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Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Titel: Game Over - L’histoire d’Éric Gagné Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Martin Leclerc
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l’œuvre dans la Ligue d’instruction à l’automne 1995, les dirigeants des Dodgers m’ont directement assigné aux Sand Gnats de Savannah, leur club-école de la Ligue South Atlantic (calibre A), pour entamer la saison 1996.
    Le calendrier de cette ligue comportait 141 matchs. On y retrouvait donc des joueurs qui comptaient une ou deux années d’expérience chez les professionnels. Pour les joueurs de l’organisation des Dodgers, Savannah était en quelque sorte le niveau qui se situait au milieu de la pyramide de développement menant aux les ligues majeures.
    Cette saison-là, notre équipe regorgeait de talent. Elle regroupait 10 joueurs qui sont éventuellement parvenus à atteindre le Show , et nous avons tout balayé sur notre passage. Cette cuvée de joueurs était de toute évidence exceptionnelle et les responsables du réseau de filiales des Dodgers ont tout mis en œuvre, lors des saisons suivantes, pour favoriser la progression et le développement des membres de notre équipe.
    Parmi les joueurs avec lesquels je me suis lié d’amitié à Savannah, il y avait Adrian Beltre, un troisième-but originaire de la République dominicaine qui n’était âgé que de 17 ans, mais dont le fabuleux talent sautait aux yeux.
    Beltre était timide et il ne parlait pas beaucoup l’anglais. Dans son regard, je percevais parfois le même isolement que j’avais ressenti quand j’étais arrivé à Seminole, presque au même âge. Il s’agissait peut-être d’un réflexe normal mais j’étais naturellement porté à nouer des liens avec les joueurs qui vivaient des situations semblables à la mienne.
    Je me suis lié d’amitié avec un grand nombre de Dominicains au cours de ma carrière. Et plusieurs d’entre eux étaient des joueurs qui éprouvaient de la difficulté à s’intégrer au sein du groupe à cause de la barrière de la langue.
    Contrairement à la majorité des organisations de la MLB, les Dodgers investissaient beaucoup d’argent et consacraient beaucoup de ressources au recrutement de joueurs sur la scène internationale. J’ai donc cheminé chez les professionnels en côtoyant des Dominicains, des Mexicains, des Vénézuéliens, des Japonais et même des Australiens.
    J’ai adoré vivre au milieu de ce véritable melting pot , qui m’a permis de découvrir d’autres horizons et d’autres cultures. Il y avait naturellement des petits groupes ethniques qui se formaient au sein des équipes et j’aimais bien cet environnement. Pour ma part, en tant que Blanc francophone, j’étais pas mal seul sur mon île…
    Ã€ mon sens, il était normal que les Dominicains, qui éprouvaient souvent des problèmes d’adaptation, se regroupent, vivent ensemble et tentent de s’entraider. Les Québécois ne font-ils pas la même chose au hockey?
    Adrian Beltre et moi nous sommes suivis au sein de l’organisation des Dodgers jusqu’aux ligues majeures, où il est devenu un joueur étoile. Il l’est encore aujourd’hui, en fait.
    J’ai aussi développé une grande amitié avec Luke Prokopec, un lanceur australien qui s’est également hissé jusqu’aux grandes ligues.
    Encore une fois, la situation de Luke ressemblait un peu à la mienne. Il provenait d’un milieu où l’on développait bien peu de joueurs de baseball. Et, par conséquent, il se sentait un peu isolé. Ce qui était comique dans son cas, c’est qu’il était anglophone mais qu’il devait aussi combattre une sorte de barrière linguistique. À cause de son fort accent, peu de gens comprenaient ce qu’il disait!
    Prokopec était un vrai bon gars et les choses ont rapidement cliqué entre nous. Nous avons d’ailleurs partagé le même appartement pendant plusieurs années et nous sommes restés colocataires jusqu’à nos premières saisons dans l’uniforme des Dodgers. Il est l’une des personnes qui m’ont le plus aidé à m’adapter à la vie des ligues mineures et à m’y sentir à l’aise.
    Lors de cette première année chez les pros à Savannah, Luke et moi vivions avec six autres joueurs dans un appartement de trois chambres. Il y avait deux

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