Furia Azteca
dévorer. S'ils tuent leur victime d'abord, ils jugent que sa chevelure n'est pas digne d'être conservée. Ils ne gardent pas les cheveux des femmes qu'ils se contentent de manger après les avoir violées, jusqu'à ce qu'elles soient complètement éventrées. "
Au sud, vivaient des tribus plus pacifiques qui ont le même dialecte et les mêmes coutumes que les Tarahu-mara. La côte ouest est habitée par des pêcheurs qui ne pénètrent presque jamais dans l'intérieur des terres.
Toutes ces peuplades sont, sinon civilisées, du moins propres sur leur personne et dans leurs vêtements. Les seuls qui soient vraiment sales et repoussants sont les Chichimeca qui habitent dans les déserts de l'est.
J'avais la peau aussi br˚lée par le soleil que les Chichimeca et j'étais presque nu. Aux yeux d'un Tarahu-mara, je ne pouvais être qu'un des leurs, particulièrement entreprenant, sans doute, pour avoir osé affronter les sommets. Je pense néanmoins que Tes-disora avait d˚ s'apercevoir, dès notre première rencontre, que je ne sentais pas mauvais. En effet, gr‚ce à l'eau abondante des montagnes, j'avais pu me laver tous les jours, comme le font les Tarahumara. Mais en dépit de mes manières policées et de mon insistance à soutenir que j'étais un Mexicatl et à leur vanter la gloire de cette 666
lointaine nation, je ne suis jamais arrivé à les persuader que je n'étais pas un Chichimeca fuyant son désert.
Peu importe ce qu'ils croyaient, car les Tarahumara me firent bon accueil.
Je m'attardai assez longtemps chez eux, car leur façon de vivre me surprenait et me plaisait. J'y fis un séjour assez prolongé pour arriver à
converser avec eux, avec force gestes de ma part et de la leur. Mais, lors de ma première rencontre avec Tes-disora, tout se passa uniquement par gestes.
Lorsque nous e˚mes échangé nos noms, il mit sa main au-dessus de sa tête -
j'en déduisis qu'il me parlait d'un village - et il déclara, " Guagiiey-bo
" en pointant son index vers le sud. Après m'avoir montré Tonatiuh dans le ciel en l'appelant " Raiénari ", c'est-à-dire le Grand-Père Feu, il me fit comprendre que nous pourrions atteindre le village après une marche de trois soleils. J'exécutai toutes sortes de gestes et de grimaces pour lui exprimer ma gratitude pour son invitation et nous nous mîmes en route. A ma grande surprise, il commença à partir au trot mais, voyant que j'étais fatigué et peu désireux de courir, il ralentit et régla son allure sur la mienne. De toute évidence, il devait toujours se déplacer au pas de course pour franchir les gorges et les sommets, car malgré mes longues jambes, il nous fallut cinq jours et non trois pour arriver à Guagiiey-bo.
Tes-disora me fit comprendre qu'il était chasseur. Je lui demandai alors pourquoi il avait les mains vides. O˘ avait-il laissé ses armes ? En souriant, il me fit signe de m'arrêter et de me tapir dans les broussailles. Au bout d'un petit moment, il me poussa du coude et me montra une forme floue et pommelée qui remuait dans les arbres. Avant que j'aie eu le temps de prendre mon cristal, Tes-disora avait bondi hors de sa cachette comme s'il avait été lui-même une flèche.
Le bois était si touffu que même avec ma topaze, je ne parvenais pas à
suivre tout le déroulement de la " chasse ", mais ce que j'en voyais était suffisant pour me clouer sur place de surprise. La silhouette pommelée était celle d'une jeune biche qui avait pris la fuite presque au même moment o˘ Tes-disora avait bondi à sa
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poursuite. Elle courait vite, mais le jeune homme était encore plus rapide.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il l'avait rattrapée, s'était jeté sur elle et lui avait brisé le cou avec les mains.
Tandis que nous nous régalions avec l'un des cuissots de la bête, je lui exprimais par gestes mon émerveillement pour sa vitesse et son agilité. Il prit un air modeste, en me faisant comprendre qu'il était loin d'être le chasseur le plus adroit des Pieds Rapides, que d'autres lui étaient bien supérieurs et qu'une biche n'était rien en comparaison d'un cerf adulte. Il manifesta, à son tour, un vif étonnement quand j'allumai le feu avec mon cristal ; jamais il n'avait vu un instrument aussi merveilleux dans les mains de ces barbares.
" Mexicatl ! " insistai-je avec un air vexé, mais il continua à hocher la tête. Ensuite, nous arrêt‚mes tous nos discours et nous ne nous servîmes plus de nos mains et
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