Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
Cette ville compte environ un demi-million dâhabitants. Et tout juste de lâautre côté de la frontière, on retrouve la ville de Juarez, où vivent plus de 1,2 million de personnes.
Lorsque notre équipe jouait à El Paso, il y avait toujours un Mexicain, un homme dââge mûr, qui venait rencontrer certains de nos joueurs. Cet homme était tout le temps au stade et il semblait être ami avec énormément de gens. En tous les cas, tout le monde le connaissait ou le reconnaissait.
Cet amigo assistait à toutes nos parties. Et il mâarrivait même de le voir réapparaître à notre hôtel après les matchs, au volant de sa vieille mini-fourgonnette. Il venait y cueillir des joueurs qui souhaitaient terminer la soirée dans un bar ou dans une boîte de nuit et il les ramenait au bercail à la fin de la soirée.
Quand nous étions de passage à El Paso, quelques coéquipiers venaient parfois me voir, pour me demander:
â As-tu besoin de quelque chose?
Ces deux ou trois joueurs passaient des commandes à leur «ami» mexicain. Ce dernier prenait leur argent et traversait ensuite à Juarez pour acheter les produits convoités par ses clients. Il faisait ensuite le trajet en sens inverse pour compléter ses livraisons.
Les premières fois, je croyais que cet homme procurait seulement des greenies (des amphétamines) à mes coéquipiers. La consommation de greenies était alors solidement ancrée dans les mÅurs du baseball professionnel. Puis jâai commencé à entendre des membres de lâéquipe évoquer des noms de produits dont je nâavais jamais entendu parler auparavant.
Je me souviens clairement de Matt Montgormery, qui était notre closer à lâépoque et qui était originaire de la Californie. Je mâen souviens parce que câétait la première fois de ma vie que jâentendais parler de stéroïdes de vive voix.
â Je vais faire du deca ! Je vais faire du deca et je vais lancer à 100 milles à lâheure, disait-il.
Ce nâest que lors de la rédaction de ce livre, en 2011, que jâai appris que lâexpression deca faisait référence au deca-durabolin, une forme injectable de stéroïdes anabolisants à laquelle les auteurs du Rapport Mitchell ont plusieurs fois fait référence dans leur ouvrage.
Mais à lâépoque, je ne faisais pas attention à ce que disaient mes coéquipiers lorsquâils recevaient leurs commandes. Je ne savais même pas ce quâils recevaient.
Jâétais en train de cheminer de façon assez spectaculaire au sein de lâorganisation des Dodgers à cette époque. Jâétais le meneur de la ligue du Texas au chapitre des retraits au bâton, et je figurais parmi les meilleurs lanceurs dans toutes les catégories statistiques.
Je nâavais même jamais songé à utiliser quoi que ce soit pour améliorer mes performances.
à la fin de cette saison 1999, jâai été rappelé par les Dodgers pour faire mes débuts dans le baseball majeur. Et je nâai été témoin dâaucun incident relié aux produits dopants durant ce court séjour dans les grandes ligues.
En 2000, par contre, alors que je faisais souvent la navette entre le niveau AAA et les majeures, jâai constaté une fois de plus que des produits visant à améliorer les performances étaient utilisés. Et dâaprès ce que jâai vu et entendu cette saison-là , la consommation de ces substances dans le AAA était encore plus répandue quâau niveau AA.
Dans son rapport, le sénateur Mitchell évoque les confidences de Todd Seyler, qui agissait à titre dâentraîneur responsable du conditionnement physique en 1999 et 2000 au sein du club-école AAA des Dodgers, les Dukes dâAlbuquerque.
Seyler y raconte quâavant un match de juillet 1999, les lanceurs Matt Herges, Jeff Williams, Mike Judd et Ricky Stone, ainsi que le receveur Paul Lo Duca et Seyler lui-même, se sont retrouvés dans lâappartement de Stone pour sâinjecter des doses de deca-durabolin.
Lâargent servant à acheter ces doses de stéroïdes avait été collecté par Herges, et Seyler avait compris que leur achat allait être fait par Herges ou par Lo Duca.
Seyler confie par ailleurs que la consommation de
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