Furia Azteca
dire vrai, on commençait à se sentir mal à l'aise et à l'étroit dans cette maison, avec l'école de domestiques. Maintenant qu'on est forcé de reconstruire, on va faire deux b‚timents séparés.
- Et en attendant, vous pourrez vous installer ici tous les deux. Je ne vous demande qu'une chose en échange : de servir de parents à Cocôton pendant mon absence. Pouvez-vous être le tête et la tene d'une petite orpheline ?
- Ayyo, quelle idée merveilleuse ! s'écria quequelmiqui.
- Avec plaisir, ajouta Cozcatl. Et même, nous vous en serons reconnaissants. Ce sera la première fois que nous aurons une famille.
- La petite ne pose aucun problème. Turquoise s'occupe de tout. Vous n'aurez qu'à lui donner le réconfort de votre présence... et lui montrer de l'affection de temps en temps.
- Oh, bien s˚r, s'exclama quequelmiqui, les larmes aux yeux.
- J'ai dit à Cocôton, poursuivis-je, que sa tene était partie acheter toutes les choses dont nous avons besoin, elle et moi, pour le long voyage que nous allons entreprendre. Elle s'est contentée de répéter : "Long voyage." Mais ça ne signifie pas grand-chose pour une enfant de cet ‚ge. Si vous lui rappelez de temps à autre que ses parents sont partis dans des pays lointains... je pense
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qu'elle aura pris l'habitude de se passer de sa mère quand je reviendrai et qu'elle ne sera pas trop peinée quand je lui dirai qu'elle n'est pas rentrée avec moi.
- Oui, mais elle sera habituée à nous, m'avertit Cozcatl.
- C'est vrai... et je ne peux qu'espérer qu'à mon retour nous referons connaissance tous les deux. En attendant, je suis s˚r que Cocôton ne manquera de rien et qu'elle sera aimée.
- Oh, oui, me répondit quequelmiqui, en posant sa main sur mon bras. Nous resterons avec elle aussi longtemps qu'il le faudra. Et nous ne la laisserons pas vous oublier, Mixtli. "
Ils me quittèrent pour s'occuper du déménagement des affaires qu'ils avaient pu sauver dans les ruines de leur maison et, le soir même, je préparai un ballot léger et compact pour partir en voyage. Le lendemain matin, j'allai réveiller Cocôton et je lui dis :
" Ta tene m'a demandé de te dire au revoir pour elle, parce que... parce qu'elle ne peut pas laisser les porteurs tout seuls, sinon ils vont se sauver comme des petites souris. Je vais t'embrasser de sa part. «a ressemble à ses baisers, hein ? Et maintenant, Cocôton, prends le baiser de tene et tiens-le dans ta main, comme ça, pour que ton tête puisse t'embrasser à son tour. Voilà. Maintenant, tu les prends tous les deux et tu les serres bien fort dans tes mains pendant que tu t'endors. quand tu te lèveras, tu n'auras qu'à les ranger soigneusement pour nous les rendre quand nous reviendrons.
- Nous reviendrons ", répéta la petite, tout endormie. Elle me sourit du sourire de Zyanya et ferma des yeux semblables aux siens.
En bas, Turquoise renifla et Chanteur …toile se moucha plusieurs fois quand je leur dis adieu et que je les chargeai de s'occuper de la maison. Je leur rappelai que jusqu'à mon retour, ils devraient obéir à Cozcatl et à
quequelmiqui, comme à leurs propres maîtres. Avant de quitter la ville, je passai par la Maison des Pochteca pour y déposer un message à confier à la prochaine caravane en partance vers Tehuantepec. Cette lettre annonçait à
Béu Ribé - de la manière la moins brutale que j'avais 655
pu trouver - la mort de sa sour et les circonstances dans lesquelles elle s'était produite.
L'idée ne m'était pas venue que le commerce mexica avait été
considérablement touché et que mon message mettrait du temps à lui parvenir. Non seulement, l'inondation avait noyé les cultures, mais elle avait envahi les entrepôts. Aussi, pendant de nombreux mois, la t‚che des pochteca et de leurs porteurs consista uniquement à approvisionner la ville sinistrée. Voilà pourquoi Béu n'apprit la mort de sa sour que plus d'un an après.
quant à moi, pendant cette période, je me déplaçai sans cesse, errant comme une touffe de coton au gré des vents, allant là o˘ le paysage me plaisait, là o˘ les méandres d'un chemin m'entraînaient et semblaient me dire : "
Suis-moi, tout de suite après le premier tournant, se trouve le pays du bien-être et de l'oubli. " Mais cet endroit n'existe pas, bien s˚r. On peut aller jusqu'au bout de toutes les routes et jusqu'à la fin de ses jours, nulle part on ne peut déposer ses souvenirs et leur tourner le dos pour toujours.
Il
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