Furia Azteca
corps dénudé. Les autres se roulèrent de rire par terre. La malheureuse Don des Dieux se sentit insultée, elle rassembla ses vêtements qu'elle serra autour d'elle, elle s'enfuit en courant et ne revint plus jamais.
Peu de temps après cet incident, quatre autres faits se produisirent l'un après l'autre, si mes souvenirs sont exacts.
D'abord, notre Uey tlatoani, Axayacatl, mourut dans sa prime jeunesse, des conséquences d'une blessure qu'il avait reçue au cours d'une bataille contre les Purépecha. Son frère, Tizoc, Autre Visage, monta sur le trône de Tenochtitlan.
Vint le moment o˘ je terminai ma scolarité en même temps que Tlatli et Chimali. On me considérait maintenant comme " éduqué ".
Il advint également qu'un soir, le gouverneur de notre île envoya un messager chez nous pour me convoquer immédiatement au palais.
Enfin, je fus séparé de Tzitzitlini, ma sour et mon amour.
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Je vais vous raconter tous ces événements en détail et dans l'ordre.
Les changements de chefs n'affectaient pas beaucoup la vie des provinces. A Tenochtitl‚n même, on ne retint pas grand-chose du règne de Tizoc, sauf qu'il continua les travaux de la Grande Pyramide du Cour du Monde Unique, comme l'avaient fait ses deux prédécesseurs. Cependant, Tizoc ajouta sa touche personnelle à la place. Il fit tailler et sculpter la Pierre de la Bataille, gros cylindre plat en pierre volcanique qui fut posé entre la pyramide inachevée et le piédestal de la Pierre du Soleil, comme un énorme tas de tortillas. Cette pierre était presque aussi haute qu'un homme et son diamètre faisait environ six enjambées. Sur le pourtour, il y avait des bas-reliefs représentant des guerriers Mexica avec Tizoc en bonne place au milieu d'eux, combattant et soumettant les ennemis. Le sommet aplati de la pierre servait de plate-forme pour les duels publics, auxquels, beaucoup plus tard et de façon inattendue, j'aurais l'occasion de participer.
Mais en ce temps-là, la chose la plus importante pour moi était la fin de ma période scolaire. Comme je ne faisais pas partie de la noblesse, je n'étais pas destiné à fréquenter un calmecac d'enseignement supérieur.
Ce qui me remplit d'amertume encore davantage, fut que tandis que j'avais soif d'en apprendre plus que ce que pouvait enseigner notre telpochcaltin, mes amis Chi-mali et Tlatli qui se souciaient fort peu d'être savants, furent choisis par des calmecac différents - tous deux à Tenochtitl‚n, endroit o˘ je rêvais d'aller. Au cours des années passées à la Maison de l'…dification de la Force, ils s'étaient distingués comme joueurs de tlachtli et comme apprentis guerriers. De plus, bien que les " gr‚ces "
apprises par les deux garçons dans la Maison des Manières eussent pu faire sourire un noble bien éduqué, ils avaient là aussi brillé en dessinant des décors et des costumes originaux pour les cérémonies des jours de fête.
" quel dommage que tu ne puisses pas venir avec 142
BOUS, la Taupe ", dit Tlatli, sincèrement chagriné, mais pas moins ravi de sa bonne fortune. "Tu irais suivre pour nous les cours ennuyeux, ce qui nous laisserait du temps pour notre travail d'atelier. " r En plus de l'enseignement qu'ils recevaient des prêtes du calmecac, ils seraient tous deux apprentis chez
.des artistes de Tenochtitl‚n ; Tlatli chez un sculpteur et
~Ghimali chez un peintre. Je savais qu'aucun d'eux ne ferait cas des cours d'histoire, de lecture, d'écriture et de calcul, toutes choses qui me tenaient tant à cour. Avant de partir, Chimali me dit : " Voilà un cadeau d'adieu pour toi, la Taupe, mes peintures, mes roseaux et mes pinceaux. En ville, on m'en donnera d'autres ; ils pourront te servir pour t'exercer à
écrire. "
En effet, je poursuivais toujours mon étude solitaire de l'écriture et de la lecture, mais mon espoir d'arriver
"je connaître les mots me semblait de plus en plus lointain et je considérais comme un rêve irréalisable mon départ à Tenochtitl‚n. Mon père, lui aussi, désespérait de me voir devenir un jour un vrai carrier. J'étais trop ‚gé maintenant pour l'emploi de gardien de puits. Depuis quelque temps, je gagnais ma vie et contribuais aux dépenses de la famille en travaillant comme garçon de ferme.
Vous me direz qu'il n'y a rien à Xaltocan qui ressemble à une ferme. La couche de terre arable n'est pas suffisante pour des cultures comme celle du maÔs. A Xaltocan, comme dans les autres communautés
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