Furia Azteca
général, l'immolation des vieillards est un acte volontaire accompli pour le bien public. Moi-même, quand je sentirai mes forces et mes idées décliner, je ferai mes adieux et partirai pour le Séjour Sacré et on ne me reverra plus.
- C'est vraiment une mesure rigoureuse, constatai-je.
- Est-ce une mesure rigoureuse de tailler un jardin et de couper les branches mortes dans un verger ? Vous
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admirez le résultat, mais vous déplorez les procédés, ajouta-t-il ironiquement. Vous nous critiquez de nous débarrasser des inutiles et des incapables qui seraient à la charge de la communauté, de laisser mourir les enfants anormaux afin qu'ils n'engendrent pas d'autres malheureux, alors, jeune homme, nous condamnez-vous de refuser les b‚tards ?
- Les b‚tards ?
- Oui. Nous avons souvent été envahis par les Mix-teca et les Olmeca dans le passé et par les Mexica, plus récemment ; nous avons aussi subi des infiltrations insidieuses de la part des tribus qui vivent sur nos frontières, mais jamais, nous ne nous sommes mêlés à eux. Bien que les étrangers aient le droit de venir chez nous et de vivre parmi nous, nous avons toujours interdit le mélange de leur sang avec le nôtre.
- Je ne vois pas comment vous avez pu faire. Les hommes et les femmes étant ce qu'ils sont, il est bien difficile de permettre les relations sociales avec des étrangers, tout en empêchant les rapports sexuels.
- Oh, nous sommes comme tout le monde, concéda-t-il, et cela nous arrive aussi. Mais tout citoyen du Peuple Nuage qui prend légitimement un étranger pour époux ou pour épouse, ne fait plus partie de notre communauté. Cette loi suffit généralement à décourager ces mariages. Mais il y a aussi une autre raison pour laquelle ces unions sont si peu fréquentes et vous l'avez certainement devinée.
- Non, je ne vois pas, répondis-je.
- Vous avez visité d'autres régions. Alors, regardez nos hommes, regardez nos femmes. O˘ donc pourrions-nous trouver des partenaires qui nous conviendraient mieux ? "
C'était en effet un argument irréfutable. Cependant, il y avait aussi des individus particulièrement favorisés par la nature, chez les autres peuples. Ma propre sour en était un exemple chez les Mexica ; la Dame de Tolan chez les Tecpaneca et le petit Cozcatl, chez les Acolhua. De plus, les Zapoteca n'étaient pas tous absolument sans défaut. Malgré tout, il était indéniable que, dans leur grande majorité, ces gens avaient de si beaux traits et de
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si beaux corps, qu'à côté d'eux, les autres peuples ne semblaient guère mieux réussis que les premiers spécimens ratés fabriqués par les dieux.
Pour un Mexicatl, j'avais une taille et une carrure exceptionnelle, mais presque tous les hommes Zapoteca étaient aussi grands et aussi bien b‚tis que moi et leur visage était à la fois volontaire et plein de sensibilité.
Les femmes étaient dotées de courbes généreuses, tout en étant souples comme des roseaux et elles étaient belles comme des déesses : de grands yeux lumineux, un nez droit, une bouche faite pour les baisers et un teint transparent et sans défaut. Zyanya ressemblait à une coupe de cuivre bruni débordant de miel. Hommes et femmes avaient un port allier et des gestes gracieux et ils parlaient leur langue loochi avec des inflexions dou-c es et mélodieuses. Les enfants étaient exquis et extrêmement bien élevés.
J'étais heureux de ne pas pouvoir me voir moi-même afin de ne pas être obligé de me comparer à eux ; mais les étrangers que je rencontrais - des immigrants Mixteca, pour la plupart - me paraissaient lourdauds, mal emmanchés et ternes en comparaison du Peuple Nuage.
Cependant, je n'étais pas si naÔf, aussi, je pris " du bout des doigts ", comme nous disons, les histoires de Rivière Rouge au sujet de la création soi-disant spontanée, sans retouches et parfaite de son peuple. Je ne pouvais croire que le Peuple Nuage ait jailli, tel quel, des montagnes, comme la fleur-cour. Personne ne s'était jamais targué d'une origine aussi insensée. Après tout, il faut bien venir de quelque part.
En tout cas, j'avais sous les yeux la preuve que les Zapoteca avaient dédaigneusement refusé les croisements avec des étrangers et qu'ils avaient préservé la pureté de leur sang, même aux dépens de leurs êtres chers.
quelle que f˚t son origine, le Peuple Nuage avait toujours voulu être ce qu'il y avait de mieux. Cela, je le croyais, parce que je me trouvais
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