Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
différents aspects de leur jeu. Et en fin de journée, ils sont appelés à mettre leurs apprentissages en application dans des matchs.
Ces trois semaines sont assez exigeantes. Elles permettent à la fois aux joueurs de se développer et aux entraîneurs de jauger leurs habitudes de travail. Untel est-il un type agréable à côtoyer? Est-il travaillant? Est-ce quâil se lève en retard le matin? Et que fait-il de ses soirées? Se repose-t-il en prévision du lendemain, ou préfère-t-il faire la fête?
Claude Pelletier tenait donc à me faire connaître auprès de tous les entraîneurs de lâorganisation. Câétait son plan. Il avait compris que les entraîneurs sont des humains, en ce sens quâils préfèrent travailler avec des joueurs qui leur sont familiers et dont ils reconnaissent le potentiel.
Et il sâest bien débrouillé pour mettre son plan à exécution puisque les premiers entraîneurs de lâorganisation qui mâont vu lancer étaient Tommy Lasorda et son entraîneur des lanceurs, Dave Wallace!
Peu de temps après la signature de mon contrat, vers la fin dâaoût 1995, jâétais toujours à Montréal en attente de mon visa de travail américain. Et les Dodgers sâemmenaient en ville pour disputer une série de trois matchs contre les Expos.
Claude a logé un appel à son patron pour savoir sâil était possible de me faire lancer sur les lignes de côté avant la partie.
â Pas de problème, a-t-il répondu.
Je me suis donc présenté au Stade olympique, où jâai enfilé un uniforme des Dodgers pour la première fois, avant de lancer sous la supervision de Lasorda et Wallace.
Tous les journalistes affectés à la couverture des Dodgers et des Expos étaient présents. Câétait un stunt promotionnel parfait. Et Tommy Lasorda, qui possédait un sens inné du spectacle, semblait particulièrement savourer le moment.
â Nous avons ici un futur lanceur des ligues majeures! sâest-il exclamé lorsque jâai effectué mes premiers lancers.
Bien des années plus tard, jâai appris quâil disait cela de tous les jeunes joueurs quâil voyait à lâÅuvre. Il était ainsi certain de ne jamais se tromper.
à un certain moment, Lasorda sâest adressé à Dave Wallace:
â Hey Dave! Show this kid how to throw a goddamn curve! This sliderâs gonna hurt his arm .
Wallace sâest exécuté et jâai ensuite lancé une courbe en exécutant du mieux que je le pouvais les consignes quâil mâavait transmises. Ma courbe était plutôt flottante. Une courbe de débutant qui avait encore beaucoup à apprendre.
Lasorda sâest alors époumoné:
â Oh Dave! Yo! This kid is learning very quick!
Les journalistes étaient ravis.
Juste avant cette série de matchs des Dodgers à Montréal, Claude Pelletier avait reçu un message de Charlie Blaine, qui était le directeur du développement des joueurs chez les Dodgers.
«Cette année, nous ne récompenserons que les joueurs qui ont connu une bonne saison au sein de nos différents clubs-écoles. Ce sont les seuls joueurs qui participeront aux activités de la Ligue dâinstruction», disait le message.
Immédiatement après ma prestation sur le monticule dâexercice, Claude est donc allé faire un brin de jasette au bureau de Lasorda, dans le vestiaire des visiteurs.
â Câest vraiment dommage, ce message que vient de nous envoyer Charlie Blaine, a-t-il lancé au gérant des Dodgers après avoir échangé quelques politesses.
â De quel message parles-tu?
Claude lui a expliqué que la politique établie par Blaine allait mâempêcher de participer à la Ligue dâinstruction.
â Laisse-moi ça entre les mains, a répondu Lasorda.
Deux jours plus tard, Claude Pelletier recevait un autre message de la part de Charlie Blaine.
«Il y aura une exception en ce qui concerne notre liste de joueurs invités à la Ligue dâinstruction. Ãric Gagné fera partie du groupe.»
Â
chapitre 6
Un coude, une femme, les ligues mineures
Le scénario quâavait imaginé Claude Pelletier sâest déroulé exactement comme prévu.
Après mâavoir vu Ã
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