Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
reviendrai vous voir si je parviens à retrouver la forme.
Nous nous sommes quittés là -dessus.
Il était désormais très clair que ma carrière allait prendre fin si je ne parvenais pas à changer le cours des choses et à me débarrasser de cette blessure chronique. Pour une fois, jâai donc décidé dâaccorder à mon corps tout le temps dont il avait besoin pour guérir et jâai entrepris un traitement de prolothérapie.
La prolothérapie parvient souvent à soigner des blessures aux ligaments et aux tendons que la physiothérapie et les médicaments traditionnels ne sont pas capables de guérir complètement.
Cette méthode consiste à faire des injections directement dans les tissus blessés. On crée ainsi une nouvelle inflammation, une nouvelle blessure qui se développe dans un environnement contrôlé et qui force le système immunitaire à réagir et à renforcer les ligaments et tendons exactement à lâendroit où ils sont usés.
La prolothérapie se situe aux antipodes des méthodes traditionnellement employées dans le monde du sport professionnel. Pressée par le temps et les exigences de la performance, la médecine du sport professionnel ne vise souvent quâà masquer la douleur pour renvoyer lâathlète blessé sur le terrain le plus rapidement possible.
Ma période de traitements et de repos a duré environ deux mois. Jâai par la suite recommencé à lancer en douceur et les soins quâon mâavait prodigués semblaient avoir donné de bons résultats.
Vers la fin du mois de mai, alors que je disputais une ronde de golf avec des amis dans la région de Montréal, jâai annoncé à mes partenaires de jeu que jâavais décidé de me reconvertir en lanceur partant. Cela mâapparaissait être la seule manière de pouvoir regagner une place dans les majeures.
Câétait une simple question de logique. Depuis 2004 mon corps mâavait clairement exprimé, à maintes reprises, quâil nâétait plus capable de supporter la charge de travail continue et les courtes périodes de récupération qui sont le lot des releveurs. En devenant partant, jâallais dorénavant pouvoir bénéficier de quatre jours dâentraînement et de repos entre chaque départ. Et cela allait fort probablement me permettre dâêtre frais et dispos à chaque fois que jâallais prendre place au monticule.
Aussi, compte tenu de lâexpérience que jâavais acquise dans les majeures, jâétais convaincu de pouvoir me réadapter assez facilement au rôle de lanceur partant.
Mais voilà , je ne voulais pas vraiment procéder à cette transition au sein dâun club-école dâune équipe des ligues majeures. Je cherchais un environnement qui allait me permettre de retrouver la forme à mon rythme, sans avoir à subir la pression des résultats rapides. Je cherchais avant tout à retrouver la forme. Par ailleurs, jâarrivais à la mi-trentaine et jâétais père de famille. Il nâétait donc pas question que je mâinstalle loin de ma femme et de mes enfants pendant des mois. Pas pour jouer dans les mineures en tous cas.
Pendant cette fameuse ronde de golf, par simple curiosité, jâai demandé à lâun de mes amis si les Capitales de Québec attiraient des foules intéressantes. Depuis le départ des Expos, je mâinterrogeais souvent sur la popularité et lâavenir du baseball au Québec.
à mon grand étonnement, mon interlocuteur mâa répondu que la petite équipe de Québec jouait souvent devant des foules de 4 000 spectateurs et quâelle était gérée de manière très professionnelle.
Les Capitales de Québec évoluaient dans la ligue Can-Am et les équipes de cette ligue professionnelle étaient indépendantes, dans le sens où elles nâétaient pas affiliées à des organisations du baseball majeur.
Lâéquipe était alors dirigée par Michel Laplante, un ex-lanceur qui avait connu une carrière pour le moins phénoménale. Originaire de lâAbitibi, Laplante avait pratiqué le tennis durant presque toute son enfance et il nâavait commencé à jouer au baseball quâà lââge de 18 ans. Cela ne lâavait
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