Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
temps des fêtes approchait à grands pas et que nous étions sur le point de partir en vacances familiales à Hawaï, il a été convenu que je devais me rendre immédiatement à Milwaukee pour subir mon examen médical.
Lâentente, un contrat dâun an, a été signée de 10 décembre et la rencontre de présentation avec les médias locaux sâest déroulée la même journée. Je suis retourné en Arizona immédiatement après afin de poursuivre ma préparation.
Le Rapport Mitchell a finalement été divulgué le 13 décembre. La veille, je mâétais couché la mort dans lââme. Un épisode de ma vie, dont je nâétais pas fier depuis la toute première seconde, était probablement sur le point dâêtre révélé à tout le monde. Mais comment et sous quelles formes ces informations allaient-elles être livrées au public?
Le personnel du sénateur fonctionnait essentiellement par ouï-dire ou par recoupement dâinformations, sans avoir le droit de contraindre des témoins et, la plupart du temps, sans preuve concrète.
Ce jour-là , donc, jâétais au gymnase et je mâentraînais en compagnie de Todd et Casey. Et, comme dâhabitude, tous les écrans plasma de la salle dâentraînement syntonisaient une chaîne sportive spécialisée.
Le rapport devait être rendu public à 14 h, dans moins dâune heure, et toutes sortes de rumeurs circulaient. à peu près tous les amateurs de sport nord-américains attendaient la divulgation du document afin de prendre connaissance de la liste de «coupables» colligée dans le document.
Une bande défilante est ensuite apparue au bas de lâécran. Il sâagissait dâune liste de 60 ou 70 noms parmi lesquels on retrouvait plusieurs joueurs qui étaient ou qui avaient longtemps été associés aux Red Sox. Comme Jason Varitek, Trot Nixon, Nomar Garciaparra ou Johnny Damon.
Comme jâarrivais tout droit de Boston, ces noms avaient particulièrement attiré mon attention. Et jâétais fort étonné. Dans le monde du baseball, les gens savaient que le sénateur Mitchell avait déjà fait partie du bureau de direction des Red Sox. Et cette apparence de conflit dâintérêts rendait peu probable le fait que des joueurs de cette organisation puissent être identifiés dans le rapport final.
Rapidement, cette bande défilante est toutefois disparue de lâécran. Il sâagissait en fait dâune fausse liste qui nâavait rien à voir avec celle que contenait le Rapport Mitchell. Les joueurs mentionnés plus haut nâétaient effectivement pas mentionnés dans le véritable rapport.
Ce sont sans doute les aléas de lâinformation en continu ou instantanée. Pressés de diffuser les dernières nouvelles qui leur tombent sous la main, les journalistes ne prennent pas toujours toutes les précautions nécessaires avant de les publier ou de les mettre en ondes.
On a ensuite annoncé la publication du rapport officiel. Et une autre liste sâest mise à défiler au bas de lâécran. Elle comprenait exactement 89 noms. Dont le mien.
Lâimage est encore gravée dans ma tête. Jâétais en train de mâentraîner, je regardais lâécran et je ne voyais que mon nom. Comme si on avait inséré «Ãric Gagné» entre chacun des 88 autres noms qui figuraient dans le rapport.
â Tabarnac!
Jâétais furieux, confus, ébranlé. Je ne me sentais vraiment pas bien.
Après avoir fixé lâécran pendant de longues secondes, jâai lentement commencé à balayer la salle dâentraînement du regard. Il y avait peut-être 12 ou 15 personnes dans la pièce. Et toutes me regardaient du coin de lâÅil...
â Todd, jâai lâimpression dâêtre devenu un monstre, un bandit.
Quelques instants plus tard, ma photo est apparue en gros plan à lâécran. Exactement comme les évadés de prison que lâon voit dans les films et qui font lâobjet dâun avis de recherche de la part des autorités.
Jâétais maintenant figé, incapable de faire ou de dire quoi que ce soit. Todd, lui, en avait assez vu.
â Viens-tâen, on sâen va.
Câétait une situation
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