nonne et est morte encore jeune. Le roi m’a dit avoir peu de preuves pour étayer cette hypothèse, si ce n’est un incident alors qu’il avait rendu visite à l’abbé Stephen, ici, à St Martin. Vous savez que notre noble souverain, surtout quand il est gris, n’aime rien tant que de taquiner les hommes d’Église. La reine était présente, ainsi que ses belles dames de compagnie...
    Corbett fit un clin d’oeil à Ranulf.
    — ... qui te sourient toujours. « Stephen, a demandé le roi, n’êtes-vous point troublé par semblables beautés ? » L’abbé a répondu que si, mais qu’il avait son état et elles le leur. Le souverain a ri. « Avez-vous jamais été épris, Stephen ? » L’abbé s’est rembruni. « Une fois, Monseigneur, mais la rose s’est flétrie dans un froid glacé.
    — Morte ? s’est enquit le roi.
    — Oh oui, et rappelée à Dieu. »
    Ranulf écoutait avec intérêt. Il regrettait de n’avoir pu rencontrer l’abbé Stephen, qui semblait avoir été un homme selon son coeur. Tout au fond de lui, l’écuyer nourrissait de grandes ambitions. Il voulait ressembler à l’abbé Stephen : être un soldat, un poète, un amoureux des belles choses et des jolies femmes.
    — Que se passe-t-il, Ranulf ?
    — Pardon, Messire, j’avais l’esprit ailleurs.
    Corbett reposa les livres et prit un morceau de viande entre ses doigts.
    — Oui. Sais-tu que je soupçonne l’abbé Stephen d’avoir eu l’esprit ailleurs toute sa vie ? J’ai d’abord cru que la cause en était les démons et tout ce qui était romain. Mais à présent je commence à croire que ce pouvait bien être l’amour.

 
    Chapitre 9
    Semper in absentes felicior aestus amantes.
    L’absence renforce la passion chez les amants.
    Properce
    Corbett entraîna Ranulf et Chanson hors de la ligne des arbres qui frangeaient le sentier menant à Harcourt Manor. La neige était tombée dru pendant la nuit et recouvrait le paysage de sa blancheur silencieuse. Elle s’était accumulée en une couche épaisse sur les rebords des fenêtres et les corniches et avait formé des congères contre les murs de la grande demeure en bois et en pierre. Le manoir, entouré de son domaine, était bien situé sur la croupe d’une colline en pente douce. Corbett était passé devant des granges et des fenils, et avait aperçu des paysans dans les champs qui faisaient ce qu’ils pouvaient par un temps aussi peu clément. Une file de chasseurs portant, sur une perche, des dépouilles de connils et autre gibier les avait salués. Le magistrat, à présent, observait la demeure. La vieille maison avait sans doute été détruite et remplacée par ce bâtiment de deux étages en pierre irrégulière grise, au toit de tuile rouge et aux larges fenêtres dont quelques-unes garnies de verre de couleur. Les tailleurs de pierre avaient ajouté gargouilles et statues, l’ensemble respirait l’opulence et la puissance. On accédait au logis

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