Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
extrêmement étrange et gênante. Presque irréelle. Nous nous dirigions vers le vestiaire et je me répétais sans cesse: «Ãa se peut-tu, câlice? Ãa se peut-tu?»
Jâai pris la douche la plus rapide de ma vie et nous nous sommes dirigés vers le club de golf. Jâavais besoin dâun peu de tranquillité. Il fallait que je me remette les idées en place et que je prenne quelques heures pour digérer tout cela.
En arrivant au club de golf, même phénomène. Tout le monde semblait me regarder et me reconnaître. Je commençais à paniquer.
â Sacrament!
Sans compter le fait que depuis lâinstant où le rapport avait été diffusé, mon cellulaire sonnait toutes les cinq secondes.
â Là , Ãric, tu vas fermer ce téléphone sinon tu vas devenir fou. Ãteins-le! mâa ordonné Todd.
Je lâai éteint. Et quand jâessayais de le remettre en fonction, il recommençait à sonner dans la seconde. Ãa nâavait absolument aucun sens. Câétait envahissant, ahurissant. Et je mâinquiétais pour mes proches.
Ma mère, mon père et mon frère ignoraient tout de ma consommation de HGH . Mes amis aussi. Personne ne savait quoi que ce soit. Puis jâai appris que des journalistes faisaient le pied de grue devant la maison de ma mère. Ils y sont restés pendant toute une journée.
Jâai alors téléphoné à ma mère et à mon frère pour leur demander de ne rien dire à qui que ce soit.
â Nâessayez pas de vous porter à ma défense, ne dites rien. Il nây a absolument rien quâon puisse faire.
Je nâai jamais vraiment eu de discussion en profondeur avec mon père au sujet des révélations contenues dans ce rapport. Sans formuler le moindre jugement, dès notre première conversation, il mâa toutefois offert son total soutien.
â Ãric, tu as fait ce que tu avais à faire et tu dois vivre avec les conséquences. Il faut juste que tu saches que tu nâes pas seul. Nous tâaimons et nous te supportons à 100%. Nous savons que tu es quelÂquâun de bien.
Je crois que les choses ont été beaucoup plus difficiles pour ma mère, parce quâelle travaillait auprès du public. Au restaurant, lorsquâelle servait ses clients, elle se faisait parfois lancer des remarques du genre:
â Ton fils a consommé de la drogue, câest un drogué.
Des tas de gens se mettaient soudainement à aborder mes amis et les membres de ma famille pour porter des jugements ou pour donner leur avis sur un sujet dont ils ne connaissaient pas le millième des ramifications. Jâétais désolé de les avoir placés dans une telle situation. Et je le suis encore.
Le lendemain de la publication du rapport, un groupe de journalistes sâest rassemblé devant notre maison de Paradise Valley. Parmi ces quelques dizaines de personnes, il y avait des représentants de divers médias québécois. Je nâétais pas à la maison quand la meute a débarqué. Valérie était affolée lorsquâelle mâa téléphoné pour me prévenir.
Les reporters ont fait du camping devant notre maison pendant quelques jours. Certains me prenaient en filature quand je quittais la maison pour vaquer à mes occupations. Les cameramen et photographes nâavaient pas le droit de poser les pieds sur notre propriété, mais à travers les fenêtres, ils tentaient de capter ce qui se déroulait à lâintérieur de la maison.
Jâétais enragé. Tout cela se déroulait à notre domicile, en présence de nos enfants. Il sâagissait des mêmes médias qui, quelques années plus tôt, me téléphonaient durant la morte-saison et me suppliaient de leur accorder des entrevues. Il sâagissait des mêmes personnes que nous avions accueillies chez nous au Québec, dans notre salon.
Jâai toujours compris que les journalistes avaient un travail à faire. Mais de là à monter la garde devant ma maison, je trouvais quâil y avait vraiment une grosse margeâ¦
Devant tout ce cirque qui ne semblait plus vouloir finir, Valérie et moi avons décidé de ne pas envoyer les enfants à lâécole, de peur quâils soient victimes de remarques blessantes de la part de certains camarades
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