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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qu’il était responsable de la disparition de mon époux et que je désirais ne plus le voir ou l’ouïr. Il ne m’a jamais répondu.
    — Et Sir Reginald ?
    — Du moment où il a quitté Harcourt jusqu’à cette minute, je ne l’ai plus revu et je n’ai jamais eu de ses nouvelles. Il arrive que des rumeurs prétendent qu’on l’a aperçu ici ou là, mais ce ne sont que sornettes sans véritable fondement. Je suis devenue veuve. C’est ainsi que je me considère.
    — Et Daubigny ?
    — Oh, je suis restée attentive ! Le roi a été stupéfait, mais Stephen était capable. J’ai assisté à son ascension sous le patronage royal de sous-prieur à père abbé. Bien sûr, nous avions des relations d’affaires, surtout depuis que Cuthbert est devenu sous-prieur. Tenez, Sir Hugh, voilà la rapacité faite homme. Il veut ceci et cela. Falcon Brook n’était-il pas en fait propriété de l’abbaye ? Cuthbert m’a aussi informée qu’il cherchait le codicille et je lui ai répondu qu’il pouvait aller se faire pendre. Quoi qu’il en soit, il a insisté. Les insultes semblent avoir autant d’effet sur lui que des flèches contre un écu.
    Elle sourit.
    — J’ai écouté ses discours à propos de l’abbaye qui ne possédait pas de relique, du tertre funéraire et du fait qu’on pourrait ériger une hôtellerie à Bloody Meadow.
    — Cela vous inquiétait-il ?
    Lady Margaret rit et fit face à Corbett avec aplomb.
    — M’inquiéter, Sir Hugh ? Je ne crains nul moine sous le ciel. Que m’importe que quelques os moisis soient placés dans une cassette d’argent ? Pour ce que j’en ai à faire, ils peuvent bien construire une cathédrale à Bloody Meadow pourvu qu’ils n’empiètent point sur mon domaine ni n’enfreignent mes droits seigneuriaux.
    Corbett vida sa coupe et la reposa sur la table. Il s’arrêta en entendant des cris dehors, mais Lady Margaret n’y prêta pas attention.
    — Et vous ne savez rien de ces atroces meurtres ?
    — Sir Hugh, je ne sais rien sur St Martin-des-Marais que vous ne sachiez aussi. J’en sais même sans doute moins que vous.
    Le vin l’ayant assoupi, Corbett avait les paupières lourdes. Il se frotta les yeux. Il eut, quelques instants, l’impression d’être de retour à Leighton et pria Dieu qu’il en fût ainsi. Lady Margaret Harcourt avait une volonté implacable, mais il y avait pourtant quelque chose d’intrigant dans ce qu’elle avait dit. Elle semblait décrire un rêve plutôt qu’une situation bien réelle du passé. Il la dévisagea et, quoiqu’il ne pût se souvenir de l’avoir déjà rencontrée, maintenant, de près, ses mouvements d’yeux, sa façon de parler lui étaient familiers. Entendant Ranulf tousser, il se redressa dans sa chaire.
    — Vous n’aviez donc rien à voir avec l’abbé Stephen ?
    — Pourquoi le devrais-je ? Il était prêtre. Je suis veuve.
    — Mais les marais abritent un petit monde clos, n’est-ce pas ? insista le clerc.
    Lady Margaret sourit.
    — Il y a des hors-la-loi dans la forêt. Cela ne signifie pas que je doive les rencontrer. Oh, au fait, Sir Hugh...
    Elle lança un coup d’oeil vers Ranulf.
    — ... j’ai cru comprendre que vos hommes en ont tué quatre et ont abandonné leurs corps comme un fermier l’aurait fait de rats au bord du chemin. La rumeur s’est répandue dans les parages. Les gens en sont fort satisfaits, même s’ils ne s’en félicitent qu’en cachette. Pourtant vous devriez prendre garde. Oh, oui...
    Elle s’interrompit.
    — ... le chef des larrons, Scaribrick, joue les petits métayers. Pendler, mon intendant, pense qu’il organise et dirige ces coquins. Êtes-vous allé à La Lanterne dans les bois ?
    — Moi non, mais mes serviteurs, oui.
    Lady Margaret paraissait plus détendue à présent que la conversation ne portait plus sur les crimes sanglants perpétrés à l’abbaye.
    — Eh bien, selon la rumeur publique, Scaribrick y était hier soir, jurant et menaçant. Vous avez tué quatre de ses sbires et ridiculisé les autres ; ce sont tous des crapules fanfaronnes à qui Blanche, cette impudente jouvencelle, adresse des oeillades admiratives.
    Corbett cacha son malaise.
    — Vous semblez fort bien informée, Madame.
    — J’exerce mes droits seigneuriaux, Sir Hugh. Je m’occupe de mes métayers et ils me tiennent au courant de ce qui se passe.
    — Avez-vous des métayers à St Martin ?
    — Non, sauf le Gardien des portes, qui

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