Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
portes de lâhôtel, Richard y est allé dâune dernière mise en garde.
â Ãcoute, Ãric, tu ne signes pas. On va aller là -haut et tu ne signes pas. Nous allons écouter, je vais traduire ce que Chapman va dire mais tu diras que tu ne veux pas signer le contrat et que tu préfères attendre. Es-tu dâaccord avec ça?
â Euh, ouiâ¦
Peu après nous avoir accueillis dans sa chambre, Chapman a posé le contrat des Dodgers et un stylo sur la table.
â Il ne veut pas signer le contrat, a alors annoncé Richard avec son fort accent québécois.
Chapman était furieux.
â Comment ça, il ne veut pas signer? Et quel est ton rôle au juste? Es-tu son agent?
â Nous sommes sur le point de jouer dans le tournoi de qualification olympique et Ãric estime que ce serait préférable dâattendre, a répondu Ãmond.
â Câest pas sérieux! On ne peut pas négocier de cette manière! Comment Ãric peut-il se présenter ici et dire quâil ne veut pas signer alors quâil a promis à Claude Pelletier quâil allait le faire si nous lui obtenions le montant qui avait été convenu?
Pour Ãmond, le chat venait de sortir du sac. Jâavais bel et bien promis que jâallais signer ce contrat. Mais jâétais ébranlé par la manière dont les entraîneurs de lâéquipe canadienne mâavaient présenté la situation. Je me demandais si je ne mâétais pas commis trop rapidement et si mon empressement et ma naïveté allaient effectivement me faire perdre une grosse somme.
Depuis le début, je voulais signer ce contrat et jâavais seulement demandé à Richard de mâaccompagner pour mâassurer que tout ce que jâavais négocié figurait bel et bien dans le document. Mais je me sentais maintenant pris entre deux feux, incapable de déterminer qui, entre mes entraîneurs et les Dodgers, avait raison ou tort.
Richard et moi nous sommes alors mis à discuter en français, en présence de Chapman, pour tenter de clarifier la situation. Et Chapman, même sâil comprenait partiellement ce que nous disions, faisait mine de ne rien saisir.
Ãa faisait près de deux heures que nous étions dans la chambre et lâimpasse persistait. à bout de patience, le recruteur des Dodgers sâest emparé du téléphone et il a composé le numéro de Claude Pelletier. Après avoir brièvement échangé avec son collègue, il mâa tendu le récepteur.
â Ãcoute, Ãric, quand deux hommes se donnent la main il faut quâils se respectent. Si tu es un homme respectueux, tu vas reconnaître que nous nous sommes serré la main en nous disant que nous allions signer ce contrat ensemble, a fait valoir Claude. Nous nous sommes serré la main à North Bay, nâest-ce pas? a-t-il ajouté.
â Oui, ai-je répondu. Signons ce contrat.
Le simple fait dâavoir pu reparler à Claude Pelletier avant de signer mâavait rassuré. Nous avions une bonne relation tous les deux et il mâinspirait confiance.
Je nâai dâailleurs jamais regretté dâavoir conclu cette entente avec lui. à compter de cette signature, Claude est en quelque sorte devenu mon ange-gardien au sein de lâorganisation des Dodgers. Il sâest dâabord assuré dâouvrir les bonnes portes afin que ma carrière puisse débuter sur des bases solides. Et puis, il nâa jamais cessé de mâencourager et de me conseiller jusquâà ce que je finisse par mâétablir dans les majeures.
Dès la conclusion de notre entente, Claude sâétait donné pour mission de me faire participer aux activités de la Ligue dâinstruction (Instructional League) au cours de lâautomne.
La Ligue dâinstruction nâest pas une ligue de baseball proprement dite. Câest plutôt une sorte de camp automnal qui dure environ trois semaines et qui permet à tous les entraîneurs de lâorganisation de se familiariser avec les meilleurs jeunes joueurs qui chemineront au sein du réseau de filiales la saison suivante.
Pour les joueurs, il sâagit aussi dâun précieux stage de perfectionnement. Durant ces trois semaines, tous les matins, les joueurs doivent se présenter sur le terrain dès 7 h 30 pour parfaire
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