Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
de classe. Ou encore pour éviter que les journalistes profitent de leurs déplacements pour enrichir leur banque dâimages. On ne savait pas jusquâoù ils étaient prêts à aller.
Ma réputation était ternie, les spéculations et les mensonges fusaient de tous les côtés. Les membres de ma famille étaient pris à partie et mes enfants étaient prisonniers de notre maison. Jâen avais plein mon casque. Je regrettais de ne pas avoir suivi ce que mon instinct mâavait dicté dès la diffusion du rapport.
â Val, je convoque une grosse conférence de presse et je vais tout raconter, hostie. Tout, tout, tout! avais-je lancé à mon retour à la maison.
â Si câest ce que tu veux faire, fais-le, avait-elle répondu sur un ton approbateur.
Jâavais honte depuis le tout début de cette histoire de HGH . Je voulais au moins expliquer aux Québécois et aux partisans des Dodgers ce qui sâétait passé, ce que jâavais fait et dans quelles circonstances cela sâétait produit.
Je ne voulais pas que mon nom soit prononcé sur toutes les tribunes comme si jâétais un criminel.
La vague médiatique était tellement forte que jâavais lâimpression que tout le monde me détestait. Jâapprenais le contenu du Rapport Mitchell par bribes et jâavais de la difficulté à recoller plusieurs morceaux du casse-tête. Je ne savais même pas qui était Kirk Radomski, ce revendeur dont on disait quâil mâavait posté des hormones de croissance. Je nâavais même jamais entendu son nom, ni reçu ce fameux paquet.
Ce nâest que par déduction que jâai conclu quâil sâagissait probablement du type avec lequel jâavais brièvement parlé au téléphone, cinq ans auparavant, quand jâétais à bord dâun taxi à New York en compagnie de Paul Lo Duca.
De mon point de vue, il était tout naturel de lever le voile sur ce qui sâétait passé. De tout déballer. Cette démarche ne visait pas à excuser mes gestes, mais plutôt à faire preuve de franchise. Je me disais que cela allait permettre aux gens de se forger une opinion éclairée et quâon allait ensuite nous laisser tranquille, ma famille et moi.
Je voulais simplement pouvoir dire aux gens:
â Je vous ai raconté tout ce que je sais, tout ce que jâai fait. MainÂtenant, laissez-moi en paix, je veux seulement jouer au baseball.
Jâai donc téléphoné à Scott Boras pour lui annoncer la décision que jâavais prise. Il nâétait pas du tout entiché par mon projet. Vraiment pas.
â Non, Ãric. Ce nâest pas une bonne idée dâorganiser une conférence de presse. Ãa ne donnera absolument rien, ça ne tâapportera rien de bon, a-t-il réagi.
â Pourquoi? Explique-toi.
â Câest un dossier très chaud, très médiatisé et très politisé en ce moment, a-t-il renchéri. On ne sait pas quelle direction ça va prendre. Par exemple, ça pourrait possiblement te faire perdre ta Carte verte et le droit de résider aux Ãtats-Unis. On pourrait te renvoyer au Canada. Tes enfants vont à lâécole ici aux Ãtats-Unis. Tu ne veux pas te faire expulser, nâest-ce pas?
â Non.
â Alors ne dis rien. Ne sois pas émotif. Laisse la poussière retomber, a-t-il insisté.
â Es-tu sérieux, Scott? Ces gens peuvent publier mon nom partout et je ne peux pas mâexpliquer? Comment peut-on justifier une chose pareille?
â Ce rapport nâa aucune valeur légale. Si tu ne dis rien, ils ne peuvent rien contre toi, à part le fait dâentacher ta réputation. Sois patient. Tomorrow youâre old news. Today, youâre the news and tomorrow youâre old news. No oneâs gonna care about you tomorrow.
Il nâétait pas question que les choses en restent là . Je ne voulais pas me cacher ni donner lâimpression que je me cachais. Jâai donc demandé à Scott sâil était possible de me faire témoigner devant le Congrès, comme dâautres joueurs lâavaient fait auparavant.
â Je vais y aller et je vais tout leur dire de A à Z! ai-je annoncé.
â Si jamais on te convoque devant le Congrès, câest exactement
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