Furia Azteca
expression de stupéfaction, puis de joie profonde. Un sourire radieux perça à travers ses larmes.
" J'ai cru que vous étiez mort ", sanglota-t-il, en se débattant dans ses couvertures pour venir péniblement à ma rencontre.
" Recouche-toi immédiatement ", lui ordonnai-je en le reportant dans son lit, tandis qu'il insistait pour m'expliquer. " quelqu'un m'a attrapé par-derrière avant
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que j'aie eu le temps de fuir ou d'appeler au secours. quand je suis revenu à moi, le médecin m'a dit que vous n'étiez pas rentré au palais et j'ai pensé que vous étiez mort. Je croyais qu'on m'avait blessé pour que je ne puisse pas vous prévenir et puis, je me suis réveillé dans votre lit, un moment après, j'ai vu que vous n'étiez toujours pas là. Alors je me suis dit que...
- Silence, petit, lui dis-je en le fourrant sous la courtepointe.
- Mais, maître, j'ai manqué à mon devoir, pleurnicha-t-il. J'ai laissé
échapper votre ennemi.
- Non. Cette fois, Chimali s'est contenté de te blesser à ma place. Je te dois beaucoup et je te rembourserai cette dette, je te le promets. Le jour o˘ Chimali sera en mon pouvoir, c'est toi qui décideras du ch‚timent qu'il mérite. Et maintenant, continuai-je, mal à l'aise, est-ce que tu t'es aperçu de la manière dont il t'a blessé ?
- Oui, me répondit-il, en réprimant son tremblement. D'abord, je n'ai ressenti qu'une douleur atroce et je me suis évanoui. Le seigneur médecin m'a laissé dans cet état pendant qu'il... pendant qu'il faisait ce qu'il pouvait. Ensuite, je me suis réveillé et j'ai vu... ce qu'il m'avait recousu.
- Je suis désolé ", lui dis-je. Je n'arrivais pas à trouver d'autres mots.
Cozcatl glissa une main sous la couverture et se t‚tant précautionneusement, il me demanda timidement :
" Est-ce que je suis une fille, maintenant, maître ?
- quelle idée ridicule. Bien s˚r que non.
- Mais si, insista-t-il en reniflant. Je n'ai vu qu'une seule fois une femme déshabillée, c'était la dame qui était notre maîtresse à Texcoco.
quand je me suis vu... avant que... l'on me soigne... j'ai trouvé que ça ressemblait exactement à ce qu'elle était.
- Tu n'es pas une fille, l'assurai-je. Tu l'es bien moins que ce scélérat de Chimali qui t'a attaqué par-derrière, comme une femme. Tu sais, Cozcatl, beaucoup de guerriers ont reçu la même blessure que toi au combat et ils ont continué à être des chevaliers féroces et redoutables. Certains même sont devenus des héros plus forts et plus célèbres qu'avant.
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- Mais alors, pourquoi avez-vous l'air si préoccupé ? insista-t-il.
- Eh bien, lui dis-je, c'est parce que tu n'auras jamais d'enfants.
- Ah !" s'exclama-t-il et, à ma grande surprise, son visage s'éclaira. "«a n'a pas d'importance. Je n'ai jamais beaucoup aimé être un enfant, moi-même et je n'ai pas envie d'en faire d'autres. Mais... est-ce que cela veut dire aussi que je ne pourrai pas être un mari ?
- Pas forcément, hésitai-je. Il faudra que tu te trouves une femme qui l'accepte, une femme compréhensive qui se contentera du plaisir que tu pourras lui offrir. Tu as bien donné satisfaction à cette femme que je ne nommerai pas, n'est-ce pas ?
- C'est ce qu'elle m'a dit. " II se remit à sourire. " Merci de me rassurer, maître. Comme je suis un esclave et que par conséquent, je ne pourrai jamais posséder un autre esclave, j'aimerais bien avoir une femme, un jour.
- A partir d'aujourd'hui, Cozcatl, tu n'es plus un esclave et je ne suis plus ton maître. "
Son sourire s'évanouit et je vis l'anxiété envahir son visage. " que s'est-il passé ?
- Rien, sauf que maintenant je suis ton ami et tu es le mien.
- Un esclave sans maître n'est rien, me dit-il. C'est une chose sans défense, sans racines.
- Pas quand il a un ami dont il partage la vie et le sort, lui répondis-je.
J'ai une petite fortune, Cozcatl. Tu l'as vue. J'ai des plans pour faire fortune, aussitôt que tu seras en état de voyager. Nous allons partir vers le sud, dans des pays étrangers, en tant que pochteca. qu'en penses-tu ?
Nous nous enrichirons ensemble et tu ne seras jamais plus une chose sans défense et sans racines. Je viens de demander à l'Orateur Vénéré qu'il agrée mon entreprise et je lui ai également demandé qu'on établisse des papiers officiels certifiant que Cozcatl n'est plus mon esclave, mais mon associé et mon ami. "
Sur son visage, le sourire se mêla à nouveau aux larmes. Il posa sa petite main
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