Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
jâavais terminé la saison 1998.
Jâétais content de mon sort. La plupart des villes qui abritent des équipes de niveau AA sont des localités où il nây a pas grand-chose à faire. Lâéquipe de baseball est souvent la plus grande attraction de la région.
Mais San Antonio était différente. Aujourdâhui considérée comme la septième plus grande ville des Ãtats-Unis, située au centre-sud du Texas, San Antonio aurait aussi bien pu être le domicile dâune équipe du baseball majeur.
Dâailleurs, on y retrouve une équipe de basketball de la NBA, les Spurs, depuis le début des années 1970.
Il était agréable de vivre à San Antonio. Et le River Walk, cette promenade où sont établis nombre de bars et de bons restaurants, était particulièrement agréable à fréquenter.
Quand les dirigeants des Dodgers mâont indiqué le chemin de San Antonio, je suis monté à bord dâun avion avec mes coéquipiers. Mon frère et Valérie sont remontés à bord de ma vieille Cutlass noire (et dépourvue dâair conditionné) pour venir me rejoindre au Texas.
â Heureusement, votre trajet ne sera pas très long. San Antonio est à environ six heures de route, les avais-je assurés avant de partir.
Mes notions de géographie étaient toutefois déficientes. Il leur avait fallu 16 ou 17 heures avant de parvenir à destination!
Aussitôt arrivés sur place, nous nous sommes mis à la recherche dâun appartement. Il était déjà convenu que nous allions habiter avec Luke Prokopec. Nous avons finalement opté pour un complexe de condos où la plupart des joueurs de lâéquipe habitaient.
Lâendroit était tout à fait correct. Notre appartement était équipé dâun barbecue et il y avait une piscine autour de laquelle les familles se réunissaient. Quelques-uns de nos coéquipiers avaient des enfants. Lâambiance était agréable. En plus, nous nâhabitions quâà une vingtaine de minutes du stade.
Cette saison-là , le calendrier de notre équipe débutait avec un séjour de trois semaines sur la route. Valérie a donc découvert assez rapidement en quoi consistait la vie dâune femme de baseballeur professionnel.
Quand nous avons entrepris ce premier voyage, elle ne connaissait personne. Mais une à une, les femmes des autres joueurs étaient venues se présenter à elle, quitte à communiquer à lâaide de signes lorsque la barrière de la langue sâinterposait. Lâépouse dâun de mes coéquipiers vivait exactement la même situation, sauf quâelle était unilingue espagnole.
Très rapidement, des liens se sont tissés au sein du groupe. à chaque soir de match, sept ou huit conjointes se réunissaient dans le même appartement (souvent dans le nôtre) pour écouter le match à la radio.
Valérie sâinstallait alors avec sa feuille de pointage et elle marquait chaque rencontre dans les moindres détails. Quand je revenais à la maison, je savais exactement combien jâavais lancé de balles et de prises!
Avant le match, nos conjointes passaient faire des emplettes à lâépicerie et elles se préparaient un modeste souper communautaire. La vie des ligues mineures nâavait vraiment pas beaucoup de luxe à offrir.
Parfois, pour briser la routine, nos femmes se regroupaient et faisaient le décompte de toute la monnaie dont elles disposaient. Et si le nombre de pièces de 25 cents était suffisant, elles sâoffraient un repas chez McDonaldâsâ¦
Ce rythme de vie â et ces budgets très serrés â était toutefois compensé par un fort sentiment dâappartenance à lâéquipe et par lâesprit de camaraderie qui unissait les joueurs et leurs familles.
Quand lâéquipe était en ville, Valérie mâaccompagnait à tous les matchs. Nous allions nous entraîner ensemble le matin, puis nous allions au match durant la soirée. Elle vivait comme moi au rythme de lâéquipe.
Assez tôt durant la saison il sâest produit un événement, à la fois banal et magique, qui a changé le cours de ma carrière et sans doute le cours de ma vie.
Nous étions en train de nous entraîner sur le terrain et je
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