Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
Pelletier, des Dodgers de Los Angeles.
Lâinformation ne circulait pas facilement à cette époque. Les recruteurs ne pouvaient puiser leurs informations sur Internet. Ils ne pouvaient non plus sâéchanger de courriels ou de messages textes. Et la téléphonie mobile ne faisait pas encore partie des mÅurs.
Pour suivre la progression dâun joueur évoluant à lâextérieur de leur territoire, chacun devait donc sâen remettre au système de recrutement de son organisation et à ses collègues responsables des autres territoires.
Au cours de lâhiver, Claude Pelletier avait pris la peine de téléphoner à Lloyd Simmons afin de prendre de mes nouvelles. Mais selon Pelletier, Lloyd était resté très vague. Trop vague à son goût. Et le recruteur québécois des Dodgers était resté sur lâimpression que mon entraîneur tentait peut-être de me «cacher», afin de pouvoir me garder à Seminole pour une deuxième saison.
Pelletier avait aussi pris la peine de téléphoner au directeur du recrutement des Dodgers pour lui demander de me suivre à Seminole.
â Ãric Gagné est un lanceur du Québec que jâaime bien. Est-il possible dâenvoyer quelquâun le voir jouer et de me faire parvenir des rapports à son sujet? avait-il demandé.
Il nâavait finalement jamais reçu de rapport.
Chez les Expos, Alex Agostino avait fait exactement le même genre de démarches. Il avait envoyé un rapport à son collègue chargé de superviser le territoire de lâOklahoma et ce dernier lui avait répondu:
â Nous avons de la difficulté à obtenir, de la part de lâentraîneur de Seminole, les dates où Ãric Gagné sera appelé à lancer. En plus, il paraît que Gagné exigerait une somme faramineuse pour quitter ses études sâil était sélectionnéâ¦
Agostino en était donc venu à la conclusion, lui aussi, que coach Simmons nâavait peut-être pas remué ciel et terre pour accroître ma visibilité en vue du repêchage.
Lors de ce premier match à Repentigny donc, Claude Pelletier a constaté que jâavais pris du coffre et que ma balle rapide filait autour de 92-93 milles à lâheure, soit deux ou trois milles à lâheure de plus que la saison précédente. Il était toutefois un peu déçu de constater que je nâavais pas encore développé de changement de vitesse ni de balle courbe, et que je misais encore sur une balle glissante, un lancer qui provoque souvent des blessures au coude.
Après ce match, Pelletier a téléphoné au directeur du recrutement des Dodgers, Terry Reynolds, pour lui faire part de ce quâil avait observé.
â Ãcoute, Terry, câest peut-être un long shot , mais jâai vu les jeunes de notre organisation au camp dâentraînement et jâai vu ceux qui ont participé à la Ligue dâinstruction lâautomne dernier. à mon avis, plusieurs dâentre eux sont moins bons quâÃric Gagnéâ¦
Reynolds était perplexe.
â Claude, on parle ici dâun joueur que toutes les équipes du baseball majeur viennent dâignorer au repêchage. Je ne remets pas en question tes connaissances ou ton évaluation mais il y a quelque chose dâétrange là -dedans.
â Les lanceurs canadiens lancent beaucoup moins que les lanceurs américains. Gagné a un bon bras et en jouant davantage, il ne peut que sâaméliorer. Jâaimerais vraiment obtenir une deuxième opinion à propos de ce joueur. Est-ce que tu serais dâaccord pour envoyer un autre recruteur le voir lancer? a demandé Pelletier.
â Aucun problème! a répondu le directeur du recrutement des Dodgers.
Claude Pelletier avait emprunté un chemin bien particulier pour devenir dépisteur dans le baseball majeur. Il nâétait pas un «homme de baseball» dans le sens classique du terme. Mais il était respecté au sein de lâorganisation des Dodgers. Et lorsquâil faisait des recommandations, ses patrons prenaient la peine de lâécouter.
Grand amateur de baseball, Pelletier faisait auparavant carrière dans un secteur manufacturier relié à lâindustrie minière. Il était basé en Abitibi mais son travail lâemmenait
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