Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
ma vie parce que lâABC avait statué que jâétais un adolescent indiscipliné? Le baseball est un petit milieu où tout le monde se connaît. Cette tache à mon dossier allait-elle refroidir des recruteurs et les convaincre de ne pas me repêcher?
En apprenant ce qui se passait, Lloyd Simmons avait simplement dit:
â Je vais mâoccuper de ça.
Et le lendemain ou le surlendemain, jâavais reçu mon invitation pour le camp dâentraînement de lâéquipe canadienne. Jâimagine que Coach Z avait pris le téléphone et quâil avait discuté avec des gens de Baseball-Canada pour leur expliquer quâil sâagissait à la fois dâune erreur et dâune injustice.
Quoi quâil en soit, sa démarche avait fonctionné. Il ne restait plus quâà voir si les dirigeants de lâéquipe canadienne allaient mâaccorder une vraie chance à ce camp. En tous cas, jâallais avoir lâoccasion de leur montrer ce que je savais faire.
La saison 1995 des Trojans de Seminole a pris fin sur la plus grande scène qui puisse être atteinte par une équipe de baseball collégiale: nous nous sommes qualifiés pour les Junior College World Series, qui étaient disputées à Grand Junction, au Colorado.
Nous nâavons toutefois pas été en mesure de remporter le tournoi.
Durant ses 27 saisons à la barre des Trojans, Lloyd Simmons a mené son équipe jusquâà ce grand tournoi national à 13 reprises.
Et ironiquement, même si aucun entraîneur nâa remporté plus de matchs que lui dans lâhistoire du baseball collégial américain, il sâest incliné en grande finale en quatre occasions et nâa jamais pu réaliser son rêve de remporter le titre.
Il est sans doute la personne qui a exercé le plus dâinfluence sur le déroulement de ma vie.
Â
chapitre 5
Un dépisteur, une poignée de main
Il sâest passé quelque chose dâétrange à la fin de mon séjour à Seminole. Alors que je mâattendais à être convoité par plusieurs organisations et à me faire sélectionner assez tôt au repêchage de 1995, toutes les équipes mâont ignoré.
Comment cela pouvait-il être possible?
Je venais de passer la saison au sein dâun excellent programme de baseball, sous la férule dâun entraîneur qui mâavait inculqué des habitudes de travail solides et qui avait fait de moi un athlète plus complet et, surtout, un bien meilleur lanceur. Jâavais compilé une fiche de 11-2 et une moyenne de points mérités de 3,02. Et jâavais obtenu près de trois retraits sur des prises pour chaque but sur balles accordé.
Comment avait-on pu me repêcher en 1994 et totalement mâignorer lâannée suivante, alors que je mâétais très nettement amélioré?
Je nâen revenais pas.
Jâavais passé toute lâannée à côtoyer et à affronter des joueurs qui avaient été repêchés au cours des dix ou douze premières rondes et, en toute sincérité, jâavais trouvé que très peu dâentre eux mâétaient supérieurs. La situation me semblait invraisemblable. Tout le plan que jâavais échafaudé (être sélectionné assez rapidement, quitter les études et faire le saut chez les professionnels) avait été réduit à néant en lâespace de quelques heures, durant le grand encan amateur de la Major League Baseball.
Dès mon retour à Montréal jâai donc rejoint mon équipe junior, le Royal de Repentigny, en me fixant comme objectif de mériter un poste au sein de lâéquipe du Canada. à défaut de pouvoir accéder aux rangs professionnels, jâallais au moins essayer de participer aux Jeux olympiquesâ¦
Pour mon premier départ avec le Royal, cinq ou six dépisteurs québécois représentant des organisations des ligues majeures sâétaient donné rendez-vous. Certains dâentre eux étaient particulièrement curieux de voir si mon séjour aux Ãtats-Unis avait été bénéfique.
Parmi ce groupe de dépisteurs, il y avait notamment mon ancien entraîneur Alex Agostino (qui faisait depuis peu du recrutement pour les Expos). Il y avait aussi Robert Isabelle des Braves dâAtlanta et Claude
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