Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
activités auxquelles je pouvais me livrer dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve était assez restreinte. Nâempêche. Il me semblait normal, de temps en temps, de vouloir faire autre chose que des devoirs pour me changer les idées.
Parfois, jâallais donc faire un tour au cinéma. Près de lâécole, dans notre quartier, il y avait une salle qui projetait de vieux films à succès. Le prix dâentrée sâélevait à 1 $. Si je nâavais pas déjà vu le film, je considérais que câétait une très bonne affaire!
Peu à peu, nous avons aussi découvert un autre loisir peu coûteux: le billard. Les tables de billard, toutefois, étaient situées à lâintérieur dâune brasserieâ¦
à cette époque, les lois interdisant aux mineurs de se trouver dans des établissements licenciés nâétaient peut-être pas appliquées aussi rigoureusement quâaujourdâhui. Toujours est-il que le propriétaire de la brasserie nous accueillait comme nâimporte quel autre client. Et il nous vendait de la bière de la même manière quâil en vendait aux professeurs de notre école qui fréquentaient son établissement et qui prenaient parfois place à deux tables de la nôtre!
Je ne suis pas devenu alcoolique et je ne passais pas tous les soirs de la semaine à la brasserie! Toutefois, une fois par semaine, ou une fois aux deux semaines, mes amis et moi allions disputer quelques parties de billard. Et prendre quelques bières.
En additionnant les sorties au cinéma avec les dépenses reliées au billard et à la bière, jâarrivais rapidement au bout des 10 $ dâargent de poche que mes parents me remettaient chaque semaine. Un seul pichet de bière coûtait 11 $. Il me fallait donc plus dâargent.
Je me suis alors dit que la solution à mon problème se trouvait peut-être au dépanneur du coin⦠sur les fiches de paris sportifs Mise-O-Jeu.
Avant 1990, les paris sportifs étaient interdits au Québec. Quand Loto-Québec avait lancé Mise-O-Jeu, lâaffaire avait touché une corde sensible auprès des amateurs de hockey, qui se considéraient généralement comme de grands connaisseurs. Très nombreux étaient ceux qui étaient totalement fascinés par la possibilité de faire de lâargent «facilement» en prédisant les résultats des matchs de la LNH.
Encore là , les lois interdisant aux mineurs de sâadonner aux jeux de hasard nâétaient absolument pas respectées.
Malgré la très grande minceur de mon portefeuille, jâai donc commencé à parier sur les matchs de la LNH. Je misais deux dollars pour en remporter cinq. Quand je gagnais, je mettais de côté mes trois dollars de profit et je misais à nouveau la somme de deux dollars dans lâespoir de remporter un autre billet de 5 $.
Je pariais toujours sur les matchs dont les résultats me semblaient les plus sûrs, même si les cotes étaient plus basses. Et, étonnamment, je gagnais assez souvent. De fil en aiguille, jâen suis venu à passer énormément de temps dans les dépanneurs. Soit pour analyser les grilles de paris, soit pour miser.
La plupart des semaines, je dirais que je mâen sortais avec un profit de 15Â $ ou 20Â $.
Avec le recul, encore aujourdâhui, jâai parfois du mal à croire quâà lââge de 15 ans je vivais en appartement et je faisais des paris sportifs pour payer mes sorties à la brasserie. Ce nâest certainement pas le genre de route qui, normalement, mène au succès. Bien au contraire.
Malgré ces quelques habitudes peu recommandables, mes résultats scolaires demeuraient acceptables et je continuais de mâappliquer à lâentraînement.
Le programme de baseball dâÃdouard-Montpetit était dirigé par Stéphane Lepage, un jeune entraîneur qui comptait à peine deux ou trois années dâexpérience auprès de baseballeurs dâélite. Ce nâest plus le cas aujourdâhui, puisquâil occupe encore ce poste!
Peu de temps après mon passage à cette école, Stéphane a aussi enseigné le baseball à Russell Martin, qui est plus tard devenu notre receveur numéro un chez les Dodgers de Los Angeles. En 2011, Russell est ensuite passé chez
Weitere Kostenlose Bücher