Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
que Valérie et moi ne lâavions jamais vu à cet endroit avant notre dernière visite.
Nous nâen revenions pas. Il nous avait payé quelque chose comme 25 repas, comme ça, simplement parce quâil était un vétéran et que jâétais une recrue. Par solidarité.
Quand je suis allé à sa rencontre pour le remercier (de tout mon cÅur), Mills mâa servi un discours quâil avait de toute évidence entendu, lui aussi, à son arrivée dans les majeures.
â Itâs on me, Eric. Youâre a rookie, you never get your wallet out. You donât even need a wallet.
Câest de cette manière que jâai fait mes premiers pas au sein du Show et que jâai appris à quel point il était important de prendre soin de ses coéquipiers et de donner au suivant. Jâai été chanceux de me retrouver au sein dâun aussi bon groupe de vétérans. Leur philosophie et leur comportement ont fortement influencé mon cheminement en tant quâhomme et en tant quâathlète.
En rentrant au Québec à lâautomne de 1999, jâétais en quelque sorte un homme nouveau. Je ne me considérais plus comme un jeune bras qui cherchait à gravir les échelons de lâorganisation des Dodgers. Je portais désormais lâétiquette dâun jeune lanceur des majeures qui avait des responsabilités et qui allait devoir, quelques mois plus tard au camp dâentraînement, justifier la confiance des dirigeants qui me réservaient un poste au sein de leur prestigieux groupe de partants.
En rentrant au Québec à lâautomne de 1999, jâétais aussi très fier dâavoir foulé les monticules des majeures. Quelques années plus tôt, Baseball-Québec mâavait exclu de son programme dâexcellence, tel un paria, parce jâétais considéré comme un «cas problème».
Dans ma tête, ces 31 jours passés dans les majeures venaient en quelque sorte de clore le débat et de me donner raison. Ceux qui mâavaient jeté par-dessus bord, me disais-je, avaient raté le coche quelque part.
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chapitre 3
Rébellion, bière et compagnie
Dans ma banlieue de Mascouche, jâai vécu une enfance que je considère tout ce quâil y a de plus normale. Mon adolescence, en revanche, fut pas mal moins classique que celle de la plupart des jeunes de mon âge.
Mes parents, mon frère et moi habitions un bungalow de trois chambres dans lâun de ces nouveaux quartiers qui, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, poussaient comme des champignons sur la Rive-Nord de Montréal.
Mon père était chauffeur dâautobus au service des transports de la Ville de Montréal et ma mère était serveuse dans un restaurant. Nous formions donc une famille de la classe moyenne. Mon petit frère Dominic et moi nâavons jamais manqué de rien et nous nâétions ni plus ni moins gâtés que les autres enfants du quartier.
Nos parents étaient par ailleurs assez stricts. Les soirs de semaine quand il y avait de lâécole, nous ne pouvions pas sortir de la maison après 18 h. Nous en profitions alors pour faire nos devoirs ou regarder la télé. Les fins de semaine, par contre, ils étaient pas mal plus permissifs et ils nous laissaient jouer dehors un peu plus tard.
Il mâest arrivé à quelques reprises de me faire interdire dâaller jouer dehors avec mes amis parce que mes résultats scolaires étaient jugés insuffisants ou parce que je nâavais pas été sage. Toutefois, mon père me grondait rarement. Il lui en fallait beaucoup pour se fâcher. Heureusement, parce que lorsquâil sortait de ses gonds, câétait pour vrai! La plupart du temps, je faisais donc en sorte de ne pas le pousser jusquâà la limite. Je nâétais pas un enfant à problèmes.
En ce qui concerne les études, ma mère ne mâa jamais demandé de rapporter des notes de 90% ou 95% à la maison. Peut-être était-ce par réalisme, parce que jâétais un élève moyen. Mais en même temps, Dominic et moi sentions que les études avaient de lâimportance aux yeux de nos parents. Ils nous aidaient à faire nos devoirs et ils insistaient pour que nous réussissions dans chacune de nos matières.
Quand câétait
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