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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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rivage. Autour de moi, dans les eaux tourbillonnantes, des poissons et d'autres créatures marines flottaient à la surface, le ventre en l'air.
    Aux dernières lueurs du jour, je me trouvais exactement entre les deux bras de la baie, trop loin de l'un ou de l'autre, pour y accéder à la nage et au-delà, c'était l'océan sans limites. Il ne me restait qu'à prendre les poissons morts qui flottaient autour de moi et à les entasser dans un coin du bateau. Ensuite, je m'allongeai, la tête sur mon sac trempé et je m'endormis.
    Le lendemain, lorsque je m'éveillai, j'aurais pu croire avoir rêvé tout le chambardement de la veille, si je n'avais tant dérivé que je ne reconnaissais plus la silhouette déchiquetée des montagnes bleu‚tres. Le soleil se levait dans un ciel dégagé, on ne voyait plus ni fumée ni cendres ni aucun autre signe de l'éruption du Tzeboruko parmi les reliefs distants.
    L'océan était aussi calme que le lac Xaltoc‚n un jour d'été. Avec ma topaze, je regardai la terre et je m'aperçus que j'étais pris dans un courant qui m'emportait vers le nord, très loin de la côte.
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    Je tentai de pagayer avec mes mains, mais je dus abandonner rapidement, car soudain, il se produisit un remous et quelque chose vint heurter l'acali si violemment qu'il tangua. Je me penchai et découvris une profonde entaille dans le dur acajou et une nageoire verticale semblable à un bouclier de cuir oblong, qui fendait les eaux. Elle fit deux ou trois fois le tour de mon embarcation et je ne me risquai plus ensuite une seule fois à mettre la main en dehors du canoÎ.
    Voyons, pensai-je, j'ai échappé au volcan et je n'ai plus qu'à craindre d'être avalé par un monstre marin, de mourir de faim et de soif ou de me noyer si la mer se lève. Je songeai alors à quetzalcoatl, l'ancien chef des Tolteca, qui, comme moi, avait dérivé dans l'océan Oriental et qui ensuite était devenu le plus aimé des dieux, adoré par des populations très différentes qui n'avaient que ce culte en commun. La différence avec moi, c'était qu'une foule de sujets avait assisté à son départ et pleuré sa disparition, puis avait informé tout le monde qu'à partir de ce jour, l'homme quetzalcoatl devait être vénéré comme un dieu. Moi, personne ne m'avait vu partir et ne pouvait donc demander qu'on m'élève au rang des divinités. Je résolus, par conséquent, puisque je n'avais aucun espoir de devenir un dieu, de faire tous mes efforts pour rester un homme le plus longtemps possible.
    Sur les vingt-trois poissons que j'avais ramassés, il y en avait dix de comestibles. J'en nettoyai deux avec mon poignard et les mangeai tout crus, ou presque car ils avaient un peu cuit dans le chaudron qu'était devenue la baie. Je vidai et coupai en morceaux les treize poissons que je ne pouvais consommer et, après avoir sorti mon bol de mon sac, je les pressai pour extraire chaque goutte de leur jus. Je glissai ensuite le récipient et les huit autres poissons qui me restaient sous mon sac, pour les mettre à
    l'abri du soleil et le lendemain, je mangeai encore deux poissons relativement frais. Cependant, le troisième jour, il me fallut vraiment faire un effort pour en consommer deux autres ; je les avalai sans les m
    ‚cher tant ils étaient mauvais et visqueux et je jetai le reste par-dessus bord. Après cela, je n'eus rien d'autre, pour me soutenir, que 659
    quelques maigres gorgées de jus de poisson dont j'humectais mes lèvres desséchées.
    C'est aussi, je crois, dans le courant de ce troisième jour que le dernier sommet du Monde Unique disparut à l'horizon. Jamais, je ne m'étais trouvé
    dans une pareille situation et je me demandais si j'allais être rejeté sur l'une de ces îles des Femmes dont parlent les légendes, mais que personne n'a réellement abordées. Il paraît qu'elles sont uniquement habitées par des femmes qui vont chercher les huîtres perlières dans les eaux profondes.
    Ces femmes ne voient des hommes qu'une fois par an quand ils viennent du continent pour échanger des tissus et d'autres marchandises contre ces perles. A cette occasion, elles s'unissent à eux, ne gardant, des enfants nés de ces brefs accouplements, que les filles et noyant les garçons. Je songeais à ce qui m'arriverait si j'échouais sur ces îles. Serais-je immédiatement massacré, ou soumis à un viol collectif ?
    En réalité, ni ces îles mythiques, ni aucune autre n'apparurent et je continuai à dériver lamentablement

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