Furia Azteca
échoué, mais que les chevaux possédaient le pouvoir d'échapper à ce sortilège. Ensuite, ils s'entendirent secrètement avec les espions qui s'étaient introduits dans l'armée pour qu'ils glissent de la sève de ceiba et des figues de Barbarie dans la nourriture des soldats.
La sève de l'arbre ceiba rend les personnes qui l'ingèrent si affamées qu'elles dévorent goul˚ment tout ce qui leur tombe sous la dent et qu'au bout de quelques jours elles ont tellement engraissé qu'elles ne peuvent plus bouger. C'est du moins ce que prétendent les magiciens, car je n'ai jamais constaté personnellement ce phénomène. En revanche, la tuna a réellement un effet pernicieux, quoique moins spectaculaire. La tuna est ce que vous appelez la figue de barbarie, le fruit du cactus nopalli, et les premiers Espagnols ne savaient pas qu'il fallait le peler soigneusement avant de le manger. Les sorciers s'attendaient donc à ce que les Blancs endurent d'atroces souffrances quand les épines minuscules, mais très acérées de ce fruit leur pénétreraient dans les doigts et dans la langue.
En outre, celui qui a mangé la chair rouge de
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ce fruit a une urine d'un rouge encore plus vif qui peut lui faire croire, s'il n'est pas averti, qu'il est atteint d'une affection mortelle.
Si la sève du ceiba fit grossir les Blancs, ce ne fut pas au point de les immobiliser et s'ils maudirent les épines de tuna, et furent épouvantés d'uriner du sang, cela ne les empêcha pas de continuer à avancer. Il est fort probable que Malintzin leur ait montré la façon de les manger et les ait mis au courant des conséquences et les Espagnols poursuivirent inexorablement leur marche vers l'ouest.
En même temps qu'elles lui avaient appris l'échec des sorciers, les souris avaient apporté à Motecuzoma une nouvelle encore plus inquiétante. L'armée de Cortés était en train de traverser le territoire de tribus de moindre importance, comme les Tepeyahuaca et les Xica, qui s'étaient toujours fait tirer l'oreille pour verser un tribut à la Triple Alliance. Dans chaque village, les recrues totonaca clamaient à la population : " Venez vous joindre à nous ! Ralliez-vous à Cortés ! Il veut nous libérer du joug détesté des Mexica. " Ces tribus avaient fourni de nombreux guerriers et l'armée de Cortés devenait de plus en plus importante.
" Vous avez entendu, Frère Vénéré ! avait éclaté Cuitlahuac. Ces créatures osent se vanter d'être venues pour s'opposer personnellement à vous. Vous avez maintenant toutes les excuses pour fondre sur eux. C'est le moment.
Comme l'a dit le Seigneur Mixtli, ils sont incapables de se défendre dans les montagnes. Vous ne pouvez plus . dire : Attendons !
- J'ai dit attendons ! répliqua Motecuzoma imperturbable. Nous épargnerons ainsi beaucoup de vies humaines.
- Dites-moi, ricana Cuitlahuac, quand donc dans toute cette histoire a-t-on épargné une seule vie ?
- Je voulais dire qu'il est inutile de sacrifier même un seul soldat, répondit Motecuzoma, visiblement ennuyé. Apprends, mon frère, que les étrangers approchent de la frontière orientale de Texcala. Laissons ce pays combattre les envahisseurs et nous en tirerons deux avantages. D'abord, les Blancs seront certainement vain-931
eus et ensuite les Texcalteca seront tellement affaiblis que je pourrai ensuite les attaquer et leur infliger une sévère défaite. De plus, si au cours des opérations nous trouvons des Espagnols survivants, nous leur porterons secours, si bien qu'ils penseront que nous sommes entrés en guerre uniquement pour les défendre et que nous aurons gagné ainsi la reconnaissance de leur roi dont nous pourrons peut-être tirer profit. Pour toutes ces raisons, nous allons continuer à attendre. "
Si Motecuzoma avait fait profiter Xicotenca, le chef de Texcala, de ce qu'il savait des forces et des faiblesses des Blancs, il aurait fait poster ses troupes aux endroits stratégiques des montagnes escarpées du pays.
Malheureusement, Xicotenca le Jeune, le chef des armées, avait choisi de déployer ses hommes sur l'une des rares plaines de Texcala et il s'était préparé à un combat traditionnel, o˘ l'on échange les formalités d'usage avant de se ruer à l'assaut. Xicotenca avait sans doute entendu parler de la puissance plus qu'humaine de ce nouvel ennemi, mais il ignorait certainement qu'il ferait fi de nos conventions et de nos règles de guerre.
Un jour, donc, Certes sortit d'une forêt en bordure
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