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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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sur les eaux sans bornes. L'océan m'entourait de toutes parts et j'avais l'impression angoissante d'être une fourmi tombée au fond d'une jarre bleue dont les flancs seraient glissants et insurmontables. La nuit me semblait moins inquiétante quand je rangeais ma topaze pour ne pas voir la multitude des étoiles. Dans le noir je pouvais me croire en sécurité sur quelque chose de solide, dans une forêt, ou même chez moi. J'essayais de me persuader que le bateau o˘ j'étais balancé était mon gishe de corde et, gr‚ce à ça, je m'endormais profondément. Le jour, par contre, je ne pouvais m'imaginer que j'étais ailleurs qu'au beau milieu d'une effrayante étendue bleue, chaude et sans ombre. Heureusement, j'avais d'autres choses à observer que les flots infinis et indifférents.
    Sans en avoir jamais vu, je reconnus aussitôt les grands espadons qui bondissaient hors de l'eau et dansaient sur leur queue et aussi, les poissons-scies encore plus gros, plats et bruns, munis de nageoires allongées comme les ailerons d'un écureuil volant. J'en identifiai deux à
    leur terrible éperon que les guerriers de certaines 660
    tribus côtières utilisaient comme arme. Je redoutais que l'un d'eux ne vienne s'attaquer à rnon acali, mais aucun ne s'approcha.
    D'autres m'étaient totalement inconnus. Par exemple, des petites créatures aux longues nageoires qui leur servaient d'ailes pour jaillir de l'eau et glisser sur des distances prodigieuses. Je crus d'abord que c'étaient des insectes marins, mais l'un d'eux, ayant atterri dans mon bateau, je le saisis, le mangeai, et je m'aperçus qu'il avait un go˚t de poisson. Je vis aussi d'énormes poissons bleu-gris, qui me regardaient avec des yeux intelligents et un sourire figé et que je trouvai plutôt sympathiques. Ils faisaient un bout de chemin avec moi et me distrayaient par leurs acrobaties.
    Cependant, d'autres poissons beaucoup plus gros me remplissaient vraiment d'effroi. C'étaient d'énormes bêtes grises qui venaient de temps à autre se chauffer à la surface et qui tournaient parfois autour de moi pendant la moitié de la journée, comme si elles avaient besoin d'une bouffée d'air et d'un rayon de soleil, ce qui est un comportement curieux chez un poisson.
    C'étaient les créatures les plus gigantesques que j'aie jamais vues. Vous ne me croirez peut-être pas, mes révérends, si je vous dis qu'elles étaient aussi longues que la place qui est sous nos fenêtres et que leur largeur et leur masse étaient en proportion. quand j'avais été dans le Xocono-cho, des années auparavant, on m'avait servi un plat de yeyemichi et le cuisinier m'avait dit que c'était le plus gros poisson des mers. Si c'est vraiment une tranche de ces grandes pyramides flottantes que j'ai mangée ce jour-là, je regrette bien de ne pas avoir cherché à rencontrer l'homme héroÔque - ou l'armée - qui avait capturé ce monstre, pour lui exprimer mon admiration.
    Tout en s'amusant, deux de ces animaux auraient pu facilement écraser mon acali et moi avec, sans même s'en apercevoir, mais aucune infortune ne m'arriva. Le sixième ou septième jour de cette expédition involontaire, alors que j'avais léché la dernière goutte du jus de poisson et que j'étais complètement desséché et anéanti, une averse vint s'abattre sur l'océan comme un voile gris. Je remplis mon bol et le vidai deux ou trois fois, 661
    mais j'étais inquiet car la pluie avait amené un vent qui agitait la mer.
    Mon embarcation était ballottée comme un fétu et il fallut que je me mette à écoper. Cependant, j'éprouvais un certain soulagement à voir que la pluie et le vent arrivaient derrière moi - du sud-ouest, d'après la position du soleil - et que par conséquent, je ne serais pas repoussé encore davantage vers la haute mer. Et pourtant, peu importait l'endroit o˘ j'irais sombrer, car il me semblait bien que cette aventure finirait ainsi. Le vent et la pluie ne cessaient pas et l'océan continuait à faire danser mon acali, aussi je ne pouvais ni dormir, ni même me reposer et j'étais obligé de vider sans cesse l'eau qui entrait dans le bateau. J'étais si faible que le bol me semblait plus lourd qu'une jarre de pierre. Je finis par sombrer dans une sorte de torpeur et je suis incapable de dire combien de jours et de nuits je passai ainsi à écoper machinalement. Je me souviens néanmoins que, vers la fin, mes mouvements étaient de plus en plus lents et le niveau de l'eau de plus en plus

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