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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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que vaille, enfourchèrent leurs chevaux et, suivant Arthur et Gauvain, ils se dirigèrent vers la forteresse de Kamaalot, tout joyeux de l’heureuse conclusion de cette aventure {7} .
    Les premiers à pénétrer dans la grande salle furent Lancelot, Bohort et Lionel. Ils virent que tout était prêt pour le repas et allèrent examiner les sièges de la Table Ronde. Ils trouvèrent écrit sur chacun d’eux : « Ici doit s’asseoir Untel. » Mais, au grand siège qu’on appelait le Siège Périlleux, l’inscription leur parut toute fraîche, qui annonçait : « Quatre cent et cinquante-quatre ans sont accomplis depuis la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Un jour de Pentecôte, ce siège doit trouver son maître. » Aussi, là-dessus, se dirent-ils mutuellement : « Par ma foi, voici encore une merveilleuse aventure ! – Par Dieu tout-puissant ! s’écria Lancelot, j’ai bien l’impression que ce siège sera occupé aujourd’hui même, car c’est la Pentecôte, et quatre cent cinquante-quatre ans ont passé. Mais je crois qu’il vaudrait mieux que personne ne vît cette inscription avant que ne survienne celui qui doit prendre place sur ce siège. » Ses deux cousins en tombèrent d’accord. Ils firent apporter un drap de soie et en recouvrirent le Siège Périlleux.
    Cependant, Arthur était arrivé à son tour, et les chevaliers commençaient à s’asseoir autour de lui. Quand un valet fit irruption, qui, tout essoufflé, déclara : « Seigneur roi ! voici une autre merveille ! – Comment cela ? Quelle merveille ? – Roi, devant la forteresse, sur la rivière qui borde la prairie, nous avons vu flotter une grande dalle de pierre dans laquelle était fichée une épée, et cette dalle s’est échouée sur le rivage. Viens voir toi-même, car c’est assurément une chose bien étrange. »
    Arthur se leva sur-le-champ et sortit de la salle, suivi par tous les compagnons. « Par ma foi ! s’écria Kaï avec mauvaise humeur, il est dit que nous ne mangerons pas aujourd’hui ! » Mais personne ne fit attention à sa remarque et, en arrivant au rivage, chacun put voir le perron de marbre vermeil qu’avaient apporté les flots. Fichée dedans s’admirait une épée belle et riche dont la garde était sertie de pierres précieuses très habilement ouvragées. Enfin, la dalle comportait une inscription gravée en lettres d’or. Les barons l’examinèrent attentivement, et voici ce qu’ils déchiffrèrent : « Nul autre ne m’ôtera d’ici que celui au côté duquel je dois pendre. Et celui-là sera le meilleur chevalier du monde. »
    « Dieu ! murmura le roi, les temps seraient-ils venus ? Je reconnais cette épée. Elle appartenait au chevalier Balin qui, avec son frère Balan, mourut si tragiquement… C’est Merlin lui-même qui a planté cette épée dans le perron et qui m’a raconté toute cette histoire. Ah ! Merlin… C’était bien lui, tout à l’heure dans la forêt, je n’en puis plus douter, et c’est lui qui a amené ce perron ici. » Puis il se tourna vers Lancelot et lui dit : « Seigneur, cette épée te revient si tu veux la prendre, car nul n’ignore que tu es le meilleur chevalier du monde. » L’air très contrarié, Lancelot répliqua d’un ton sévère : « Non, roi Arthur, cette épée ne me revient pas, elle ne sera jamais mienne. Je n’aurai jamais la hardiesse d’y porter la main. Je n’en suis pas digne et serais bien fou d’y prétendre.
    — Ta modestie est à l’image de ta valeur, Lancelot. Mais je te demande, comme on le fait à un ami, d’essayer d’arracher l’épée. Nous verrons bien ce qui arrivera. – Non, s’écria Lancelot. Je ne le ferai pas, même par amitié pour toi. Je sais très bien que ceux qui tenteraient l’épreuve risqueraient de subir grand dommage s’ils y échouaient. – Comment le sais-tu ? demanda le roi. – Je le sais, répondit Lancelot avec obstination. Et je vais te dire encore autre chose, roi Arthur : je veux que tu saches que c’est en ce jour que commenceront les aventures qui mèneront jusqu’aux merveilles du Graal. »
    Quoiqu’il ne fût pas loin de convenir que Lancelot avait raison, Arthur, trouvant les présages encore trop incertains, voulut pousser les choses plus avant. Convaincu qu’il ne viendrait pas à bout de l’entêtement de Lancelot, il s’adressa à Gauvain : « Beau neveu, lui dit-il, essaie de prendre l’épée. – Mon oncle, répondit

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