Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
sur la balle, qui était particulièrement détendue.
Bref, en faisant un amalgame des conseils donnés par Ed Correa et Pedro Martinez, il en a résulté un lancer dévastateur. La balle, en plus de perdre de la vitesse, tombait tel un objet inanimé juste avant dâatteindre le marbre.
à mes plus belles années, ce lancer était quasiment impossible à frapper.
Ma blessure me faisait souffrir mais, comme jâétais partant, je ne lançais quâaux cinq jours. Entre deux départs, jâessayais donc de préserver mes énergies. Je mâabstenais de lancer à lâentraînement de façon à pouvoir gravir le monticule quand mon tour dans la rotation survenait.
Ed Correa savait que jâétais blessé mais je crois quâil appréciait mon cran. Il répétait à qui voulait lâentendre que jâallais assurément atteindre les majeures.
Grâce aux enseignements de Correa, et malgré ma blessure, je suis parvenu à mâajuster et à trouver le moyen de remporter des matchs. Parce que jâétais incapable de lancer avec force, je nâavais pas le choix de miser sur ma précision, ma courbe, ma glissante et mon changement de vitesse pour survivre.
Malgré mon début de saison pénible, jâai terminé le calendrier avec une fiche de 7-6 et les Dodgers mâont récompensé en me renvoyant dans la Ligue dâinstruction à lâautomne.
Quand la morte-saison est finalement arrivée, je me suis dit que deux mois de repos allaient me permettre de guérir et de revenir en force. Et quand je me suis présenté au camp dâentraînement en 1997, jâai tout de suite été assigné au club-école de Vero Beach, qui évoluait dans la Florida State League.
La Ligue de la Floride était une ligue de calibre «A fort». Et le calibre «A fort» était en quelque sorte le dernier palier avant dâatteindre le niveau AA et de figurer parmi les jeunes espoirs que lâorganisation destinait aux ligues majeures.
Au cours dâun match préparatoire, Claude Pelletier était posté derrière le marbre avec son lecteur radar. Il avait entendu de bons commentaires à mon sujet et il était venu me voir jouer afin de pouvoir juger lui-même de ma progression.
Sauf que le radar nâindiquait rien de bon. Et Claude sâinquiétait de me voir secouer mon bras droit entre chaque lancer. Après ma présence au monticule, il sâest tout de suite dirigé vers Ed Correa.
â Ed, il y a quelque chose qui ne va pas avec Gagné. Ses lancers ont perdu beaucoup de vélocité.
Comme dâhabitude, je suis rentré au vestiaire afin dâimmobiliser mon bras dans la glace. Mon coude était presque entièrement bleu. Puis un entraîneur est arrivé et il mâa demandé pourquoi mon bras était dans un tel état.
â Ãa fait six mois que mon bras est comme ça. Mon coude est tout engourdi et je nâai pas de force. Je nâai aucune idée de ce que câest parce que je nâai jamais rien eu de tel auparavant. Mais le soigneur mâa dit que je devais apprendre à lancer malgré la douleur.
Le soigneur qui avait établi ce diagnostic, mâa-t-on raconté, a été congédié sur-le-champ. Et les Dodgers mâont immédiatement soumis à une imagerie par résonance magnétique, ce qui nâavait jamais été fait.
Lâexamen a révélé quâun ligament de mon coude droit, le ligament collatéral ulnaire, était foutu. à défaut de subir une greffe â la fameuse opération à la Tommy John â, ma carrière était finie. Et si jâacceptais de subir cette opération, il fallait envisager une période de rééducation qui allait sâétaler sur un an. Peut-être même 18 mois.
Je nâétais pas vraiment du genre à faire des plans à long terme, ni même à faire des plans tout court. Mais soudainement, lâavenir me semblait tout embrouillé. Jâai donc téléphoné à Claude pour lui annoncer la nouvelle et pour trouver un peu de réconfort.
â Est-ce que tu crois que ma carrière est en jeu? Est-ce que je vais me remettre de ça? lui ai-je demandé.
â Ta carrière nâest pas terminée, Ãric! Au contraire, les lanceurs qui
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