Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
comme cela avait été le cas avec les Rangers du Texas en 2007, je savais que jâallais avoir besoin de quelques semaines supplémentaires avant dâêtre prêt à lancer dans les majeures et je nâavais aucune difficulté à accepter cette assignation. Jâétais dâailleurs le premier à vouloir y aller.
Jâai ensuite quitté Torre et je suis rentré à la maison. Les Dodgers mâavaient accordé une pause de 48 heures avant de me rapporter au niveau AAA. Sur le chemin du retour, je pensais à Valérie, qui allait me dire que sa prédiction sâétait réalisée et que deux manches et deux tiers de jeu ne constituaient pas une véritable chance de se faire valoir.
Mais le baseball est ainsi fait. La patience des dirigeants dâune équipe des majeures est proportionnelle au statut du joueur quâils évaluent. à mes premiers pas dans les grandes ligues, je nâavais pour ainsi dire aucune marge de manÅuvre. Chaque sortie au camp dâentraînement était importante et je passais mon temps à surveiller les performances des autres lanceurs de lâorganisation pour tenter de déterminer si jâavais une chance de mériter un poste.
Entre 2003 et 2006, alors que jâétais le releveur numéro un de lâéquipe, câétait totalement lâinverse. Personne ne se souciait de la manière dont je lançais au camp. On sâattendait seulement à ce que je me prépare pour la saison.
Mais jâétais de retour au bas de lâéchelle. La qualité de mes performances et mes résultats dans la Ligue des cactus étaient donc redevenus les critères dâembauche de ceux qui mâévaluaient. Il nây avait rien à y faire.
Jâai passé les deux jours suivants sans toucher à une balle. Et la troisième journée, un peu à froid, je suis revenu au camp et je me suis retrouvé au monticule dans un match de niveau AAA. Les choses ne se sont pas bien déroulées. Jâai accordé trois points en deux manches et je bouillais littéralement de lâintérieur.
Dès que jâai quitté le monticule, le responsable du réseau des ligues mineures de Dodgers, De Jon Watson, est venu à ma rencontre.
â Ãric, rien nâest acquis pour toi ici. Il va falloir que tu gagnes ton poste dans le AAA! mâa-t-il interpellé, dâun ton hautain.
Après avoir fait carrière comme dépisteur chez les Indians de Cleveland et les Reds de Cincinnati, Watson avait été promu chez les Dodgers à titre de directeur responsable du développement des joueurs à la fin du mois dâoctobre 2006. Nous nâavions donc pas eu lâoccasion de nous côtoyer auparavant.
La flèche quâil venait de me lancer était certainement la dernière chose dont jâavais besoin à ce moment-là , quelques secondes après avoir connu une performance décevante. Jâétais furieux. Je trouvais sa démarche irrespectueuse. Et je nâen revenais pas quâil ait senti le besoin de venir me «chercher» de la sorte. Dans le monde du sport, câest bien connu, les conversations qui surviennent «à chaud», dans le feu de lâaction, mènent généralement vers un cul-de-sac.
â Pourquoi me dis-tu ça? Pourquoi penses-tu avoir besoin de me dire une chose pareille? Penses-tu que câest la première fois que je joue au baseball organisé? ai-je répliqué, du tac au tac.
La conversation ne sâengageait pas dans la bonne direction. Et Watson était visiblement mécontent de ma réplique. Avant de tourner les talons, il a cru bon dâajouter:
â En passant, on est dans les mineures ici. Alors on se rase!
La phrase de mon interlocuteur débordait de condescendance. Elle était à peine terminée que des centaines dâimages et de pensées sâentrechoquaient déjà dans ma tête.
Jâétais au camp des ligues mineures dâune organisation pour laquelle jâavais sacrifié ma santé et pour laquelle jâavais tout donné. Et dans un passé encore récent, cette organisation avait fait de ma barbichette et de mes lunettes ses outils de marketing préférés. Les kiosques à souvenirs du Dodger Stadium en étaient remplis.
Entre 2002 et 2006, les fausses lunettes et les fausses
Weitere Kostenlose Bücher