Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
minière et il faisait du recrutement afin dâassouvir sa passion pour le baseball, et non pour joindre les deux bouts. Les autres recruteurs sursautaient toujours un peu lorsquâils le voyaient arriver dans le stationnement dâun stade au volant de sa rutilante Mercedes noire. Il était toujours bien vêtu, presque tiré à quatre épingles. De lâextérieur, il avait davantage lâair dâun cadre supérieur des Dodgers que dâun simple soldat.
Peu de temps après que Pelletier eut vanté mes mérites auprès de son supérieur (et bénéficié dâune oreille favorable), je me suis joint à lâéquipe canadienne, avec laquelle jâai vécu un été extrêmement enrichissant... et parfois rocambolesque.
Nous étions quatre joueurs québécois au sein de cette équipe. Il y avait dâabord Dominic Campeau, mon meilleur ami. Originaire du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, Dominic était notre receveur et nous lâavions surnommé «Bo» â une référence à Bo Jackson â en raison de son physique «statuesque».
Bo avait pris soin de moi du début à la fin de notre séjour avec lâéquipe nationale. Comme les per diem quâon nous versait nâétaient pas suffisants pour assurer notre subsistance, il partageait constamment avec moi lâargent de poche que sa mère lui faisait parvenir, ce qui me permettait de tenir le coup.
Les deux autres Québécois de lâéquipe étaient Benoît Eudes, un grand lanceur gaucher de Laval, et Yan Lagrandeur, un droitier originaire de lâEstrie et qui a plus tard signé un contrat avec lâorganisation des Braves dâAtlanta.
Nous avions dâabord rejoint lâéquipe à Windsor (Ontario), où nous nous étions entraînés pendant quelques semaines. Nous nous étions ensuite rendus en Floride afin dây affronter les équipes nationales des Ãtats-Unis, du Venezuela et de quelques autres pays. Et après notre séjour en Floride, nous étions revenus au Canada pour la phase finale de notre préparation en vue des qualifications olympiques.
Cette phase finale consistait en une vaste tournée pancanadienne qui restera longtemps inscrite dans ma mémoire.
Pour accroître la visibilité de leur programme national, les dirigeants de Baseball-Canada avaient eu lâidée de nous faire disputer des matchs préparatoires dans la plupart des régions du pays. Nous avions ainsi parcouru le Canada en autobus, dâest en ouest, jusquâà Kelowna, en Colombie-Britannique.
La destination finale de cet été de nomades était Edmonton, où allait être disputé le tournoi de qualification olympique.
à chaque jour, nous montions à bord de lâautobus à lâaurore et nous mettions le cap sur une nouvelle destination. Et chaque nouvelle ville apportait son lot de surprises.
En certaines occasions, nous avons affronté des équipes de balle-molle auxquelles nous devions prêter quelques-uns de nos lanceurs, sans quoi il nây aurait pas eu de match. Même quâà un certain moment, nous avons affronté une équipe qui était en partie composée de filles.
à Winnipeg, notre match avait eu lieu sur un terrain de football ceinturé de clôtures temporaires. Et la clôture du champ gauche était située à environ 260 pieds du marbre, ce qui avait donné lieu à un véritable festival de coups de circuit. Puis à Red Deer, nous avons joué contre une équipe qui, visiblement, avait distribué des uniformes à trois ou quatre types, à la hâte, afin de pouvoir compléter un alignement. Il nous est aussi arrivé de débarquer dans une ville et de découvrir que lâéquipe adverse nâétait composée que de quatre ou cinq joueurs. Nous avons alors séparé notre équipe en deux et joué les uns contre les autres.
Nous avons bien sûr affronté plusieurs équipes de fort calibre en cours de route. En Saskatchewan, notamment. Mais dans certains cas, câétait assez «broche à foin», disons quâon avait vu mieux comme préparation en vue dâun grand tournoi international. En fait, il sâagissait davantage dâune tournée promotionnelle que dâune tournée préparatoire.
Malgré cela,
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