Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
voulais absolument pas témoigner, parce que je savais quâon allait me demander dâimpliquer ou de dénoncer dâautres joueurs. Et je nâen voyais pas lâutilité.
En mon âme et conscience, je savais comment je mâétais senti quand jâavais consommé des HGH . Je me sentais suffisamment coupable comme ça, je nâavais pas besoin dâassocier dâautres personnes à cette histoire. Bref, je me disais que les enquêteurs pouvaient se foutre mon témoignage là où je pensais. Il sâagissait de mes coéquipiers et il nâétait pas question de les trahir.
Par ailleurs, je trouvais très bizarre que les auteurs du Rapport Mitchell aient offert de biffer mon nom du rapport en échange de ma collaboration.
â Si tu leur parles, ils oublieront peut-être dâinscrire ton nom dans le rapport, mâavait dit Scott.
Je ne savais pas quelles informations ils détenaient à mon sujet. Ãtaient-ils sérieux ou se livraient-ils à une partie de pêche? Allez donc savoir.
Les enquêteurs du Rapport Mitchell sont revenus à la charge en deux ou trois autres occasions pour tenter de me convaincre de les rencontrer.
â Ils veulent te parler. Ils veulent absolument te parler, me disait Scott.
Ces relances ont maintenu mon niveau dâinquiétude, et parfois même de panique, à un niveau passablement élevé jusquâà la fin de la saison. Mais jâai toujours refusé.
Nous sommes rentrés en Arizona le jour de lâHalloween et la publication du Rapport Mitchell était prévue pour la mi-décembre. Jâavais été prévenu que mon nom allait fort probablement figurer dans le rapport, mais je nâavais aucune idée de lâallure ou du ton quâallait prendre ce document.
à ce moment-là , il était difficile dâimaginer que le Rapport Mitchell allait accoler un astérisque auprès de mon nom. Un astérisque qui sâest instantanément incrusté et qui, depuis, ne mâa jamais quitté.
Dans les semaines précédant la publication du rapport, Scott et moi étions en train de négocier un contrat avec les Brewers de Milwaukee, dont la formation était, lentement mais sûrement, en train dâéclore. Les Brewers venaient toutefois de perdre les services de leur closer, Francisco Cordero, qui avait décidé de tenter sa chance sur le marché des joueurs autonomes. Ils avaient donc besoin de quelquâun dâexpérimenté pour faire le travail.
Milwaukee me semblait être une destination parfaite pour connaître un nouveau départ. Lâéquipe promettait dâêtre compétitive et la ville constituait un petit marché sympathique.
La rotation de partants alignait des lanceurs fiables comme Ben Sheets, David Bush et Jeff Suppan. Et parmi les joueurs de position, le jeune premier-but Prince Fielder était encore en pleine ascension. Il venait à peine de sâimmiscer parmi les étoiles du baseball majeur.
Lâenclos des releveurs, lui, regroupait aussi des lanceurs de qualité. Notamment Guillermo Mota, un précieux complice lors de mon séjour à Los Angeles, alors que nous formions le meilleur bullpen des majeures. Le set-up man des Brewers était Derrick Turnbow, un partenaire de golf avec lequel je mâentendais bien. Lâéquipe était aussi en voie dâacquérir les services de Salomon Torres, un vétéran qui venait de connaître plusieurs saisons respectables à Pittsburgh malgré le contexte difficile dans lequel évoluaient les Pirates.
Même sâil sâagissait dâune situation rêvée, les négociations avec les Brewers présentaient un caractère étrange, inhabituel. Le Rapport Mitchell nâavait jamais été évoqué au cours de ces discussions mais je savais que mon nom allait probablement y figurer.
Doug Melvin, le directeur général des Brewers, était-il au courant? Et dans lâhypothèse où il lâignorait, la publication du rapport allait-elle le faire changer dâidée, ou lâinciter à revoir son offre à la baisse?
Je ne lâai jamais su.
Scott et Doug Melvin se sont entendus sur les termes finaux de lâentente le 7 décembre. Le contrat était toutefois conditionnel à ce que je passe mon examen médical avec succès. Comme le
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